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2 novembre, 2024 - 12:50:08
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Guerre au Nord-Kivu : MSF plaide pour la sécurisation des patients et du personnel médical

Préoccupée par un afflux massif de blessés de guerre, et des milliers de personnes fuyant les affrontements, l’ONG Médecins Sans Frontières (MSF) appelle de toute urgence toutes les parties au conflit à assurer la sécurité des patients, du personnel médical et des structures de santé.

Les structures médicales soutenues par l’organisation médicale internationale Médecins Sans Frontières (MSF) au Nord-Kivu ont reçu ces derniers jours un afflux massif de blessés de guerre, et au même moment des milliers de personnes qui fuient les dernières vagues d’affrontements armés dans cette province de l’Est de la République démocratique du Congo.

Dans un communiqué de presse parvenu, jeudi 8 février, à la rédaction d’Infos27, l’ONG MSF se dit inquiète du fait que les civils et les structures médicales se sont retrouvés pris au piège de ces combats. Raison pour laquelle, elle appelle de toute urgence toutes les parties au conflit à assurer la sécurité des patients, du personnel médical et des structures de santé, ainsi que la protection des civils et un accès sans entrave aux organisations humanitaires.

Depuis le 22 janvier, environ 10.000 personnes ont fui leur domicile et se sont réfugiées au sein de l’hôpital général de référence de Mweso, dans le territoire de Masisi, à la suite d’une nouvelle explosion des affrontements entre groupes armés dans cette zone.

En janvier, principalement au cours des deux dernières semaines du mois, les équipes médicales de MSF et du ministère de la Santé ont soigné 67 blessés de guerre, principalement pour des blessures par balle ou causées par des explosions. Plus d’une cinquantaine de ces patients étaient des civils, parmi lesquels 21 enfants de moins de 15 ans. En outre, pour les personnes ayant trouvé refuge dans l’hôpital, les équipes ont apporté un soutien psychologique, distribué des abris temporaires, du savon et des filtres à eau.

Avec l’intensification des combats à Mweso ces derniers jours, de nombreuses personnes réfugiées à l’hôpital ont fui vers Kitshanga, Katsiru, Nyanzale, Pinga, Kalembe et Kashunga. Cependant, au moins 2.500 personnes, dont des mineurs ayant perdu leurs parents, continuent de trouver refuge dans l’enceinte de l’hôpital.

« La situation est extrêmement préoccupante. L’hôpital est débordé, avec des milliers de personnes entassées à l’intérieur, essayant de trouver une certaine protection contre les combats. Avec le ministère de la Santé, nous faisons de notre mieux pour fournir des soins à tout le monde, mais nous n’avons pas assez de produits de première nécessité comme de la nourriture », explique Çaglar Tahiroglu, coordinatrice de projet MSF à Mweso.

Le conflit s’étend au sud

Au Sud-Kivu voisin, où près de 155.000 personnes ont été déplacées depuis décembre 2022.

Selon l’Organisation des Nations unies, les récents affrontements ont provoqué une nouvelle vague de déplacements, avec plusieurs milliers de personnes paniquées qui sont arrivées ces derniers jours dans la ville frontalière de Bweremana et, plus au sud, à Minova.

À l’hôpital général de référence de Minova, appuyé par MSF, le personnel médical a soigné une trentaine de blessés entre le 2 et le 6 février, dont quatre enfants, dix femmes et douze patients nécessitant une intervention chirurgicale.

La route entre Goma, chef-lieu du Nord-Kivu, et le village de Shasha, 27 km plus à l’ouest, étant actuellement inaccessible en raison des combats, les patients des centres de santé de cette zone sont référés au Sud-Kivu vers l’hôpital général de référence de Minova et d’autres structures de soins du Sud-Kivu. Ces structures se retrouvent débordées de patients, dont un grand nombre de victimes de violences sexuelles.

« Aujourd’hui, les structures de santé de la zone de santé de Minova sont débordées et font face à des pénuries de médicaments essentiels pour traiter les pathologies courantes telles que le paludisme, les maladies diarrhéiques, la malnutrition et les infections respiratoires », explique Rabia Ben Alí, coordinatrice de l’équipe d’urgence de MSF au Sud-Kivu.

A l’en croire, « Au cours des quatre dernières semaines, nous avons vu doubler le nombre de cas hebdomadaires de violence sexuelle pris en charge à l’hôpital de Minova ».

Pris entre deux feux

À mesure que les combats s’intensifiaient et s’approchaient des villes de Mweso et de Minova, la sécurité des civils, du personnel médical et des patients a été de plus en plus compromise.

Dans le centre-ville de Mweso, plusieurs maisons ont été touchées par des explosifs, tuant des civils. Au cours de la seule semaine du 22 janvier, on estime que 20 civils ont été tués, dont un enfant, et que 41 autres ont été blessés. Le 2 février, la zone située entre l’hôpital de Mweso et la base de MSF a été touchée par un explosif et, une semaine plus tôt, des balles provenant de tirs croisés ont touché la base de MSF et l’hôpital de Mweso, blessant un personnel soignant.

Inquiète pour la sécurité de ses équipes, MSF a décidé de relocaliser temporairement une partie de son personnel de Mweso et de Minova.

« Nous continuons à fournir un soutien la plupart du temps à distance, à l’hôpital de Mweso, ainsi qu’à neuf autres structures de santé dans la zone », explique Çaglar Tahiroglu.

« Les équipes de MSF y retourneront dès que la situation sécuritaire le permettra. Nous ne pouvons fournir de soins dans les conditions actuelles, car les structures de soins ne sont pas protégées et les équipes médiales sont prises entre deux feux.»

Depuis mars 2022, la recrudescence des affrontements armés dans la province du Nord-Kivu, liée à la résurgence du mouvement terroriste M23, a contraint plus d’un million de personnes à fuir leur foyer et provoqué un désastre humanitaire dans une province déjà dévastée par plus de 30 ans de conflits armés répétés et de déplacements massifs.

Dans la province du Sud-Kivu, les équipes MSF de Minova ont répondu aux conséquences du conflit au Nord-Kivu au cours du premier semestre 2023 et, suite à une détérioration de la situation, une nouvelle intervention a débuté en décembre dans neuf sites de personnes déplacées.

Lucie Ngusi

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