L’industrialisation n’est plus un horizon lointain mais une exigence concrète pour la République démocratique du Congo. Longtemps dépendante des importations, l’économie nationale cherche à franchir un cap : transformer ses ressources sur place et bâtir une industrie compétitive. Les zones économiques spéciales (ZES) sont désormais au cœur de cette stratégie. Pensées comme des enclaves productives, elles attirent les investisseurs, allègent les formalités et stimulent la création d’emplois.
En présidant la réunion du Comité stratégique de pilotage des ZES, la Première ministre Judith Suminwa a rappelé cette ambition : faire des ZES des moteurs de croissance inclusifs. Car déjà, les premiers résultats sont tangibles. À Maluku, une usine de carreaux alimente la demande locale et occupe près de 80 % du marché de Brazzaville. Des entreprises pharmaceutiques et agroalimentaires se déploient, confirmant que le pari d’une production « Made in DRC » n’est plus un simple slogan.
Mais cette dynamique se heurte à des limites. Le site de Maluku, aujourd’hui saturé, illustre l’urgence d’anticiper les besoins en espace, en infrastructures et en planification foncière. Le gouvernement prévoit l’ouverture de sept nouvelles zones, du Katanga au Nord-Kivu, afin de diversifier les pôles industriels et d’éviter la concentration autour de Kinshasa.
Ces zones offrent des incitations fortes : guichets uniques pour réduire la bureaucratie, exonérations fiscales, accès sécurisé à l’énergie et à l’eau, concessions protégées. Elles séduisent les investisseurs étrangers mais doivent aussi mobiliser les entrepreneurs nationaux. Comme l’a souligné le ministre de l’Industrie, Aimé Boji, l’industrialisation congolaise ne sera durable que si elle s’appuie sur un tissu économique local.
Depuis son entrée en fonction, Judith Suminwa place la valorisation des ressources et l’emploi au centre de son action. Orienter les capitaux vers des activités à forte intensité de main-d’œuvre est une nécessité pour absorber une jeunesse en quête d’avenir. Les ZES deviennent l’illustration d’un choix stratégique : passer d’une économie extractive à une économie de production et d’innovation.
Les défis demeurent, mais la voie est tracée. En consolidant ces espaces de production, la RDC peut transformer ses atouts naturels en valeur ajoutée et inscrire son économie sur une trajectoire durable, créatrice d’emplois et porteuse de souveraineté.
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