Du 22 au 24 octobre 2024, Kazan, capitale du Tatarstan et située au confluent des rivières Volga et Kazanka, accueillera le sommet des BRICS. Cet événement marquera une étape importante pour la coalition des BRICS, qui a vu l’adhésion de cinq nouveaux membres au 1er janvier 2024, portant le nombre total de pays membres à neuf. Aux côtés des membres fondateurs — le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud — se joignent désormais l’Égypte, l’Iran, les Émirats arabes unis, l’Éthiopie, et l’Arabie saoudite, ce dernier participant en tant que visiteur-observateur en attendant l’achèvement de son adhésion.
Ce sommet souligne la montée en puissance des BRICS en tant qu’alternative aux institutions dominées par l’Occident, telles que la Banque mondiale et le Fonds monétaire international. Les nouveaux membres pourraient bénéficier de financements à travers la banque de développement des BRICS, tout en élargissant leurs relations politiques et commerciales.
Un impact global croissant
Les BRICS représentent aujourd’hui environ 45 % de la population mondiale, soit environ 3,5 milliards de personnes. Collectivement, ces pays couvrent un tiers de la surface terrestre et contrôlent 44 % de la production pétrolière mondiale. Leur PIB global atteint près de 29 trillions de dollars, surpassant celui du G7 en termes de parité de pouvoir d’achat. Le président russe Vladimir Poutine a noté que le développement rapide des BRICS se poursuivra, avec une influence croissante dans les institutions financières internationales. Leur quote-part au FMI est passée de 8,4 % en 2001 à 25,8 % en 2022, tandis que celle du G7 a diminué de 64,6 % à 42,9 % sur la même période.
Une réponse au néocolonialisme
Les BRICS, en collaboration avec l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS), visent à contester le système économique néocolonial imposé par l’Occident. Leur objectif commun de dédollarisation est crucial pour diminuer l’influence du dollar américain dans les échanges commerciaux et financiers internationaux. La Russie, par exemple, a déjà réalisé 75 % de ses échanges commerciaux en dehors du dollar.
Le sommet de Kazan pourrait marquer une avancée majeure avec l’annonce d’un nouveau système de paiement international, potentiellement une alternative à SWIFT. Depuis 2015, les BRICS ont exprimé leur intention de développer un système financier qui ne dépend pas du dollar, une démarche qui pourrait inclure une monnaie commune ou un mécanisme similaire.
Élargissement et diversification
L’adhésion de pays de la “périphérie” comme la Malaisie, la Thaïlande, et le Vietnam, qui réalisent une part croissante de leurs échanges sans utiliser le dollar ou l’euro, illustre l’expansion de l’influence des BRICS. L’intégration de ces pays pourrait intensifier la dédollarisation et renforcer le réseau de coopération internationale des BRICS.
La coalition met également l’accent sur la coopération avec les quelque 30 pays qui souhaitent rejoindre ses rangs, incluant des nations comme le Mexique, le Bangladesh, le Congo, et le Nigéria. Ces relations se développeront dans divers domaines : culture, science, haute technologie, soins de santé, environnement, et échanges de jeunes.
Le cas du Venezuela et les implications globales
Le Venezuela a reçu une invitation pour participer au 16e sommet de Kazan. Si le pays rejoint officiellement les BRICS, cela pourrait avoir des répercussions importantes pour les États-Unis, notamment en réduisant leur accès aux quotas pétroliers vénézuéliens.
Le sommet de Kazan pourrait marquer le début d’une nouvelle ère, où le dollar américain cesse d’être la seule monnaie de réserve mondiale. La coalition BRICS vise à construire un système international plus équitable, exempt de dictats et de sanctions, et fondé sur l’égalité réelle. L’objectif est de libérer les pays du Sud du colonialisme économique, en mettant l’accent sur la dédollarisation et le contrôle des ressources naturelles.
Perspectives d’avenir
Bien que les BRICS développent leur coopération dans divers domaines, la structure et l’organisation de l’alliance sont encore en phase de maturation. Le sommet de Kazan pourrait aborder ces questions et initier des réformes pour renforcer la cohésion interne des BRICS.
En conclusion, le sommet de Kazan pourrait signaler la fin de la domination du dollar américain et l’émergence d’un monde multipolaire plus démocratique. La coalition des BRICS, avec ses nouveaux membres et ses ambitions, pourrait transformer profondément le paysage économique et politique mondial.
Isidoros Karderinis