Dans un discours à charge prononcé lors du lancement de la Coalition de la Gauche Congolaise (CGC), mercredi 18 juin à Kinshasa, l’opposant Jean-Marc Kabund a exhorté le président Félix Tshisekedi à « ignorer les tambourinaires et les chants de sirène » pour affronter la crise que traverse la RDC. Dénonçant une « corruption effrénée » et le risque de balkanisation du pays, l’ancien président par intérim de l’UDPS a appelé à une rupture avec ce qu’il considère comme les dérives du pouvoir actuel. La CGC, nouvelle plateforme politique regroupant une dizaine de partis, entend incarner une alternative sociale et démocratique dans un paysage politique en recomposition.
L’opposant congolais Jean-Marc Kabund a officialisé mercredi la création d’une nouvelle plateforme politique, la Coalition de la Gauche Congolaise (CGC), qu’il décrit comme une « expérience politique inédite » fondée sur les principes de justice sociale, de démocratie et de répartition équitable des richesses. Le lancement de cette structure intervient dans un contexte de tensions persistantes sur le plan sécuritaire en République démocratique du Congo.
S’exprimant devant ses partisans et plusieurs responsables de partis alliés à Kinshasa, l’ancien président par intérim de l’UDPS n’a pas mâché ses mots à l’égard du pouvoir en place. Dans une allocution au ton grave, Jean-Marc Kabund a dénoncé ce qu’il qualifie de dérives autoritaires et de malgouvernance, mettant en garde contre une menace croissante de fragmentation du territoire national. « Nous disons à Félix Tshisekedi que l’heure est grave (…). Notre pays court un danger de balkanisation comme jamais auparavant », a-t-il déclaré.
Selon lui, la crise que traverse actuellement la RDC serait alimentée par « l’extravagance obscène » du train de vie de l’État et « une corruption effrénée » érigée en système. Il accuse une élite restreinte de confisquer les ressources nationales au détriment du bien commun, laissant le pays s’enfoncer dans l’insécurité et l’instabilité.
Dans un appel direct au chef de l’État, Kabund a estimé que la responsabilité historique d’un éventuel effondrement de l’État congolais incombera à Félix Tshisekedi, l’invitant à « ignorer les tambourinaires et les chants de sirène » pour prendre des décisions « sans tergiverser ».
Une plateforme aux ambitions sociales affirmées
La Coalition de la Gauche Congolaise, qui regroupe une dizaine de partis et mouvements politiques, entend structurer une alternative politique clairement identifiée à gauche. Dans son manifeste, la CGC se présente comme porteuse d’un projet de société axé sur la justice sociale, la lutte contre les inégalités, la protection de l’environnement et la fin de la concentration du pouvoir. « Nous sommes la rupture », affirme le texte fondateur de la plateforme, qui ambitionne de représenter une gauche congolaise unifiée et active dans l’espace public.
Le lancement de la CGC marque un nouveau tournant dans la trajectoire de Jean-Marc Kabund, ancien compagnon de route du président Tshisekedi dont il s’est éloigné depuis 2022, à la suite d’une rupture politique retentissante. L’opposant, condamné en 2023 à une peine de prison qu’il a qualifiée de politique, entend désormais fédérer les forces critiques du régime autour d’une alternative cohérente et structurée.
Cette initiative intervient alors que la RDC fait face à une série de défis internes majeurs, notamment le regain de violence dans l’est du pays. Le discours de Kabund illustre les dynamiques de recomposition à l’œuvre dans le champ politique congolais, marqué par l’émergence de nouvelles forces critiques en quête de légitimité et d’ancrage populaire.
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