L’exécutif provincial de la capitale vient une nouvelle fois de brandir une fausse solution à un vrai problème. En imposant une alternance de circulation basée sur les plaques d’immatriculation, l’administration de Kinshasa démontre non seulement son impuissance à penser la ville, mais aussi son mépris pour ses habitants. Ce dispositif, aux allures de mesure d’urgence, n’est rien d’autre qu’un subterfuge — une manière commode de déplacer la responsabilité sans toucher aux causes profondes du désordre urbain.
Ce n’est pas l’abondance de véhicules qui étrangle la capitale, mais l’absence d’organisation, d’anticipation, de volonté. Comment croire que restreindre ponctuellement l’usage de la voiture personnelle changera la donne, quand les routes sont cabossées, les carrefours sans balises fonctionnelles, et les moyens de transport de masse quasiment absents ? La vérité, c’est que Kinshasa n’est pas victime d’un excès de mobilité, mais d’un effondrement silencieux de ses infrastructures.
Les dirigeants préfèrent punir ceux qui se débrouillent seuls, en l’absence d’alternatives fiables, plutôt que de bâtir une réponse globale. On cible les conducteurs au lieu d’investir dans des réseaux performants, modernes, accessibles. Pendant ce temps, d’autres capitales du continent avancent, réinventent leurs flux, adaptent leur morphologie à la croissance démographique. Kinshasa, elle, s’enlise dans l’approximation.
Cette décision trahit une conception minimaliste de l’action publique : agir pour donner l’impression d’agir, sans jamais affronter les véritables défis. Or une ville ne se gouverne pas par des symboles ou des règlements bancals. Il faut de l’ambition, du courage, une direction claire. Il faut surtout entendre la détresse silencieuse de millions de personnes piégées dans une ville à bout de souffle, et répondre par un projet sérieux, collectif, à long terme.
Ce n’est pas l’interdiction qu’il faut décréter, c’est la transformation qu’il faut engager. Kinshasa ne peut plus attendre. Elle n’a pas besoin d’un verrou de plus, mais d’une porte ouverte vers l’avenir.
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