Introduction
Dans un contexte mondial où les réseaux sociaux jouent un rôle central dans la diffusion de l’information, la montée des fausses informations, particulièrement en lien avec les conflits touchant la République Démocratique du Congo (RDC), exacerbés par l’agression militaire imposée par le Rwanda et l’Ouganda, soulève des inquiétudes majeures. La complicité de certains Congolais avec des groupes comme le M23 ne fait qu’ajouter à la complexité de ce problème. Face à cette menace, les autorités doivent envisager des mesures fortes pour protéger l’intégrité de l’information au sein de notre pays. Ce phénomène a conduit certains à appeler à la régulation, voire à l’interdiction de plateformes telles que TikTok, WhatsApp et Facebook, jugées responsables de la propagation de contenus nuisibles.
Le contexte de désinformation
La désinformation liée aux conflits en cours est devenue une menace omniprésente, avec des images truquées, des vidéos instrumentalisées et des narrations biaisées circulant sans contrôle sur les réseaux sociaux. Ces contenus perturbent non seulement la paix publique, mais peuvent également alimenter des tensions intercommunautaires. Par exemple, durant le conflit en Ukraine, des images d’événements passés ont été réutilisées pour suggérer des actions récentes de violence, semant ainsi la confusion parmi les populations (Human Rights Watch, 2022). De même, dans le cadre du conflit israélo-palestinien, des images de destructions antérieures ont souvent été partagées comme étant récentes, conduisant à une escalade des tensions tant en ligne qu’hors ligne (Prawer & Nuss, 2021).
Réactions officielles et mesures à envisager
Face à cette situation, le ministre de la Communication et le Conseil supérieur de l’audiovisuel et de la communication (CSAC) ont un rôle crucial à jouer. La mise en place de mesures réglementaires s’avère indispensable. Plusieurs actions devraient être envisagées :
1. Régulation stricte des contenus : Imposer des exigences rigoureuses en matière de vérification des faits pour tous les contenus partagés sur les plateformes sociales. Par exemple, lors de la pandémie de COVID-19, plusieurs pays, dont l’Indonésie, ont suspendu des comptes pour avoir partagé de fausses informations liées à la santé publique (Antara, 2020).
2. Bloquer les sources douteuses : Évaluer la possibilité de bloquer certaines sources d’informations jugées irresponsables ou nuisibles, notamment celles en provenance des zones de conflit. En 2018, le gouvernement du Myanmar a imposé une coupure d’internet dans certaines régions pour limiter la propagation de fausses informations relatives aux violences contre la minorité rohingya, démontrant l’efficacité de mesures draconiennes en réponse à des crises (Birt, 2019).
3. Sensibilisation du public: Mettre en œuvre des campagnes d’éducation médiatique pour informer les citoyens sur la manière d’identifier les fausses informations. Le gouvernement canadien, par exemple, a lancé des ateliers communautaires pour renforcer la capacité des citoyens à détecter la désinformation (Government of Canada, 2021).
4. *Dialogue avec les plateformes* : Engager un dialogue constructif avec les entreprises qui gèrent les réseaux sociaux pour les inciter à renforcer leur responsabilité. De nombreux pays, comme l’Allemagne avec sa loi sur le numérique (NetzDG), ont imposé des sanctions aux réseaux sociaux pour leur inaction face aux contenus haineux et à la désinformation (European Commission, 2020).
Conclusion
La lutte contre la désinformation provenant des zones de guerre, notamment dans le cas de la RDC face à l’agression militaire du Rwanda et de l’Ouganda, constitue un défi crucial. Tout en protégeant la liberté d’expression, il est impératif de préserver la paix et la cohésion sociale. Les gouvernements doivent agir rapidement pour développer des stratégies appropriées permettant de contrer efficacement la désinformation. La régulation des réseaux sociaux, couplée à des efforts de sensibilisation, pourrait considérablement atténuer l’impact des fausses informations sur notre société.
Références
Antara. (2020). Indonesia’s COVID-19 Task Force Suspends Accounts for Spreading False Information. Antara News. https://en.antaranews.com
Birt, J. (2019). Internet Shutdowns as a Tool for Repression in Myanmar: A History. Human Rights Review, 20(4), 453-476. https://doi.org/10.1007/s12142-019-00619-9
European Commission. (2020). The Digital Services Act: Ensuring Better Protection for Citizens Online. European Commission. https://ec.europa.eu/digital-strategy
Government of Canada. (2021). Combating Misinformation: A National Approach. Government of Canada. https://www.canada.ca/en
Human Rights Watch. (2022). Ukraine: State of Play of Disinformation and the Role of Social Media. Human Rights Watch. https://www.hrw.org
Prawer, J., & Nuss, E. (2021). The Impact of Misinformation in the Israeli-Palestinian Conflict. Middle Eastern Studies, 57(5), 726-745. https://doi.org/10.1080/00263206.2020.183478
Par Jean Aimé Mbiya Bondo Shabanza
Expert en Administration publique
Vice-Président fédéral et représentant adjoint en charge de la politique et de la diplomatie
Fédération des USA
UDPS/Tshisekedi