À Kinshasa, DRC Investment Forum s’est ouvert dans un climat d’optimisme mesuré, mais déterminé. Derrière les exposés, une conviction s’est imposée : l’avenir de la République démocratique du Congo passe par la transformation de son potentiel agricole en richesse tangible. Gandi Mole, PDG de Mole Groupe, s’est fait la voix de cette ambition. « L’agriculture de la RDC, c’est l’avenir de notre pays », a-t-il martelé devant un parterre d’investisseurs et de décideurs, réunis à l’Hôtel du Fleuve. À ses yeux, il ne s’agit pas d’un pari lointain mais d’une urgence immédiate, portée par la jeunesse et consolidée par de grands projets structurants, à l’image du parc agro-industriel de Mbanza-Ngungu. Entre enthousiasme, lucidité et appel à l’action, l’entrepreneur a incarné l’esprit d’un forum qui veut marier opportunités et réalisme.
À l’Hôtel du Fleuve, ce lundi 22 septembre, l’ouverture du DRC Investment Forum a donné le ton d’un rendez-vous stratégique pour l’avenir économique de la République démocratique du Congo. Décideurs politiques, entrepreneurs locaux, investisseurs étrangers et partenaires au développement ont convergé vers Kinshasa pour discuter des conditions d’un nouvel élan économique. Parmi les voix écoutées de la première journée figurait celle de Gandi Mole, PDG de Mole Groupe, un acteur international diversifié mais fortement engagé dans le secteur agroalimentaire.
Son intervention a été marquée par une conviction profonde : « Aujourd’hui, on a bien compris que la RDC n’était pas encore un pays agricole, mais c’était un pays à en devenir, et que les choses sont en train de se mettre en place. Je pense que les futures années seront propices pour le secteur agroalimentaire de la RDC », a déclaré l’entrepreneur, convaincu que la transformation structurelle du pays passera par les champs et les usines de transformation.
Entre opportunités et contraintes
Le propos de Gandi Mole s’est voulu lucide. L’homme d’affaires n’a pas minimisé les difficultés. « Mon exposé était simple, c’était de donner une vision globale sur la manière d’investir au niveau de la RDC, les opportunités qu’offre le pays dans l’agroalimentaire et aussi les contraintes, les difficultés qu’on rencontre nous autres opérateurs économiques. » Un aveu franc, qui contraste avec les promesses parfois abstraites de tels forums. Les obstacles demeurent nombreux : infrastructures insuffisantes, coûts logistiques élevés, lenteurs administratives. Mais pour lui, ces défis ne doivent pas occulter le potentiel considérable.
« Hormis ça, on est là parce qu’on voit que les opportunités sont plus fortes que les difficultés. Oui, c’est faisable, oui, il faut s’y intéresser. La RDC, je pense que c’est l’avenir – je ne pense pas, je suis sûr que c’est l’avenir du continent africain dans le secteur de l’agriculture », a-t-il insisté, provoquant l’adhésion d’une partie du public.
Miser sur la jeunesse
Dans un pays où près de 70 % de la population a moins de 25 ans, Gandi Mole a lancé un appel clair à la jeunesse congolaise : « J’inciterai les jeunes à s’intéresser à l’agriculture, sur aujourd’hui, pas demain. » Un message en phase avec la volonté affichée par les autorités d’encourager l’entrepreneuriat des jeunes et de diversifier une économie trop dépendante des exportations minières.
Le pari du parc agro-industriel de Mbanza-Ngungu
Mole Groupe n’entend pas se limiter aux paroles. L’entreprise a engagé des discussions avancées avec le gouvernement autour d’un projet de parc agro-industriel à Mbanza-Ngungu, dans la province du Kongo-Central. Ce chantier, l’un des plus ambitieux du secteur agricole congolais, vise la mise en valeur de 104 000 hectares, pour un investissement estimé à un milliard de dollars.
« Le projet du parc agro-industriel de Mbanza-Ngungu avance très bien. Aujourd’hui, nous sommes dans la phase cruciale de structuration. Les études techniques, la levée des fonds, la cartographie des cultures : tout cela est en cours. On peut prétendre commencer la construction du projet pour l’été 2026. C’est un travail énorme, mais on avance bien. »
Ce projet, s’il aboutit, pourrait changer la donne. Il vise non seulement à améliorer la sécurité alimentaire nationale, mais aussi à positionner la RDC comme exportateur régional de produits agroalimentaires transformés, créant des milliers d’emplois directs et indirects.
Une plateforme d’échanges stratégique
DRC Investment Forum se veut plus qu’un simple rendez-vous. Pendant deux jours, les 22 et 23 septembre, il ambitionne de devenir une plateforme d’échanges incontournable entre décideurs, entrepreneurs et investisseurs. Les discussions portent sur l’agriculture, l’industrie, la transformation locale et les grandes orientations économiques. L’objectif affiché est clair : accélérer la mise en œuvre des projets structurants, dans un pays où les attentes sociales sont immenses.
Pour Gandi Mole, l’initiative est salutaire : « On a pu échanger avec des participants de qualité, et chacun a donné sa vision des choses. À la suite de cet événement, je pense qu’aujourd’hui, on avance gentiment, les gens commencent à comprendre un peu. »
À travers ses propos, Gandi Mole a incarné une posture faite d’enthousiasme et de réalisme. Loin des slogans, son plaidoyer repose sur une expérience concrète de terrain, confrontée à la réalité des affaires en RDC. Mais derrière cette lucidité, demeure une certitude : la RDC a les moyens de se hisser au rang des grandes nations agricoles.
L’homme d’affaires a conclu son intervention par un appel à la mobilisation collective : « Pour moi, aujourd’hui, l’agriculture, surtout celle de la RDC, est l’avenir de notre pays. Et moi, en tant que jeune entrepreneur, je suis convaincu que nous devons investir dès maintenant. »
Pitshou Mulumba