Dans une capitale où les coupures d’électricité rythment le quotidien de millions d’usagers, la Société nationale d’électricité (SNEL) amorce une modernisation que beaucoup espéraient sans vraiment y croire. À l’initiative de son directeur général, Fabrice Lusinde, l’entreprise publique vient de réceptionner une série d’équipements techniques de grande envergure, destinés à renforcer un réseau de distribution électrique vétuste et régulièrement mis en cause. Si l’opération, financée sur fonds propres, témoigne d’un sursaut institutionnel, elle n’efface pas les années de sous-investissement, ni les attentes immenses d’une population lassée des promesses non tenues. La transformation annoncée se veut structurelle. Elle devra désormais prouver, dans les faits, sa capacité à faire mentir le scepticisme ambiant.
En proie à d’importantes difficultés structurelles, la Société nationale d’électricité (SNEL) vient de franchir un cap significatif dans son programme de modernisation du réseau de distribution à Kinshasa. À l’initiative de son directeur général, Fabrice Lusinde, l’entreprise publique a réceptionné ces derniers jours une série d’équipements techniques destinés à renforcer la fiabilité de la desserte électrique dans la capitale congolaise.
Confrontée depuis plusieurs années à l’obsolescence de ses infrastructures, à des branchements illicites et à des délestages devenus quasi quotidiens, la SNEL mise sur l’investissement pour enrayer la dégradation de ses capacités opérationnelles. Le matériel acquis, financé sur fonds propres, comprend notamment cinquante-neuf transformateurs, des groupes électrogènes, des unités de redressement ainsi que des transformateurs de courant haute tension.
Une opération logistique d’envergure
Parmi les équipements réceptionnés figurent des unités stratégiques telles qu’un groupe électrogène de 1000 kVA et des onduleurs (UPS), récupérés sur d’anciens sites présidentiels par la société SOGEAC, ainsi que : 20 transformateurs de 20/0,4 kV – 630 kVA ; 20 transformateurs de 6,6/0,4 kV – 630 kVA ; 1 transformateur de 30/20 kV – 15 MVA ; 1 transformateur de 30/6,6 kV – 15 MVA ; 15 transformateurs de courant de 30 kV ; 2 transformateurs de neutre ; 5 armoires de redresseurs.
Ces équipements devraient permettre un remplacement progressif des installations vieillissantes et la stabilisation de la fourniture d’énergie dans plusieurs zones jugées critiques par la SNEL. Selon les services techniques de l’entreprise, certaines de ces localités, desservies par des lignes particulièrement vulnérables, seront prioritaires dans les opérations de déploiement.
Dans la foulée, la direction générale a sollicité en urgence la mise à disposition de deux espaces d’entreposage au sein du MCL (Marché central logistique), afin d’assurer une gestion sécurisée du matériel avant son déploiement.
Réforme structurelle et impératif de redevabilité
Cette initiative s’inscrit dans la dynamique de transformation que Fabrice Lusinde a exposée dans son allocution de fin d’année 2024, axée sur la rigueur, la planification et la redevabilité. L’exercice 2025 devait marquer, selon ses mots, « le passage de la résilience à la reconstruction durable du réseau national ». L’acquisition des nouveaux équipements semble constituer un premier jalon tangible de cette ambition.
Dans un pays où moins de 20 % de la population a accès à une électricité stable, la modernisation du réseau constitue un enjeu majeur de développement. Kinshasa, avec ses quelque 15 millions d’habitants, concentre à la fois la plus forte demande et les plus grands déséquilibres d’approvisionnement. La pression est forte sur la SNEL, dont le monopole et les insuffisances historiques sont régulièrement dénoncés par les consommateurs.
La direction générale assure que d’autres investissements suivront, en fonction des capacités budgétaires et des partenariats envisagés. Mais pour nombre d’observateurs, l’enjeu dépasse la seule infrastructure : il s’agit aussi de restaurer la crédibilité d’un service public longtemps perçu comme défaillant.
Un test grandeur nature
À court terme, la réussite de ce chantier logistique constituera un test de la capacité opérationnelle de la SNEL à mener à bien un programme de réhabilitation d’envergure. En dépit d’un contexte économique tendu et de ressources limitées, l’entreprise veut démontrer qu’un modèle plus efficace et plus transparent est possible.
Dans l’immédiat, l’attention se porte sur la phase de mise en œuvre, dont dépendra la rapidité d’impact pour les usagers. Les promesses de la direction seront jugées à l’aune de la réduction des coupures, de la fiabilité du courant et du suivi des engagements annoncés.
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