La Première ministre congolaise a lancé, samedi 3 mai à Kinshasa, une opération pilote destinée à sortir de l’informalité 350 petits commerçants et artisans sinistrés. Une initiative présentée comme un tournant vers l’inclusion économique et sociale.
C’est un geste hautement symbolique et politiquement attendu. Judith Suminwa Tuluka, Première ministre de la République démocratique du Congo (RDC), a officiellement lancé, samedi 3 mai à Kinshasa, un projet pilote de formalisation de 350 petits et micro-entrepreneurs affectés par des catastrophes récentes – incendies de marchés et inondations – dans la capitale congolaise.
L’initiative, portée par le gouvernement en partenariat avec EquityBCDC et l’assureur AFRISSUR, vise à intégrer progressivement les opérateurs du secteur informel dans un cadre économique structuré, offrant sécurité juridique, accès au crédit et couverture sociale. Une ambition qui s’inscrit dans les promesses du second quinquennat du président Félix Tshisekedi, marqué par l’engagement de créer des emplois décents et de préserver le pouvoir d’achat.
Un socle de protection sociale pour les sinistrés
Les bénéficiaires de cette première phase ont reçu, à l’issue de la cérémonie, des cartes bancaires et des polices d’assurance. « C’est une reconnaissance. Une sécurité. Une dignité retrouvée », a déclaré Judith Suminwa, saluant la résilience de ces commerçants et artisans qualifiés de « bâtisseurs silencieux » de l’économie congolaise.
Le dispositif repose sur deux leviers : l’inclusion bancaire – via l’ouverture de comptes permettant l’accès à des microcrédits – et l’inclusion assurantielle. À cet égard, AFRISSUR a mis au point une couverture accessible offrant, entre autres, une indemnisation forfaitaire de 1 000 dollars en cas de décès ou d’invalidité de l’entrepreneur. Une première dans un pays où la majorité des acteurs économiques échappent à tout filet de protection sociale.
« La formalisation n’est pas une charge, c’est une reconnaissance »
Prenant la parole devant les bénéficiaires, la cheffe du gouvernement a insisté sur le caractère essentiel de cette transition : « Formaliser, ce n’est pas alourdir. C’est reconnaître. C’est garantir la pérennité de votre activité, permettre de grandir, de transmettre. C’est aussi permettre à l’État de mieux vous accompagner. »
Elle a appelé les institutions financières à « assouplir leurs procédures » et à « ouvrir leurs guichets aux vrais bâtisseurs de l’économie », tout en exhortant les bénéficiaires à considérer cette étape comme un tremplin vers plus de stabilité économique.
Vers une extension nationale du programme
Selon Louis Kabamba Watum, ministre de l’Industrie et du Développement des PME, cette opération représente une innovation structurelle : « Pour la première fois, les petits opérateurs économiques accèdent à des outils de financement, de couverture, de croissance. C’est un pas concret vers une économie nationale plus inclusive. »
Les institutions impliquées, dont l’Autorité de régulation et de contrôle des assurances (ARCA), ont salué une « nouvelle ère » de la politique économique congolaise. « L’informel, ce n’est plus un angle mort », a résumé un haut responsable du secteur.
La cérémonie s’est déroulée en présence de plusieurs membres du gouvernement, de représentants de la Banque centrale du Congo, et de députés nationaux, notamment Auguy Kalonji. Le projet, qui concerne pour l’heure Kinshasa, devrait être étendu dans les prochains mois à d’autres provinces du pays, où l’informel demeure le poumon de l’économie locale.
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