Une séance de travail consacrée au corridor économique de Lobito s’est tenue le mercredi 4 décembre à Lobito, en Angola. Cet événement a réuni les présidents Félix Tshisekedi (République Démocratique du Congo), João Lourenço (Angola), Hakainde Hichilema (Zambie) ainsi que le vice-président de la Tanzanie. Il a revêtu une importance particulière, coïncidant avec la première visite en Afrique du président des États-Unis, Joe Biden, venu apporter son soutien à ce projet stratégique d’intégration économique régionale. La journée a débuté par une visite du port de Lobito, infrastructure clé du corridor, suivie d’une escale à l’usine Carrinho Food Processing Factory, un acteur majeur du secteur agro-industriel angolais, actif depuis 1993. Ces infrastructures sont au cœur du développement économique de la région, offrant des solutions efficaces pour soutenir la croissance et l’émergence d’un pôle économique fort. Le corridor de Lobito, reliant plusieurs pays africains et facilitant l’exportation des minerais extraits des bassins miniers de la RDC et de la Zambie, se positionne comme un projet ambitieux et essentiel. En juillet dernier, les présidents Tshisekedi, Lourenço et Hichilema avaient signé un accord pour optimiser l’utilisation de ce corridor ferroviaire stratégique, reliant les mines du Grand Katanga (RDC) et de Copperbelt (Zambie) aux infrastructures portuaires de Lobito. Ce projet constitue un levier majeur pour le développement économique des pays de la région. Le consortium Lobito Atlantic Railway, composé des entreprises Trafigura (Suisse), Vecturis (Belgique) et Mota-Engil (Portugal), a remporté l’appel d’offres international pour l’exploitation de ce corridor pour une durée de 30 ans. Son engagement est ambitieux : il prévoit d’augmenter la fréquence des trains à 49 convois par jour, de créer 1 600 emplois directs et d’assurer l’entretien des infrastructures. Le transport des minerais, notamment des concentrés de cuivre en provenance de la RDC et de la Zambie, sera pris en charge pour acheminer ces ressources vers les marchés internationaux. Les infrastructures du corridor de Lobito sont essentielles pour la connectivité régionale. Elles incluent le port de Lobito, le terminal de Mineiro, l’aéroport de Catumbela et le chemin de fer de Benguela. Du côté congolais, ce projet relie les provinces minières du Tanganyika, du Haut-Lomami, de Lualaba et du Haut-Katanga. Cette infrastructure ferroviaire constitue une alternative plus efficace au transport routier, longtemps dominant dans l’exportation des métaux précieux vers les marchés mondiaux. Lors de cette rencontre multilatérale, le président Félix Tshisekedi a souligné les avantages indéniables du corridor de Lobito, saluant ce projet comme un catalyseur de développement pour la région. Cependant, il a insisté sur l’importance capitale de maintenir la paix et la sécurité dans la région, des conditions essentielles à la réussite de ce projet. Ce message a été appuyé par le soutien du président américain Joe Biden, soulignant l’engagement des États-Unis en faveur de cette initiative d’intégration économique. En marge de cette rencontre, le président Tshisekedi a eu un entretien privé d’une demi-heure avec Joe Biden. Cet échange a permis aux deux dirigeants de discuter des perspectives d’avenir du corridor économique et des conditions nécessaires à sa pleine réussite. Ce tête-à-tête a renforcé les relations bilatérales et confirmé l’importance stratégique de ce projet pour le développement économique de la région.
Ci-dessous, l’allocution du Président Tshisekedi à la réunion de Lobito.
Excellence Monsieur le Président João Lourenço,
Excellence Monsieur le Président Hakainde Hichilema,
Excellence Monsieur le Président Joe Biden,
Excellence Monsieur le Vice-Président, Philip Isidor Mpango
Excellences Mesdames et Messieurs les Ministres,
Distingués invités, Mesdames et Messieurs,
C’est avec un réel plaisir que je prends la parole aujourd’hui dans cette réunion dédiée au développement du Corridor de Lobito, un projet porteur d’espoir pour nos pays et pour notre région. Je tiens à remercier chaleureusement Son Excellence Monsieur João Lourenço pour son leadership et son hospitalité, ainsi que tous les partenaires engagés dans ce projet stratégique.
Le Corridor de Lobito est bien plus qu’un axe de transport. C’est une opportunité unique d’intégration régionale, de transformation économique et d’amélioration des conditions de vie de nos populations. Ce réseau ferroviaire, reliant les régions minières de la République Démocratique du Congo et de la Zambie au port de Lobito, est conçu pour transporter jusqu’à 20 millions de tonnes de marchandises par an d’ici 2030. Le corridor de Lobito n’est pas seulement un projet d’infrastructure. C’est un trait d’union entre nos trois pays – la République Démocratique du Congo, la Zambie et l’Angola. Il symbolise notre volonté collective à convertir le potentiel de nos pays en une prospérité tangible pour nos populations, en favorisant une interdépendance harmonieuse où nos économies pourront s’épanouir mutuellement.
