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10 septembre, 2025 - 18:20:35
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Genève : la RDC plaide pour la reconnaissance internationale de ses génocides

La République démocratique du Congo réclame justice et reconnaissance. À Genève, lundi 8 septembre, la conférence scientifique Genocost a porté haut la voix des victimes de trente années de violences extrêmes et de crimes contre l’humanité. Dans un plaidoyer vibrant, experts internationaux, responsables congolais et acteurs des droits humains ont convergé pour rappeler que la mémoire ne peut être sacrifiée sur l’autel de l’oubli et que l’impunité n’a pas sa place dans un État de droit. Au cœur de cette initiative, le Fonds national de réparation des victimes (FONAREV) symbolise une réponse concrète du pays pour panser ses plaies et reconstruire la dignité des communautés meurtries. Les intervenants ont insisté sur l’urgence d’une reconnaissance internationale des génocides commis en RDC et sur la nécessité d’un processus de justice crédible, inclusif et durable, afin que la vérité et la mémoire prévalent sur le silence et la division.

En marge de la 60ᵉ session du Conseil des droits de l’homme des Nations unies, Genève a accueilli lundi 8 septembre une conférence scientifique dédiée au Genocost, un événement parallèle destiné à promouvoir la reconnaissance internationale des génocides commis en République démocratique du Congo (RDC) au cours des trente dernières années. La rencontre a rassemblé des acteurs gouvernementaux congolais, des représentants d’organisations internationales, des experts en droits humains et des universitaires, tous engagés dans un même objectif : honorer la mémoire des victimes et affirmer que l’impunité ne saurait être tolérée.

Clôturant la conférence, le ministre d’État congolais en charge de la Justice, Guillaume Ngefa, a insisté sur le rôle de la mémoire et de la justice dans le processus de réconciliation nationale. « Reconnaître les génocides congolais, c’est honorer les victimes et affirmer que l’impunité ne sera jamais tolérée », a-t-il déclaré. Selon lui, la création du Fonds national de réparation des victimes (FONAREV) constitue « une réponse nationale forte, destinée à apporter consolation et réparation », alimentée notamment par une partie de la redevance minière. « Les ressources naturelles, longtemps associées à la tragédie et aux conflits, doivent cette fois servir à panser les plaies », a-t-il souligné.

Le ministre de la Justice a également rappelé la position constante du gouvernement : la RDC ne recherche ni vengeance ni division, mais la vérité et la justice. « Comme l’a déclaré le président Félix Tshisekedi, le peuple congolais aspire à la justice et à la reconnaissance des crimes qui ont décimé notre pays depuis trois décennies. La mémoire des disparus exige que nous soyons constants face à l’injustice. La solidarité que vous manifestez aujourd’hui est un pas essentiel vers la reconnaissance rapide et effective des génocides », a-t-il insisté, appelant à une action concertée de la communauté internationale pour soutenir les efforts nationaux.

Les interventions ont mis en lumière la gravité des crimes commis sur le territoire congolais depuis 1993. Le ministre des Droits humains, Samuel Mbemba, a rappelé que la RDC a été le théâtre d’une succession de crises humanitaires et de conflits d’une brutalité sans précédent. « Des guerres d’agression menées par des pays voisins et la sédentarisation dans l’Est de groupes armés étrangers ont transformé notre pays en un théâtre à ciel ouvert, où se sont déroulées, par vagues successives, les scènes les plus cruelles choquant la conscience de l’humanité », a-t-il affirmé, insistant sur le caractère systématique et planifié des violences qui ont affecté les populations civiles.

La conférence a également été l’occasion de revenir sur le rapport Mapping, document de référence sur les violations graves des droits humains et du droit international humanitaire en RDC. Présentant ses conclusions, Adama Dieng, premier envoyé spécial de l’Union africaine pour la prévention du génocide et autres atrocités de masse, a rappelé que le rapport mettait en évidence des massacres, des viols systématiques et d’autres formes de violences susceptibles d’être qualifiées de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité. « Le constat du rapport Mapping a conduit à des appels à la justice, à la fin de l’impunité et à des enquêtes et poursuites contre les responsables de ces actes », a-t-il déclaré, soulignant la nécessité d’une réforme profonde des systèmes judiciaires et sécuritaires pour prévenir la répétition des violations.

L’enjeu d’un processus de justice transitionnelle crédible a également été au centre des débats. La représentante spéciale du secrétaire général de l’ONU et cheffe de la Monusco, Bintou Keita, a réaffirmé l’engagement des Nations unies aux côtés de la RDC. « Il est essentiel que ce processus soit porté par les Congolais eux-mêmes, avec l’appui constant de leurs partenaires internationaux », a-t-elle indiqué, insistant sur la nécessité d’une approche inclusive et conforme aux standards internationaux. Selon elle, la construction d’une paix durable dans le pays constitue non seulement « une obligation morale », mais aussi « une responsabilité historique et une opportunité unique de transcender les blessures du passé en offrant aux victimes la possibilité de contribuer à un avenir meilleur ».

Les interventions ont mis en exergue la nécessité de protéger la dignité des victimes et des communautés affectées, et de rejeter toute instrumentalisation de l’histoire qui pourrait opposer les populations entre elles. Adama Dieng, premier envoyé spécial de l’Union africaine pour la prévention du crime de génocide et des autres atrocités de masse a rappelé que la mémoire des victimes doit primer sur l’oubli, et que seule une reconnaissance internationale forte permettrait de consolider la paix et la réconciliation.

Le ministre Ngefa a conclu la conférence en appelant à un engagement continu : « Au nom du président de la République et de notre gouvernement, je vous remercie pour votre solidarité. Elle est essentielle pour aboutir à la reconnaissance rapide et large des génocides congolais. Nous devons agir ensemble pour que la vérité et la justice prévalent et que les générations futures connaissent la paix et la dignité ».

L’événement a été salué par de nombreux participants comme un moment clé du plaidoyer international pour la reconnaissance des génocides en RDC, mettant en lumière à la fois la gravité des crimes passés et les initiatives positives de réparation et de justice entreprises par l’État congolais. Cette conférence scientifique s’inscrit dans un effort plus large de la RDC pour mobiliser la communauté internationale et renforcer les mécanismes de protection des droits humains, tout en donnant aux victimes une place centrale dans le processus de mémoire et de reconstruction.

Pitshou Mulumba, Envoyé spécial à Genève

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