Dans un pays secoué par la guerre à l’Est et confronté aux dérives de la désinformation numérique, la liberté de la presse se retrouve au cœur de toutes les tensions. À l’occasion de la 32ᵉ Journée mondiale de la liberté de la presse, célébrée avec deux jours de retard ce lundi 5 mai à Kinshasa, les journalistes congolais entendent interroger leur rôle, leur sécurité et leur avenir à l’ère de l’intelligence artificielle. Un exercice de lucidité, mais aussi un cri d’alerte, dans un environnement où le droit d’informer vacille sous le poids des conflits et des technologies.
À l’initiative de l’Union nationale de la presse du Congo (UNPC), la République démocratique du Congo va célébrer ce lundi 5 mai 2025, avec deux jours de décalage sur le calendrier officiel, la 32ᵉ Journée mondiale de la liberté de la presse. Placée sous le haut patronage du président Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, la cérémonie prévue au Fleuve Congo Hôtel à Kinshasa, devra réunir plus de 200 participants issus des milieux professionnels, institutionnels, diplomatiques et associatifs.
Un double défi : l’intelligence artificielle et la guerre d’agression
Le thème national retenu pour cette édition — « Le journaliste congolais face au défi de l’intelligence artificielle : information et désinformation en ce temps de guerre d’agression rwandaise » — témoigne de la double pression qui s’exerce actuellement sur les médias congolais. D’une part, le développement rapide des outils numériques et de l’intelligence artificielle rebat les cartes de la production et de la circulation de l’information ; d’autre part, la persistance du conflit armé à l’Est du pays, causée par l’agression rwandaise, rend le travail des journalistes plus dangereux et plus sensible.
Dans ce contexte, la journée vise à offrir un espace de réflexion et de dialogue sur les mutations du journalisme à l’heure des technologies automatisées et des récits de guerre. Elle entend aussi interroger la capacité du secteur à faire face à la désinformation, aux manipulations algorithmiques, mais aussi aux menaces physiques et institutionnelles qui pèsent sur la liberté d’informer.
Un programme en deux temps forts
Organisé avec le soutien du ministère de la Communication et Médias et l’appui technique d’Internews, dans le cadre du projet 3R-RDC financé par la coopération suédoise, l’événement s’articulera autour de deux séquences principales. D’abord, une cérémonie officielle avec les discours des partenaires institutionnels et l’allocution attendue du président de la République, Félix Tshisekedi. Ensuite, plusieurs panels thématiques aborderont des questions majeures : la régulation de l’espace médiatique congolais, les opportunités et menaces liées à l’intelligence artificielle dans les rédactions, la sécurité des journalistes sur le terrain, et les réformes juridiques nécessaires pour bâtir un environnement médiatique plus résilient.
Mobilisation inédite des acteurs du secteur
Outre l’UNPC, plusieurs organisations professionnelles ont été associées à la mise en œuvre de cette journée : Kinshasa News Lab, la Fédération des radios de proximité du Congo (FRPC), l’Observatoire de la liberté de la presse en Afrique (OLPA), Journaliste en danger (JED), le Partenariat pour la protection intégrée (PPI) et Médias en ligne de la RDC (MILRDC). Cette coalition traduit une volonté de dialogue interprofessionnel autour des défis communs, dans un secteur encore marqué par une forte précarité économique, des violences récurrentes contre les journalistes et un cadre légal en chantier.
La retransmission en direct sur les antennes de la RTNC et sur les plateformes numériques devrait permettre une large audience, bien au-delà du cénacle professionnel. Elle s’inscrit dans une logique d’ouverture du débat sur l’avenir du journalisme en RDC, dans un pays où la presse reste l’un des piliers fragiles, mais indispensables, de la démocratie.
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