Face aux accusations du vice-ministre de la Justice, le Conseil Supérieur de la Magistrature (CSM) a fermement rejeté toute responsabilité dans la tentative d’évasion à la prison de Makala. Le CSM défend la légitimité des détentions préventives, justifiées par la situation sécuritaire à Kinshasa, et met en garde contre toute remise en cause du pouvoir des magistrats. Selon l’institution, affaiblir leur rôle risquerait de compromettre l’État de droit et d’encourager l’anarchie. Le CSM souligne enfin l’importance d’un dialogue constructif avec le ministère pour gérer les enjeux de la justice.
C’est un véritable bras de fer qui s’est ouvert entre les magistrats et le vice-ministre de la Justice, Samuel Mbemba, à la suite de la tragédie survenue à la prison de Makala. Cet événement, qui a entraîné la mort de 129 personnes (bilan provisoire), a rapidement déclenché des tensions lorsque le vice-ministre a pointé du doigt les magistrats, les tenant responsables de cette tentative d’évasion. À peine quelques heures après les faits, sans qu’une enquête approfondie n’ait encore été menée, il annonçait un bilan initial de deux morts, des chiffres qui se sont avérés bien en deçà de la réalité tragique, révélée plus tard par la commission gouvernementale chargée de faire la lumière sur cet incident.
Le mercredi 4 septembre, le Conseil Supérieur de la Magistrature (CSM) s’est réuni à Kinshasa sous la présidence de Dieudonné Kamuleta Badibanga, pour une séance plénière au cours de laquelle les magistrats ont fermement rejeté les accusations du vice-ministre. Dans un communiqué lu par le premier vice-président du bureau, Jean Paul Mukolo Nkokesha, Procureur général près la Cour constitutionnelle, le CSM a tenu à clarifier plusieurs points cruciaux concernant cette tentative d’évasion, survenue dans la nuit du 1er au 2 septembre, ainsi que sur la note circulaire émise par le vice-ministre interdisant le transfèrement des détenus préventifs vers les prisons de Makala et de Ndolo.
Le bureau du CSM a rappelé que la prison de Makala, construite en 1957 pour accueillir 1 500 détenus, est aujourd’hui largement surpeuplée, dans une ville de Kinshasa dont la population dépasse les 250 000 habitants. Face à l’augmentation de la criminalité, la surpopulation carcérale est un problème structurel nécessitant des solutions telles que la construction de nouvelles prisons et une application rigoureuse des lois sur la détention et le régime pénitentiaire.
Contrariant les accusations du vice-ministre, le CSM a catégoriquement déclaré que les magistrats ne sont en aucun cas responsables de la tentative d’évasion. Bien que l’arrestation soit en principe une exception, la situation sécuritaire à Kinshasa justifie les décisions de détention prises par les magistrats, conformément à la loi, afin d’assurer la sécurité de la population.
Le Conseil a insisté sur le fait que priver les magistrats de leur pouvoir d’arrêt reviendrait à fragiliser l’État de droit et risquerait de faire place à l’anarchie et à la loi du plus fort.
Les déclarations du vice-ministre ont été perçues par le CSM comme une menace directe à l’intégrité des magistrats, les exposant à une possible vindicte populaire. Le bureau a ainsi rappelé qu’il existe des mécanismes de concertation entre le Conseil Supérieur de la Magistrature et le ministère de la Justice, conçus pour traiter les questions relatives à l’administration de la justice dans un cadre formel et respectueux.
Enfin, le CSM a encouragé les magistrats à continuer à exercer leurs fonctions dans le strict respect de la Constitution et des lois de la République, tout en respectant les principes d’éthique et de déontologie.
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