Dans sa 77ème tribune publiée sur son compte X, le député national Steve Mbikayi dresse un tableau sans complaisance des fractures internes face à l’agression rwandaise dans l’Est du pays. Entre ceux qui jubilent à l’idée d’un renversement du régime, les opportunistes qui se terrent dans le silence, et les patriotes prêts à défendre la souveraineté nationale, il se met en garde contre les illusions et appelle à la mobilisation. Pour lui, la chute de Félix Tshisekedi signifierait un retour à la domination étrangère, mais l’ennemi n’aura pas le dernier mot.
Ci-dessous l’intégralité de sa tribune
« Fatshi ne tombera pas »
Après l’occupation de Goma et de Bukavu par l’armée rwandaise, il se dessine trois catégories de Congolais. Il y a les triomphalistes qui se réjouissent de la chute imminente de F. Tshisekedi. Ils jubilent et ne manquent pas de se moquer du PR et de tous ceux qui le soutiennent au nom d’un sentiment que nous refusons de nommer ici par pudeur. Ils savent pertinemment bien qu’en cas de victoire de l’ennemi, notre pays sera dirigé par les Rwandais. Ils disent que le régime tombe d’abord ; nous chasserons les Rwandais après, comme ce fut le cas en 1998. Ils doivent savoir que, tenant compte de l’expérience du passé, les agresseurs prennent toutes les dispositions pour ne plus être délogés par les marionnettes congolaises qui leur servent de paravent, comme le fit Laurent-Désiré Kabila. Ils n’utilisent les Congolais que pour avoir le soutien populaire. Au final, ils placeront carrément un Rwandais à la tête du pays au cas où, en raisonnant par l’absurde, ils arriveraient à renverser les institutions républicaines.
Rappelez-vous de la tactique qu’avait utilisée le Rwanda avec le RCD. Wamba dia Wamba, Adolphe Onosumba… avaient été placés à la tête pour appâter les Congolais. Quand il avait été question d’occuper le plus grand poste réservé au RCD après le dialogue intercongolais, tous avaient été défenestrés. Nous invitons tous ceux qui attendent l’arrivée hypothétique des Rwandais à Kinshasa pour faire preuve de patriotisme et à revenir à de meilleurs sentiments. Comprennent-ils pourquoi M. Nangaa, qui a rejoint le M23 il n’y a pas longtemps, est présenté comme leader du mouvement ? Est-ce politiquement logique et compréhensible ? À chacun sa réponse.
Une autre catégorie est constituée des acteurs politiques de la majorité qui sont convaincus que le pouvoir changera inévitablement de mains, tenant compte des nouvelles qui viennent du front. Ils préfèrent se taire et se terrer par crainte des représailles au cas où les choses tourneraient mal. Ils appellent ça à la prudence. Ceux qui n’ont pas de visa transpirent. Il faut noter que dans l’entourage de chaque chef, il existe trois sortes de collaborateurs : les flatteurs, les traîtres et les loyaux. Dans le cas d’espèce, les flatteurs sont ceux qui criaient à tue-tête Fatshi béton, Mukuatomolo … quand tout allait mieux, et aujourd’hui, silence radio.
Les traîtres sont des bifaces qui sont dévoués quand tout va bien. Parmi eux, il y a ceux qui occupent des postes importants et que personne ne peut soupçonner, et qui flirtent avec l’ennemi. Quand les choses commencent à tourner au vinaigre, ils laissent le chef seul au front et sont prêts à vendre leur savoir-faire à tout-venant. Il faut noter que, contrairement à la loyauté, l’expertise s’achète.
La dernière catégorie est constituée des hommes loyaux, prêts à se battre jusqu’au bout pour défendre le régime et le sauver. Nous leur conseillons de continuer à y croire et d’être rassurés que le chef de l’État ne tombera pas, au risque de voir notre pays connaître un recul démocratique de plus de 30 ans.
En 1996, notre pays avait été agressé par plusieurs pays. Ils avaient difficilement atteint Kinshasa après plusieurs mois.
Aujourd’hui, le Rwanda, qui nous agresse, n’a ni troupes ni moyens suffisants pour marcher jusqu’à Kinshasa en gardant des bases arrières solides, surtout qu’il est décrié par le monde entier. Son objectif principal est d’occuper tout l’Est, de continuer à nous piller et, si tout va bien pour lui, d’annexer certains de nos territoires. Il ne saura même pas occuper la moitié de la RDC. Croyez-nous.
La réponse de nos vaillants combattants n’est pas définitivement une défaite. Nous laisserons l’ennemi avancer en ayant de plus en plus confiance en lui jusqu’à se retrouver dans notre traquenard où il sera décimé. À ceux qui sont déjà paniqués et découragés, nous leur conseillons de reprendre confiance et d’être rassurés que Fatshi ne tombera pas. Ceux qui crient déjà victoire vont bientôt déchanter.
Dites amen.
Steve Mbikayi Mabuluki
Député national

