Dans un contexte où la République Démocratique du Congo (RDC) aspire à émerger de décennies de défis multiformes, le député national Olivier Kasanda Katuala, élu de la circonscription de Lukunga à Kinshasa, s’apprête à déposer une proposition de loi innovante visant à fixer des critères minimaux d’accès aux fonctions gouvernementales, aux postes dans les entreprises et organismes publics, ainsi qu’aux fonctions diplomatiques. Cette initiative, qui s’inspire de pratiques internationales éprouvées, sera déposée au Bureau de l’Assemblée nationale ce lundi 15 septembre 2025, date coïncidant avec la rentrée parlementaire budgétaire de cette année en cours, et pourrait marquer un tournant dans la gouvernance du pays. Il s’agit de la troisième initiative législative de ce type pour le député Kasanda Katuala : sa première proposition, portant sur la réforme des conditions d’agrément des établissements de crédit, a été adoptée par l’Assemblée nationale en première lecture en juin dernier ; la deuxième, qui sera également déposée le 15 septembre, concerne la réforme de l’ordonnance-loi portant nomenclature des impôts, droits, taxes et redevances dévolues à la province et aux Entités Territoriales Décentralisées (ETD), dans laquelle il plaide pour la dévolution de certaines recettes-clés d’intérêt commun aux ETD (la ville ou la commune) afin de leur permettre de s’autofinancer. Dans cet entretien exclusif, le député Kasanda Katuala explique les fondements de cette réforme, ses motivations personnelles et ses perspectives sur son accueil par la classe politique et l’opinion publique. Ses réponses, empreintes d’optimisme, soulignent l’urgence d’un sursaut collectif pour le développement de la nation, en revenant abondamment sur les points saillants de la réforme (ciblant les membres du gouvernement, les mandataires publics et les représentants diplomatiques) et en décortiquant leurs retombées positives pour le pays.
Infos27 : Monsieur le Député, vous avez initié cette proposition de loi qui impose des critères minimaux pour l’accès à des postes clés. Quelles sont les raisons principales qui vous ont poussé à proposer une telle réforme en RDC, et pouvez-vous nous décortiquer les points saillants concernant les membres du gouvernement ?
Député Olivier Kasanda Katuala : Merci pour cette opportunité de m’exprimer. Les raisons sont claires et ancrées dans la réalité de notre pays. La RDC, avec ses dimensions continentales et ses richesses immenses, fait face à une crise multiforme depuis des décennies : conflits persistants, corruption, pauvreté et défaillance des services publics. Ces défis trouvent souvent leurs racines dans une gouvernance qui n’a pas toujours priorisé les compétences et l’expertise. C’est pourquoi cette réforme vise à confier les postes clés à des mains expertes, en ciblant trois catégories principales : les membres du gouvernement, les mandataires publics et les représentants diplomatiques. Permettez-moi de décortiquer ces points un par un, en expliquant leurs retombées positives.
Commençons par les membres du gouvernement, comme les ministres et vice-ministres. Ma proposition de loi suggère un diplôme de licence (bac +5) ou un master ou équivalent dans un domaine pertinent au portefeuille ministériel, OU au moins 10 années d’expérience professionnelle dans le secteur concerné, dont 5 ans dans le privé ou une organisation internationale. De plus, dans les six mois suivant la nomination, le ministre doit obtenir un certificat d’Executive Education dans une institution de renom international, et suivre annuellement une formation de deux semaines à l’étranger sur des thématiques liées à son ministère. Ces critères s’appliquent mutatis mutandis aux secrétaires généraux et hauts fonctionnaires de l’administration publique. Les retombées positives pour le pays sont immenses : une gestion plus efficace des ressources publiques, des politiques économiques cohérentes qui attirent les investissements, et des avancées rapides dans des secteurs comme la santé ou l’éducation. Imaginez des ministres experts impulsant des réformes qui réduisent la pauvreté et renforcent la sécurité; c’est cela qui propulsera la RDC vers l’émergence. C’est ainsi que j’en appelle au Chef de l’État, SEM Félix-Antoine Tshilombo Tshisekedi, pour qu’il porte cette initiative nécessaire, car elle est essentielle au développement de notre pays.
Pouvez-vous nous en dire plus sur vos motivations personnelles ? Et en continuant sur les points saillants, comment la réforme aborde-t-elle les mandataires publics dans les entreprises et organismes publics ?
