Face à un régime Tshisekedi bien implanté, l’opposition congolaise peine à s’unir et à mobiliser efficacement. Entre rivalités internes, exils, emprisonnements et désintérêt croissant de la population, les initiatives pour contrer le pouvoir semblent vaciller. Dans un contexte marqué par les dérives du régime et l’influence persistante de l’Eglise catholique, l’opposition parviendra-t-elle à dépasser ses divisions pour peser sur l’échiquier politique ?
Après une défaite électorale en ordre dispersé lors de la présidentielle de décembre 2023 face à Félix Tshisekedi, l’opposition politique congolaise peine à trouver une stratégie cohérente pour contrer le régime en place.
Une opposition éclatée entre initiatives locales et internationales
Tant à l’intérieur du pays qu’à l’étranger, les acteurs de l’opposition multiplient les rencontres. Les 16 et 17 décembre dernier, des discussions ont eu lieu autour de l’ancien président Joseph Kabila, absent de la scène politique nationale depuis un an. Parmi les participants, Moïse Katumbi et Claudel Lubaya, représentant du cadre de concertation des forces politiques et sociales, une coalition d’opposition.
Dans le même temps, à Genval, Martin Fayulu et Moïse Katumbi ont échangé sur des stratégies anti-Tshisekedi. Au niveau local, les prélats catholiques dénoncent fermement les dérives du pouvoir en place : corruption, mauvaise gouvernance et velléités de modification constitutionnelle.
Une union fragile minée par des égos
Des efforts pour une candidature commune avaient été engagés, notamment en Afrique du Sud, mais les dissensions internes ont pris le dessus. Malgré des ralliements partiels à Moïse Katumbi incluant Matata Ponyo, Seth Kikuni, Jean-Claude Vuemba et Delly Sesanga aucune coalition solide na vu le jour. Les rivalités personnelles et accusations mutuelles ont fragilisé ces initiatives, empêchant une mobilisation efficace contre le président Tshisekedi.
Une mobilisation populaire incertaine
L’opinion publique reste sceptique face à la capacité des opposants à affronter le régime. Nombre d’entre eux Joseph Kabila, Moïse Katumbi ou Matata Ponyo nont jamais été confrontés directement aux répressions brutales qu’ils dénoncent aujourd’hui. Beaucoup étaient eux-mêmes au pouvoir lorsque les forces de sécurité menaient des actions similaires.
Ainsi, les appels de ces leaders à descendre dans la rue suscitent des interrogations : auront-ils le courage d’affronter les risques encourus, ou laisseront-ils leurs militants seuls face aux matraques ?
Exil, emprisonnements et désintérêt populaire
Les figures majeures de l’opposition semblent affaiblies. Joseph Kabila et Moïse Katumbi, bien qu’ayant initié des actions, donnent l’impression de s’être éloigné de la scène nationale. Seth Kikuni est en prison depuis septembre 2024, tandis que Claudel Lubaya, en exil, co-préside le cadre de concertation des forces politiques et sociales.
Par ailleurs, une partie de la population congolaise semble désillusionnée. Beaucoup estiment que ces luttes politiques ne visent qu’à satisfaire les intérêts personnels des leaders, au détriment du bien-être du peuple. Cette désaffection risque de compliquer davantage une mobilisation populaire significative.
L’église catholique, dernier rempart ?
Dans ce contexte, l’Église catholique apparaît comme l’une des rares institutions capables de relancer le combat. Forte de son influence, elle pourrait jouer un rôle déterminant en prenant position contre le régime Tshisekedi. Cependant, sans une implication active et un engagement commun des forces de l’opposition, les chances d’un véritable affrontement politique semblent minces.
Charles Mapinduzi (CP)