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15 mai, 2025 - 16:52:24
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France : Michel Barnier menacé par une motion de censure

Et voilà le premier 49. 3 déclenché par Michel Barnier. Dépourvu de majorité à l’Assemblée nationale, le Premier ministre a annoncé recourir à  cet article décrié de la Constitution pour outrepasser le vote des députés et ainsi permettre l’adoption du budget de la Sécurité sociale pour 2025. Il n’existe pas de majorité au sein de l’Assemblée nationale pour voter son budget. Les espoirs qu’il nourrissait encore ont été éteints, lundi 2 décembre 2024 : les groupes du Rassemblement national (RN) et du Nouveau front populaire (NFP) ont indiqué qu’ils voteront la censure. Sauf revirement inattendu et miraculeux pour Michel Barnier, celui-ci ne sera plus à Matignon à la fin de la semaine. Il serait donc demis de ses fonctions et le gouvernement tombera. Selon Le Parisien, Emmanuel Macron multiplie depuis plusieurs jours les échanges téléphoniques et les rendez-vous à l’Élysée. Et teste des nouveaux noms pour Matignon, d’après BFMTV. 

La France n’est pas sortie de la crise politique qu’elle traverse. Michel Barnier a décidé d’engager la responsabilité de son gouvernement sur l’adoption du budget de la Sécurité sociale, l’opposition devrait donc, comme annoncé lundi, voter une motion de censure. La France n’aura donc plus de Premier ministre ni de gouvernement actif aujourd’hui ou demain. « Je pense que les Français ne nous pardonneraient pas de préférer les intérêts particuliers à l’avenir de la nation », a-t-il mis en garde, avant d’engager la responsabilité de son gouvernement. Voilà qui vient rappeler à ceux qui l’auraient oublié que l’exécutif a toujours été très fragile.

Le choix d’Emmanuel Macron de nommer Michel Barnier à Matignon donnait les clés au Rassemblement national (RN). Sans le soutien tacite du parti de Marine Le Pen, l’artifice ne tient plus, le gouvernement fait face à la réalité politique et arithmétique : sa ligne est très minoritaire à l’Assemblée nationale, les députés des partis d’opposition sont plus nombreux que ceux des partis du « socle commun » de Michel Barnier. Bref, rien d’anormal à ce que le gouvernement tombe à l’issue d’une censure : l’opposition s’oppose, l’Assemblée nationale décide de qui ne gouverne pas. C’est la règle des institutions françaises, ni plus ni moins.

Emmanuel Macron le sait très bien, il va donc falloir aller vite pour remplacer Michel Barnier à Matignon. Mais qui choisir et sur quelle ligne ? Le nouveau Premier ministre et le gouvernement qu’il sera chargé de mettre en place devront, s’ils veulent tenir et proposer un budget  alternatif, s’assurer qu’ils auront le soutien implicite d’une majorité de députés. On revient tout simplement à la même situation institutionnelle qu’avant la nomination de Michel Barnier.

Selon Le Parisien, information relayée par BFMTV, le chef de l’État anticipe déjà et a demandé à « un certain nombre de responsables politiques depuis 48 heures » qui pourrait reprendre les dossiers à Matignon. Un « familier de l’Élysée » et un « conseiller haut placé » ont même assuré qu’Emmanuel Macron « consulte déjà » pour trouver un remplaçant à Michel Barnier.

UN NOUVEAU PREMIER MINISTRE SANS CENSURE

Le président de la République devrait rester sur la même ligne qu’auparavant : pour lui, c’est la capacité à assurer la stabilité qui commande. Il lui faut donc trouver un nouveau chef de gouvernement qui ne sera pas immédiatement censuré. La nomination d’un Premier ministre du Nouveau front populaire (NFP) est donc exclue, puisque l’ensemble des députés de Marine Le Pen et d’Éric Ciotti censureraient le gouvernement, tout comme une très large majorité des députés du bloc central. La facilité pour Emmanuel Macron serait de renouer le deal tacite avec Marine Le Pen. Et il n’est pas exclu qu’une figure d’une droite plus identitaire fasse l’affaire pour Matignon.

Le nom est même évoqué dans le journal La Tribune Dimanche, qui reste à ce stade une hypothèse très incertaine : celui de Bruno Retailleau. Le journal s’interroge sur sa possible nomination et livre cette confidence : « Le locataire de l’Élysée juge le ministre de l’Intérieur, qu’il ne connaissait pas auparavant, très fiable et respectueux des institutions ».

Avec un tel choix, Emmanuel Macron pourrait laisser les mains libres à celui qui est arrivé place Beauvau en assurant que la régulation de l’immigration devait être une priorité. Celui-là même qui a déclaré publiquement que l’immigration n’était « pas une chance » pour la France et que la politique pénale devait être revue en profondeur. Une ligne qui pourrait convaincre Marine Le Pen pour s’abstenir de toute censure… jusqu’au prochain désaccord.

Un autre profil semble convenir à Emmanuel Macron est celui de Sébastien Lecornu. Le Ministre des Armées « a déjà vu Marine Le Pen, il traite bien le RN, il ne le méprise pas. Et on sait combien c’est important pour elle », a plaidé Gauthier Le Bret, journaliste sur CNews.

Reste un scénario qu’on ne peut exclure aujourd’hui : qu’Emmanuel Macron propose une autre équation à une partie de la gauche. Pourrait-il proposer Matignon à une figure socialiste, qui serait soutenue par l’ensemble du bloc central et par une partie des députés de l’actuel Nouveau front populaire (NFP) ? Une porte de sortie de crise possible, mais qui acterait une fracture définitive au sein du NFP et un schisme avec La France insoumise (LFI).

Et si Emmanuel Macron démissionnait, pour dénouer la crise ? En ce moment, la pression monte toujours un peu plus et les appels au retrait se multiplient. Le blocage institutionnel issu de la dissolution de l’Assemblée nationale rend toute tentative de gouvernance impossible, quel que soit le Premier ministre. Sans le dire, Marine Le Pen (RN) – en pleine tourmente judiciaire – réclame le départ d’Emmanuel Macron. En écho avec… Jean-Luc Mélenchon (LFI). L’idée d’une présidentielle anticipée fait son chemin.

Si la motion de censure était adoptée, ce serait historique. Pour la première fois depuis la chute de Georges Pompidou en 1962, un gouvernement serait renversé par l’Assemblée nationale. Le gouvernement de Michel Barnier entrerait, malgré lui, dans les annales : il deviendrait alors le plus court de l’histoire de la Ve République.

Robert Kongo, correspondant en France

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