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24 mars, 2025 - 04:39:29
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Guerre dans l’Est de la RDC : l’hypocrisie de la communauté internationale exaspère les Congolais

Parmi les groupes armés qui se battent pour le pouvoir, la terre et les précieuses ressources minérales, dans l’Est de la République Démocratique du Congo, figure en bonne place le « Mouvement du 23 mars » (M23). Cette armée rebelle, soutenue par le Rwanda, occupe plusieurs territoires dans la province du Nord-Kivu. Aujourd’hui, les combats entre le M23, qui a repris les armes fin 2021 après plusieurs années de sommeil, et les Forces armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) s’intensifient, provoquant l’instabilité et l’insécurité dans cette partie du territoire national. La communauté internationale, qui se donne le beau rôle du « gendarme du monde », feint d’ignorer cette situation qui dure depuis trois décennies. Une hypocrisie qui exaspère les Congolais.

Depuis trois ans, le M23, avec l’appui du Rwanda, occupe plusieurs territoires da la province du Nord-Kivu, dont la capitale Goma. Ce groupe rebelle sème le chaos dans la région. L’instabilité et l’insécurité sont là, palpables, stressantes. D’après des sources locales, ces soldats progresseraient désormais vers la province du Sud-Kivu et sa capitale, Bukavu. Les FARDC, sans se lasser ni se décourager, poursuivent leurs bombardements dans les territoires occupés.

La communauté internationale, qui doit avoir d’autres visées, ne semble guère s’intéresser à cette réalité qui a pour effet de désarçonner les populations. Pour les Congolais, parler du rôle du Rwanda et de son soutien aux rebelles du M23 est manifestement tabou. La communauté internationale observe un silence assourdissant. On peut conclure, sans une once de doute, qu’il y’a là une forme de censure qui ne se justifie pas.

COMPLOT CONTRE LA RDC

La partie Est de la République Démocratique du Congo (RDC) est devenue une zone de non-droit où seuls les rebelles et divers groupes armés font la loi. C’est aussi les points d’entrée du démembrement du pays. Depuis l’assassinat de Laurent-Désiré Kabila, le 16 juin 2001, personne ne veut admettre que la tragédie que vivent les Congolais dans l’Est du pays est le fait d’une politique délibérée de prédation et d’asservissement dans laquelle des grandes puissances, des multinationales et des groupes mafieux jouent un rôle majeur.

Aucun gouvernement d’État civilisé ne peut accepter ce qui se passe dans l’Est de la RDC. De nombreux territoires du Nord-Kivu, et à ce jour, quelques villages du Sud-Kivu (selon des sources locales), sont ainsi devenus le théâtre du champ de bataille où l’indicible côtoie l’ignominie. Vols, viols, assassinats et tueries de masse semblent à la fois banalisés, minimisés et sous-estimés. Il faut dire qu’il y’a d’une part l’agressivité du Rwanda qui cherche à contrôler les richesses de la RDC, et d’autre part, comme nous l’avons dit précédemment, le silence troublant de la communauté internationale devant le calvaire des Congolais. Le complot ourdi pour entériner la violation de la souveraineté de la RDC et taire la terreur infligée aux Congolais n’est donc plus à démontrer.

La communauté internationale se ridiculise en prétendant vouloir faire la paix en RDC tout en flirtant avec Paul Kagame, qui est l’instigateur de la guerre en RDC, et donc le principal responsable des atrocités perpétrées contre les Congolais dans l’Est du pays. Il faut dire, ici, que cette entreprise internationale se trompe gravement en le couvrant de louanges comme « contributeur à la stabilité et au développement dans la région des Grands Lacs africains », ce qui est une aberration. Et ce qui est préoccupant, c’est qu’elle n’a jamais sanctionné l’invasion de la RDC par le Rwanda, en dépit du fait que cela constitue une violation caractérisée de charte des Nations-Unies et de la charte de l’Union africaine (UA). Elle a pourtant condamné et sanctionné la Russie pour avoir envahi l’Ukraine. Le double standard.

LES CONGOLAIS EXASPÉRÉS

Il est indéniable que les Congolais ne pourront pas continuer à supporter infiniment la façon dont ils sont traités et finiront par se révolter contre cette injustice. À preuve, tout récemment, les Kinois en furie ont saccagé des Ambassades occidentales et africaines. Ils accusent les gouvernements occidentaux et l’UA d’être complices du Rwanda qui occupe la partie Est de la RDC, pillant illégalement des richesses et massacrant des populations civiles sans défense. En Europe, notamment en France et en Belgique, des manifestations de soutien aux FARDC et aux Congolais résidant dans le Nord et le Sud – Kivu sont organisées par les mouvements combattants congolais pour dire : « Courage les FARDC ; nos compatriotes dans l’Est, nous sommes avec vous dans cette dure épreuve. »

Pourquoi la communauté internationale condamne-t-elle le Rwanda, mais est incapable de le sanctionner ? Qu’est-ce qui explique sa passivité ? Qu’est-ce qui explique ce silence qui frise la complicité avec le Rwanda ? Ne se complait-elle pas dans cette situation ? Ce sont là des questions que les Congolais se posent, car son hypocrisie devient exaspérante et abjecte.

BAL DES HYPOCRITES

Il faut bien admettre que le Rwanda est au service d’intérêts des décideurs politiques et économiques du monde, membres de la communauté internationale. Ce sont eux qui tirent les ficelles dans le Nord et le Sud-Kivu, en maintenant l’instabilité et l’insécurité dans cette partie de la RDC où ils gagnent beaucoup d’argent. Ils ne voient pas pourquoi il faudrait réfléchir à sortir du statu quo puisqu’il est rentable depuis trente ans. Voilà qui explique l’hypocrisie –que dénoncent les Congolais – de la communauté internationale face à l’exacerbation des violences dans l’Est de la RDC et l’impunité dont bénéficie le Rwanda.

Qui peut croire à la pression que les pays comme les USA, la France, la Belgique, l’Allemagne, la Grande-Bretagne…font sur Kigali pour retirer ses troupes de la RDC ? Qui peut croire à la condamnation du Rwanda par le Conseil des Droits de l’Homme de l’ONU, le 7 février 2025, à Genève en Suisse ? Combien de ces enquêtes, diligentées par l’ONU sur les exactions dans l’Est de la RDC, ont abouti à des sanctions contre le Rwanda ? Ces déclarations ne sont que poudre de perlimpinpin.

Aujourd’hui, tous (UE, USA, ONU, UA, SADEC, EAC…) appellent au dialogue avec le M23 qualifié d’ « opposition politico-militaire au régime de Kinshasa » par le président de la Commission de l’UA, Moussa Faki. C’est le bal des hypocrites. Les hypocrites, comme les abeilles, ont du miel à la bouche et l’aiguillon caché.

La mise en pratique du concept de dialogue offrirait-elle un cadre privilégié d’identification de pistes de solution aux questions de gestion de cette guerre ? Dans ce cas, il faudrait ainsi déterminer, tant soit peu, les responsabilités imputées aux différents acteurs impliqués, les uns par les autres, et vice-versa. Il est vrai il qu’il y’aura des insatisfaits, comme il y’en a partout dans le monde, mais il existe des mécanismes pour barrer la route à ces genres d’individus. L’unité et la cohésion nationales prônées par les Congolais ont un prix, il faut que cela se sache.

Robert Kongo, correspondant en France

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