Pour la République Démocratique du Congo, le corridor de Lobito représente une opportunité stratégique pour valoriser nos ressources naturelles, en particulier le cuivre et le cobalt, qui constituent 70% de la demande mondiale dans le cadre de la transition énergétique. Avec une production combinée de 3 millions de tonnes par an entre la République Démocratique du Congo et la Zambie, ce projet permettra de réduire significativement les coûts logistiques tout en augmentant nos recettes d’exportation.
C’est donc une opportunité unique d’accéder directement aux marchés mondiaux via le port de Lobito, offrant ainsi une alternative stratégique à nos autres corridors d’exportation. Avec ses 1 739 kilomètres de voies ferrées reliées aux réseaux routiers et ferroviaires régionaux, il jouera un rôle clé dans l’intégration régionale et continentale.
Au-delà des infrastructures, l’impact humain de ce projet est immense. Ce corridor catalysera la création de plus de 30 000 emplois directs et indirects, réduisant la pauvreté et favorisant le commerce intra-africain en ligne avec l’Agenda 2063 de l’Union africaine. Le temps de transit des marchandises, actuellement de 30 jours ou plus, sera réduit à moins de 10 jours, augmentant ainsi notre compétitivité sur les marchés internationaux.
Ce projet n’est pas seulement une voie logistique, mais un moteur de transformation économique et sociale pour des millions de nos concitoyens.
La République démocratique du Congo est pleinement engagée dans ce projet. À cet effet, des actions concrètes ont été entreprises pour moderniser nos infrastructures ferroviaires, portuaires et routières. Ces efforts visent à établir des connexions fluides et stratégiques entre nos principaux sites miniers, tels que Kolwezi et Likasi, et les terminaux ferroviaires du corridor.
Parallèlement, nous avons placé la transformation locale de nos ressources naturelles au cœur de notre stratégie économique. Il est impératif que les richesses de notre sol contribuent directement au bienêtre de nos populations. Cela passe par le développement de chaînes de valeur industrielles locales, ajoutant une valeur significative avant toute exportation.
Dans cette dynamique, le projet Inga 3, ainsi que d’autres initiatives en énergies renouvelables, sont essentiels pour fournir une alimentation énergétique fiable, durable et adaptée aux exigences de notre industrie en pleine expansion. Ces efforts contribueront à rendre nos investissements plus compétitifs tout en respectant nos engagements environnementaux.
Par ailleurs, nous continuons à renforcer le cadre institutionnel et juridique pour encourager les investissements privés et garantir une gestion transparente et responsable de nos ressources. La transparence et la bonne gouvernance restent des priorités absolues pour instaurer un climat de confiance et favoriser des partenariats gagnant-gagnant.
Toutefois, pour libérer pleinement le potentiel du corridor de Lobito, la paix et la sécurité dans toute la région restent primordiales. Nous saluons le rôle déterminant de l’Angola dans le Processus de Luanda et réaffirmons notre engagement à travailler au retour définitif de la paix à l’Est de notre pays. La sécurité constitue en effet la pierre angulaire de tout développement durable.
Distingués invités,
Mesdames et Messieurs,
Je tiens à exprimer ma profonde gratitude envers nos partenaires internationaux, notamment les États-Unis d’Amérique, pour leur appui technique et financier à travers des initiatives stratégiques telles que Power Africa et le Partenariat pour les Infrastructures Globales (PGI). Ce soutien témoigne de l’importance géostratégique du corridor de Lobito dans les chaînes d’approvisionnement mondiales et son potentiel en tant que catalyseur de développement.
J’en appelle à une mobilisation accrue du secteur privé pour saisir cette opportunité unique et investir dans le développement des infrastructures ferroviaires, énergétiques et portuaires. De tels investissements sont essentiels pour garantir la pérennité et maximiser l’impact de ce projet transformateur.
Le Corridor de Lobito est assurément un levier majeur de croissance, un modèle d’intégration régionale et une source de prospérité partagée. Je suis convaincu que, grâce à notre coopération et à notre détermination, ce projet dépassera toutes les attentes et changera durablement la trajectoire de notre région.
La République Démocratique du Congo est prête à jouer pleinement sa partition dans cette dynamique. Avec nos frères et sœurs de la région, nous avancerons, animés par une vision commune et une volonté inébranlable de construire un avenir meilleur pour nos peuples.
Je vous remercie.
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