Mes motivations sont profondément patriotiques et tirées de mon expérience à la fois en tant qu’ancien haut cadre d’entreprise dans le privé qu’élu et observateur de la scène nationale. J’ai vu comment des nominations basées sur des allégeances partisanes plutôt que sur des compétences ont parfois entravé nos avancées, tandis que des choix éclairés, fondés sur l’expertise, ont impulsé des réformes positives. La RDC regorge de talents qualifiés. Des Congolais formés dans des universités prestigieuses, avec des carrières solides au pays ou à l’étranger, sont trop souvent écartés au profit de profils purement politiques. Ma motivation est de valoriser ces experts, de briser ce cercle vicieux et de bâtir un État moderne où le mérite prime. C’est un acte d’amour pour notre nation, et je suis convaincu que cela restaurera la confiance des citoyens.
Poursuivons avec les points saillants pour les mandataires publics, comme les directeurs généraux ou administrateurs dans les entreprises publiques et organismes assimilés (régies, agences, établissements publics). La proposition de loi exige, de manière alternative et non cumulative pour les deux premiers critères, un diplôme de licence (bac +5) ou un master ou équivalent dans un domaine pertinent au secteur d’activité, OU au moins 10 années d’expérience professionnelle dans le domaine (laquelle peut être acquise indifféremment dans le secteur public, privé ou une entité internationale). Dans les six mois suivant la nomination, un certificat d’Executive Education adapté au secteur est obligatoire, suivi d’une formation annuelle de deux semaines à l’étranger. Les retombées positives sont évidentes : une professionnalisation des entreprises publiques comme la SNCC ou la REGIDESO, menant à une meilleure efficacité opérationnelle, une réduction des pertes financières, et une contribution accrue au PIB. Encore une fois, je demande à SEM le Président Félix-Antoine Tshilombo Tshisekedi de soutenir cette réforme, car son leadership visionnaire peut en faire un pilier du développement durable de la RDC.
Comment appréhendez-vous la réception de cette proposition par la classe politique, qui pourrait se sentir visée par ces nouveaux critères ? Et par l’opinion publique en général ? Enfin, pour clore sur les points saillants, quelles sont les dispositions pour les représentants diplomatiques ?
Je l’appréhende avec un grand optimisme, car cette réforme n’est pas une critique de la classe politique, mais un outil pour l’enrichir et la renforcer. Parmi mes collègues députés et dans l’ensemble de la classe dirigeante, je sais qu’il y a une prise de conscience croissante de notre retard structurel et de la nécessité de changer de paradigmes. Beaucoup reconnaîtront que ces critères élèveront le niveau global de notre administration. Notez que la proposition de loi exclut le Premier Ministre, les Gouverneurs et Vice-Gouverneurs, et prévoit pour les provinces un édit de l’Assemblée provinciale inspiré de ces principes. Toute nomination contraire est nulle, et la personne nommée en violation de ces critères s’expose à des sanctions, sauf bonne foi démontrée. Quant à l’opinion publique, je suis persuadé qu’elle l’accueillera positivement : les Congolais, fatigués des inefficacités, aspirent à des leaders compétents qui résolvent leurs problèmes quotidiens. Cette loi restaurera leur foi en l’État et attirera les investissements. C’est un pas vers un Congo prospère pour tous.
Enfin, décortiquons les dispositions pour les représentants diplomatiques, comme les ambassadeurs ou consuls affectés à l’étranger. Ils doivent détenir, de manière alternative et non cumulative pour les deux premiers critères, un diplôme de licence (bac +5) ou un master en relations internationales, droit international, sciences politiques ou domaine connexe, OU justifier de 10 années d’expérience en diplomatie ou secteurs connexes, dont 5 ans dans une mission diplomatique ou organisation internationale. Dans les six mois suivant l’affectation, un certificat d’Executive Education en diplomatie est requis, suivi d’une formation annuelle de deux semaines sur des thématiques pertinentes. Le Ministère des Affaires Étrangères vérifie ces critères. Les retombées positives sont énormes : une diplomatie plus professionnelle renforcera nos partenariats internationaux, attirera des aides et investissements, et contribuera à la paix régionale. Prenons l’exemple des succès diplomatiques de la RDC face au Rwanda depuis la nomination de Thérèse Kayikwamba, une diplomate chevronnée et aguerrie, à la tête du ministère des Affaires étrangères : des pressions internationales accrues, un accord de paix signé à Washington en juillet 2025, et une réduction des tensions grâce à une diplomatie experte. Inspiré de pays comme l’Afrique du Sud ou le Kenya, cela positionnera la RDC comme un acteur crédible sur la scène mondiale. Et je réitère mon appel au Chef de l’État, Félix-Antoine Tshilombo Tshisekedi : portez cette réforme, Excellence, car elle est fondamentale pour le développement et l’unité de notre pays bien-aimé.
Propos recueillis par Pitshou Mulumba