Dans un pays en guerre, où chaque franc dépensé au front manque cruellement aux hôpitaux, aux écoles et aux infrastructures, Félix Tshisekedi hausse le ton. Lors du 42ᵉ Conseil des ministres, le président de la République a sonné l’alarme sur l’état des finances publiques, exigeant des mesures urgentes et additionnelles de redressement budgétaire. Objectif affiché : restaurer un cadre macroéconomique stable face à la flambée des dépenses militaires imposées par l’agression rwandaise à l’Est. Au-delà des déclarations, des instructions précises ont été données : identification et évaluation rapide de toutes les structures publiques créées ces dernières années, suppression ou réorganisation des entités sans pertinence avérée, rationalisation des dépenses au sein même de la présidence. Dans le viseur : les doublons administratifs et les institutions fantômes qui continuent de siphonner le budget de l’État. Derrière cette opération, la volonté de répondre aux exigences du FMI et de dégager les marges nécessaires pour financer les projets structurants. Mais pour bien des observateurs, cette cure d’austérité annoncée ne sera crédible que si elle s’applique à tous les niveaux, sans tabou ni passe-droit, y compris au sommet de l’État. À Kinshasa, l’heure est à la rigueur, mais aussi, plus que jamais, à l’exemplarité.
Face à une situation budgétaire sous pression, alimentée par l’escalade du conflit armé dans l’Est du pays, le président de la République, Félix Tshisekedi, a appelé son gouvernement à adopter des mesures « urgentes et additionnelles » en matière de finances publiques. Cette injonction a été formulée lors de la 42ᵉ réunion ordinaire du Conseil des ministres, présidée vendredi à Kinshasa.
Le chef de l’État a dressé un tableau préoccupant : la guerre « imposée » dans la partie orientale de la République démocratique du Congo (RDC) génère une flambée des dépenses militaires et humanitaires, alors que les ressources de l’État demeurent limitées. Une conjoncture qui, selon lui, impose un « contrôle rigoureux du cadre macroéconomique » pour garantir la stabilité à court terme et préparer l’élan du développement économique à moyen terme.
Inflation, taux de change, FMI : le cadre budgétaire sous tension
Dans sa communication, le président Tshisekedi a mis en avant la nécessité d’un assainissement des finances publiques, condition essentielle au maintien d’une politique monétaire restrictive. Ce cap, estime-t-il, est indispensable pour « maîtriser l’inflation » et stabiliser le taux de change, deux indicateurs clefs en zone de turbulence économique.
La RDC, a rappelé le président, s’est engagée auprès du Fonds monétaire international (FMI) dans le cadre de programmes d’appui – la facilité élargie de crédit (FEC) et la facilité pour la résilience et la durabilité (FRD) – qui imposent rigueur et transparence dans la gestion des ressources publiques. Il s’agit donc d’honorer ces engagements, tout en renforçant la crédibilité du pays auprès de ses partenaires internationaux.
Vers une révision de la cartographie institutionnelle
Pour réduire les charges de l’État, le président de la République a ordonné l’ouverture d’un chantier de rationalisation des institutions et structures publiques. « Certaines entités créées ces dernières années, notamment au sein des ministères, continuent de mobiliser des ressources importantes alors que leur pertinence n’est plus démontrée », a-t-il déclaré. Une évaluation de leur utilité effective devra être menée dans les plus brefs délais.
Le chef de l’État a chargé la Première ministre, avec l’appui de son cabinet, de proposer une méthodologie d’analyse, en vue de procéder soit à la suppression pure et simple de ces structures, soit à leur réorganisation. Il a précisé que son propre cabinet n’était pas exempté de cet exercice d’autocritique budgétaire.
« Offrir une économie innovante » malgré les contraintes
En toile de fond, Félix Tshisekedi a souligné l’enjeu politique et social de cette opération d’assainissement. Une meilleure allocation des ressources publiques doit permettre, selon lui, de dégager les moyens nécessaires pour financer les projets structurants et soutenir les conditions de vie de la population. « Une offre économique innovante ne saurait être dissociée d’un redressement réfléchi, efficace et durable de nos finances publiques », a-t-il conclu.
Cette orientation, qui intervient dans un climat de défiance économique et d’instabilité régionale, devrait structurer les priorités gouvernementales des prochains mois. Le Conseil des ministres devra désormais articuler ses décisions autour de cette injonction à la rigueur, dans un pays où les urgences budgétaires se heurtent souvent à la complexité de la gouvernance institutionnelle.
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