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7 novembre, 2025 - 12:37:01
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Propagande, contrevérités et déshonneur : La RDC défigurée par les mots d’un Thabo Mbeki mal informé

L’ancien président sud-africain Thabo Mbeki, jadis perçu comme une figure de sagesse continentale, s’enfonce aujourd’hui dans une dérive inquiétante : celle d’un dignitaire déconnecté, se faisant le porte-voix d’une propagande toxique façonnée dans les arrière-salles du ressentiment et de la subversion. Ses récentes déclarations sur la situation en République démocratique du Congo – qualifiant le groupe terroriste M23 d’« organisation la plus populaire » et dénonçant une prétendue « kasaïanisation » du pouvoir – révèlent une double faillite : celle de son discernement et celle de son indépendance intellectuelle. Mbeki ne parle plus en homme d’État ; il récite, sans nuance ni rigueur, les refrains usés d’un Joseph Kabila en disgrâce, relayant à son insu – ou en toute complicité – le narratif falsifié des parrains du chaos à l’Est du Congo. Ce glissement de posture, aussi stupéfiant qu’indigne, heurte profondément ceux qui croyaient encore en son autorité morale. Car dans cette affaire, l’ancien médiateur devient un rouage, voire un complice, d’un agenda régressif qui menace la paix, la vérité et l’unité du continent.

L’ancien président sud-africain Thabo Mbeki, autrefois figure respectée du panafricanisme, s’illustre aujourd’hui dans une posture inquiétante : celle d’un patriarche mal informé, reproduisant sans recul critique une rhétorique aussi dangereuse que mensongère sur la République démocratique du Congo. Dans une déclaration relayée depuis l’Afrique du Sud, l’ex-chef d’État a tenu des propos pour le moins déconcertants : selon lui, le groupe rebelle M23 serait devenu « l’organisation la plus populaire du Congo » et le président Félix Tshisekedi gouvernerait avec un cercle restreint « de Kasaïens », excluant ainsi « le reste de la population ».

Ces propos, d’une gravité politique extrême, ont aussitôt soulevé une vague d’indignation à Kinshasa, mais aussi parmi les intellectuels et observateurs avertis de la région des Grands Lacs. Car non seulement ils relaient un discours toxique, forgé par les cercles qui cherchent à déstabiliser l’État congolais, mais ils trahissent aussi une méconnaissance flagrante de la réalité géopolitique et institutionnelle de la RDC.

Un aveuglement suspect

À qui Thabo Mbeki doit-il une telle déformation des faits ? À quelle source obscure a-t-il prêté l’oreille ? L’élément de réponse semble limpide : le seul homme politique congolais avec qui il s’est récemment entretenu est Joseph Kabila, ancien président de la RDC, en retrait officiel de la vie politique mais toujours actif dans l’ombre des alliances opaques. Leur rencontre à Johannesburg en mars dernier pourrait bien avoir constitué le point d’entrée de cette manipulation narrative. Mbeki, en relayant ce qui s’apparente à une version frelatée de la propagande pro-rwandaise, se fait sans le savoir – ou pire, en toute conscience – le relais d’un agenda régressif.
« Le M23 est populaire », clame-t-il, ignorant superbement les atrocités imputées à ce mouvement armé par les rapports accablants du Conseil des droits de l’homme de l’ONU, de Human Rights Watch ou du Groupe d’experts sur la RDC. Depuis sa résurgence en 2021, cette milice soutenue par le Rwanda sème la terreur à l’Est du pays, pillant, massacrant, violant. Parler de popularité en ce contexte, c’est insulter les millions de déplacés et de victimes qui fuient ses exactions.

Une lecture fausse de l’architecture politique congolaise

L’autre accusation relayée par Thabo Mbeki concerne une supposée « kasaïanisation » du pouvoir. Là encore, la réalité dément l’affirmation. Jamais dans l’histoire de la RDC, l’exécutif national, le gouvernement et les institutions n’ont été aussi représentatifs de la diversité provinciale du pays. De la Primature occupée par une Ne-Kongo aux ministères clés confiés à des ressortissants du Haut-Katanga, du Lualaba, du Nord-Kivu, du Kwilu, de l’Équateur ou du Bas-Uele, en passant par une Assemblée nationale dirigée par un ressortissant du Sud-Kivu, c’est l’unité nationale, dans sa diversité, qui prévaut.

Le procès en exclusion ethnique ne tient donc pas une seconde. Il relève du mensonge politique pur et simple, nourri par ceux qui cherchent à rallumer les braises identitaires pour masquer leur propre décrépitude.

Une connivence embarrassante

Des analystes congolais n’ont pas tardé à réagir. Mvemba Dizolele, universitaire et spécialiste de la région, a violemment dénoncé les propos de Mbeki : « Son discours n’est pas neutre, il est manipulé. Il parle comme Kabila, pense comme Kagame. Cette déclaration est l’écho d’un lobbying mafieux, d’une collusion malsaine entre les profiteurs du chaos congolais. » Et d’ajouter : « Mbeki n’est pas un observateur innocent. Il reçoit Kabila, dialogue avec Kagame. Leur langage est le même : maintenir l’impunité, couvrir les crimes, orienter l’opinion publique vers de fausses pistes. »

En effet, comment expliquer que l’ancien président sud-africain, artisan des accords de Sun City en 2002, puisse aujourd’hui s’inscrire dans une rhétorique aussi incendiaire ? S’agit-il d’un retour de faveur ? D’un positionnement politique dicté par d’anciens réseaux ou par des intérêts économiques communs, notamment dans le secteur minier, où les convergences entre certains acteurs sud-africains et rwandais ont été documentées ?

Une parole discréditée

Quoi qu’il en soit, cette sortie de Mbeki ternit durablement l’image de sagesse qu’il avait pu incarner. En cautionnant un discours qui fait le jeu des agresseurs de la RDC, il prend le risque de perdre tout crédit auprès de l’opinion congolaise et africaine. Son intervention, loin de faire avancer le débat ou de promouvoir une paix durable, s’inscrit dans une dynamique de désinformation et d’instrumentalisation politique.

Il y a des silences plus dignes que certains propos. Et il est regrettable que Thabo Mbeki, au lieu de s’en tenir à une posture de médiation équilibrée, ait choisi celle de la partialité aveugle. En s’alignant – sciemment ou non – sur une propagande rwandaise relayée par Joseph Kabila, il compromet non seulement sa propre crédibilité, mais il trahit aussi les idéaux de justice et de vérité auxquels l’Afrique a droit.
L’Histoire jugera sévèrement ceux qui, au lieu d’aider à panser les plaies, les ravivent au nom de solidarités opaques ou de calculs mal dissimulés.

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