Fils du défunt maréchal du Zaïre, Mobutu Nzanga a accueilli l’ambassadeur du Royaume du Maroc, Rachid Agassim, lors de sa visite à l’exposition « Mobutu : une vie, un destin », présentée au Musée national de Kinshasa. Un “moment privilégié”, selon lui, qui a permis d’évoquer les pages sensibles de l’histoire congolaise et leur résonance dans le présent. À l’heure où la RDC cherche à réaffirmer son récit national tout en consolidant ses alliances africaines, cette rencontre illustre la montée en puissance d’une diplomatie culturelle appuyée sur la mémoire. Depuis une dizaine de jours, la famille de l’ancien président du Zaïre expose une vaste rétrospective dédiée au maréchal Mobutu Sese Seko. Photographies, vidéos, statues, œuvres d’art, fauteuils symboliques, archives journalistiques et objets personnels occupent les deux niveaux du Musée national, offrant une lecture nuancée d’une figure centrale de l’histoire du pays. Les organisateurs insistent sur leur volonté de bâtir un espace de « mémoire collective et de réflexion », particulièrement destiné à la jeunesse.
Guidé dans les différentes séquences de l’exposition, l’ambassadeur marocain a revisité les grandes étapes du long règne de Mobutu, dirigeant du Zaïre pendant 32 ans, “père de l’authenticité” mais aussi homme en exil à la fin de sa vie. Déchu en 1997 après l’avancée de l’AFDL, Mobutu Sese Seko s’était réfugié au Maroc, où il est décédé le 7 septembre 1997 dans un hôpital militaire de Rabat, des suites d’un cancer de la prostate. Inhumé quelques mois plus tard au cimetière européen de la capitale marocaine, il y repose encore aujourd’hui. Cette dimension biographique, profondément liée à Rabat, donne à la visite du diplomate une charge symbolique particulière.
Loin d’une entreprise de glorification ou de dénigrement, l’exposition s’attache à offrir une relecture apaisée de cette période charnière. Les débats programmés en marge de l’événement visent à replacer les héritages, les ruptures et les continuités dans une perspective historique plutôt qu’idéologique.
Une portée politique assumée
Inviter un ambassadeur à une exposition d’histoire politique n’a rien d’anodin. À l’heure où la RDC renforce son positionnement régional et où le Maroc apparaît comme un partenaire stratégique, cette rencontre relève d’une diplomatie de la mémoire visant à consolider la compréhension mutuelle. En accueillant le représentant d’un pays où repose encore l’ancien président, Mobutu Nzanga inscrit la mémoire dans une démarche résolument contemporaine : clarifier le passé pour mieux renforcer les relations actuelles.
Au-delà de l’hommage patrimonial, cette exposition ouverte jusqu’au 30 octobre se veut un exercice de lucidité. Une manière d’affirmer que la mémoire, lorsqu’elle est assumée et partagée, peut devenir un outil politique pour accompagner les transformations nationales et régionales.
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