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17 mai, 2025 - 16:58:45
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Washington impose sa marque, Kinshasa-Kigali : Un accord pour solder une guerre travestie

Paul Kagame a perdu la main. En tentant d’habiller d’oripeaux congolais une guerre qu’il commanditait depuis Kigali, le président rwandais voit son récit s’effondrer sous l’assaut d’une diplomatie américaine plus offensive que jamais. À Washington, la RDC et le Rwanda, acculés par la pression des États-Unis, ont été forcés d’entériner dans une déclaration de principes ce que Kigali niait depuis des années : la reconnaissance mutuelle des souverainetés, et l’engagement de cesser tout soutien aux groupes armés. Pour Kinshasa, c’est un triomphe diplomatique. Pour Kigali, un revers stratégique majeur. Le 2 mai, la présentation du projet d’accord ne scellera pas seulement une paix fragile : elle consacrera la fin d’une ère d’impunité et inaugurera un nouvel échiquier régional, où les grandes puissances entendent désormais peser de tout leur poids.

La République démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda, deux voisins antagonistes, se sont donné jusqu’au 2 mai pour esquisser un accord de paix, sous l’égide des États-Unis. Vendredi 25 avril, à Washington, leurs ministres des Affaires étrangères, Thérèse Kayikwamba Wagner (RDC) et Olivier Nduhungirehe (Rwanda), ont signé une déclaration de principes engageant leurs pays à reconnaître mutuellement leur souveraineté et intégrité territoriale, et à résoudre leurs différends par des moyens exclusivement pacifiques.

Un geste historique, alors que Kigali est accusé depuis des années de soutenir activement l’AFC/M23, une rébellion qui sème la dévastation dans les provinces congolaises du Nord et du Sud-Kivu.
Une dynamique imprévue pour Kigali
Le président rwandais, Paul Kagame, apparaît aujourd’hui pris de court par l’accélération des événements. Misant sur une stratégie de « congolisation » du conflit, il entendait ancrer l’idée que la crise au Kivu relevait d’une pure dynamique interne congolaise. Mais l’engagement appuyé des États-Unis, au-delà des attentes de Kigali, a rebattu les cartes.

Le choix de Washington comme théâtre de cette diplomatie accélérée illustre la détermination américaine à peser directement sur la résolution de ce conflit régional, au moment où des intérêts stratégiques — notamment dans les ressources critiques comme le lithium et le cobalt — se conjuguent à une volonté politique de stabilisation durable.

En ce sens, la déclaration de principes signée vendredi marque bien plus qu’un simple pas : elle sonne, pour nombre d’observateurs, comme l’amorce de la fin de l’agression rwandaise dans l’est de la RDC. Le reste, estiment-ils, ne serait que détails techniques et calendaires.

Un engagement clair contre le soutien aux groupes armés

La déclaration commune engage les deux parties à « éviter la prolifération des groupes armés non étatiques » et, surtout, à « interdire tout soutien militaire d’État à ces groupes ». Bien que le texte ne cite explicitement ni l’AFC/M23 ni d’autres mouvements rebelles, la référence est transparente : il s’agit de mettre un terme à l’appui militaire du Rwanda aux milices opérant en territoire congolais.

Ce volet sécuritaire sera encadré par un mécanisme de coordination bilatéral, dont la mise en œuvre reste à définir.

Pour Kinshasa, qui dénonce sans relâche l’agression extérieure orchestrée par Kigali, l’inscription d’un tel engagement dans un document officiel, sous le regard bienveillant mais exigeant des États-Unis, constitue une victoire diplomatique majeure.

Une stabilité au service des investissements

Le document prévoit également de favoriser un climat propice à un accroissement considérable des investissements, notamment ceux portés par le secteur privé américain. Cet axe économique n’est pas anodin : il intervient alors que Kinshasa négocie avec Washington et d’autres partenaires des contrats stratégiques dans les domaines minier et énergétique. La stabilité politique et sécuritaire de la région des Grands Lacs devient ainsi une condition sine qua non pour l’avancée de ces projets économiques d’envergure.

Un processus en cours sous la houlette américaine

À l’issue de la signature, une première rencontre bilatérale discrète s’est tenue entre les deux délégations, selon des sources congolaises. D’autres réunions sont prévues dans les prochains jours, toujours sous la médiation du secrétaire d’État américain Marco Rubio, qui semble déterminé à inscrire son nom dans une résolution historique d’un des conflits les plus durables et meurtriers du continent africain.

Si la poignée de main officielle entre Thérèse Kayikwamba Wagner de la RDC et Olivier Nduhungirehe du Rwanda n’a pas encore eu lieu, le simple fait que des échanges directs aient été amorcés témoigne d’une dynamique nouvelle, impensable il y a encore quelques mois.
En filigrane, les enjeux dépassent largement la seule paix entre Kinshasa et Kigali. C’est toute la configuration régionale qui pourrait en être bouleversée, dans un contexte où les jeux d’influence entre grandes puissances se redéployent en Afrique centrale.

Le 2 mai, avec la présentation du projet d’accord attendu, constituera une étape décisive. Mais déjà, la déclaration de principes signée ce 25 avril marque une césure : la fin programmée d’une agression et, peut-être, le début d’une ère nouvelle entre deux peuples condamnés à vivre côte à côte.

Infos27

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