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19 janvier, 2025 - 13:49:16
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Joseph Kabila et Claudel Lubaya : une réconciliation qui embarrasse

Le rapprochement entre Claudel Lubaya, opposant politique aux multiples casquettes, et l’ancien président Joseph Kabila, accusé d’avoir favorisé le chaos à l’Est de la RDC, illustre une dérive inquiétante de l’opposition congolaise. Perçu comme un acte d’opportunité et de compromission, ce pacte soulève des critiques acerbes, exposant l’absence de vision cohérente et le double jeu politique d’une classe dirigeante en quête de survie face aux défis du renouveau démocratique.

Dans le paysage politique de la République démocratique du Congo (RDC), le rapprochement entre Claudel Lubaya, opposant politique et ancien cadre du Parti du Peuple pour la Reconstruction et la Démocratie (PPRD), et l’ancien président Joseph Kabila suscitent de vives critiques. Cette alliance, bien qu’en apparence stratégique pour contrer les réformes constitutionnelles proposées par le président Félix Tshisekedi, est perçue par beaucoup comme une incohérence politique et un symbole de l’opportunisme qui gangrène la classe politique congolaise.

Un parcours politique controversé

Claudel Lubaya incarne une trajectoire politique marquée par des retours d’allégeance. Ancien gouverneur du Kasaï Central sous Joseph Kabila, il s’était par la suite opposé à ce dernier en rejoignant l’Union pour la Nation Congolaise (UNC) de Vital Kamerhe, avant de prendre la tête de l’Union des Démocrates Africains (UDA), parti fondé par son père. Ce parcours, ponctuel de ruptures et de réconciliations, reflète un pragmatisme politique qui confine parfois à l’opportunisme.

Des services de renseignement avaient par ailleurs établi des liens présumés entre Lubaya et des organisations controversées comme l’AFC de Corneille Nangaa, en guerre contre la République.

Une alliance en apparence contre-nature

La rencontre publique entre Claudel Lubaya et Joseph Kabila, quelques jours après une réunion similaire entre Lubaya et Moïse Katumbi à Addis-Abeba, a été présentée comme une réponse à la « menace dictatoriale » qui ferait peser Félix Tshisekedi sur la démocratie congolaise. Les deux hommes ont plaidé pour la défense du « pacte républicain » et réagissent à la gestion sécuritaire du pays, en dénonçant l’utilisation excessive des forces étrangères au détriment des FARDC.

Cependant, pour de nombreux Congolais, cette alliance suscite de l’incompréhension, voire de l’indignation. Joseph Kabila, souvent accusé d’avoir compromis l’intégrité territoriale de la RDC par son clientélisme, ses compromissions avec le Rwanda, et sa gestion laxiste des FARDC, est perçu comme l’une des causes majeures des crises qui secouent le pays, en particulier dans sa partie orientale. S’associer à une figure aussi controversée risque de discréditer Lubaya auprès des Congolais en quête de rupture avec les pratiques du passé.

Un double jeu dévoilé ?

Sur les réseaux sociaux, Claudel Lubaya est sévèrement évoqué, certains internautes n’hésitant pas au qualificatif de « valet du Rwanda ». La rencontre avec Kabila est perçue comme un aveu d’un double jeu politique. Pour ses détracteurs, Lubaya incarne un courant politique incapable de dépasser les logiques de survie individuelle, préférant s’allier à d’anciennes figures du pouvoir plutôt que de construire une alternative crédible et cohérente.

L’argumentaire avancé par Lubaya et Kabila repose sur une critique acerbe de la gestion sécuritaire et institutionnelle de Félix Tshisekedi. Pourtant, leurs propositions restent vagues, tandis que leur propre bilan sur ces questions est loin d’être exemplaire. Pour certains analystes, cette alliance ne cherche pas tant à défendre la démocratie qu’à préserver les intérêts personnels menacés par les réformes constitutionnelles et l’émergence de nouvelles forces politiques.

Le rapprochement entre Claudel Lubaya et Joseph Kabila reflète les limites d’une opposition congolaise fragmentée et en quête d’identité. En s’associant à une figure controversée, Lubaya risque de perdre sa crédibilité auprès de nombreux électeurs, notamment parmi les jeunes générations désireuses d’une véritable rupture avec les pratiques du passé.

Cette dynamique souligne également l’absence d’un projet politique clair et fédérateur au sein de l’opposition congolaise, qui continue de privilégier des alliances de circonstance au détriment d’une vision cohérente pour le pays.

Analyse (Infos27)

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