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Kinshasa
21 novembre, 2024 - 23:38:09
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Tourisme, forte dose d’optimum à Mpambia pour relever un secteur crève-misère

Didier Mpambia Musanga hérite d’un secteur soumis à une cure de crève-misère au profit d’intérêts égoïstes et obscurs. Pour la DGRAD, le tourisme génère moins de 4 milliards de FC de recettes en 2024, soit environ 1,4 million de dollars. Les comptes spéciaux et autres structures établis par le gouvernement central à Kinshasa, ainsi que les taxes créées de manière aléatoire par les gouverneurs des provinces, ont dépouillé le ministère de l’essentiel de ses revenus.

Le tourisme constitue sans doute le secteur où les assujettis s’accordent à ne rien payer à l’État. Pour l’exercice 2024, ce service d’assiette, dont les recettes sont encadrées par la DGRAD, a décidé de ne rien prévoir comme recettes sur les taxes des services déterminés. De plus, la guerre dans l’Est du pays réduit encore plus les recettes, étant donné que les provinces à fort potentiel touristique (Nord-Kivu et Ituri) se trouvent dans cette région, déplore la DGRAD. “Les conflits de compétences entre les provinces et le pouvoir central en matière de perception des taxes relatives à l’exploitation des hôtels et restaurants”, poursuit la DGRAD, ne maximisent pas les recettes du tourisme.

En provinces, apprend-on, les gouvernorats ont décidé de “la rétrogradation des hôtels et restaurants par la commission de classification et d’homologation qui se trouve en province” afin de s’épargner du contrôle de Kinshasa.

Le ministère du Tourisme fait impasse sur plusieurs redevances telles que celles sur les billets de voyage, les billets d’avion du réseau domestique, les billets d’avion du réseau international, les voyages ferroviaires dépassant les frontières d’une province, les voyages lacustres ou maritimes dépassant les frontières d’une province, et les nuitées (hôtels à partir de 2 étoiles).

Ainsi, au Secrétariat général, l’on espère vivement que Didier Mpambia s’activera à la poursuite de la numérisation du système de collecte des données pour permettre l’identification des assujettis (hôtels, restaurants, sites touristiques, etc.) et à réviser l’arrêté portant classification des hôtels et restaurants ainsi que la création des zones d’expansion touristique. Il est également urgent d’organiser des missions mixtes de contrôle (DGRAD/Tourisme) pour disposer d’un répertoire actualisé des opérateurs du secteur. Dans le budget Sama pour l’exercice 2024, le ministère du Tourisme devrait réhabiliter les sites touristiques de Kitona, au Kongo-Central, et de Masimanimba, dans l’ex-Grand Bandundu.

Forte dose d’optimisme

Il est aussi prévu la réhabilitation et la modernisation de 80 studios ainsi que la transformation de 20 dortoirs en 140 appartements. Mais le Secrétariat général du Tourisme ne précise pas où. Sinon que 4,5 milliards de FC, soit un peu plus de 1,6 million de dollars, sont prévus pour ces réhabilitations et transformations.

Didier Mpambia devra faire preuve d’un optimisme fort pour sortir le secteur touristique congolais d’un marasme savamment entretenu, résultant d’un coulage des recettes profitant à des intérêts égoïstes au sein des services et établissements publics du secteur et/ou des domaines connexes, dont l’Office national du tourisme (ONT) et l’ICCN, qui relève du ministère de l’Environnement mais a des ramifications évidentes avec le tourisme.

Certains analystes estiment que le ministère de l’Environnement et l’ICCN devraient se partager les fruits de certains faits générateurs de recettes. Il se trouve que les recettes traçables que la RDC tire de ses parcs viennent, étonnamment, du Rwanda, où se sont réfugiées les familles des gorilles fuyant les affrontements dans la région du Kivu. “Nous avons eu un arrangement pour que les revenus générés par cette famille grâce au tourisme soient partagés à parts égales entre la RDC et le Rwanda”, avait déclaréAugustin Kanyunyi, directeur intérimaire du Programme international de conservation des gorilles.

Chaque touriste paie 500 dollars pour visiter une famille de gorilles, selon la même source, et cela tous les jours. Cependant, le montant global de la somme rétrocédée n’a jamais été révélé, ni côté rwandais, ni côté congolais. Eve Bazaiba et Modero Nsimba avaient accusé les deux DG défenestrés de l’ICCN de détournements de ces fonds. Mais combien? Aucune trace, même entre les lignes, dans les correspondances et déclarations des ministres concernés.

Le dernier recensement effectué en 2010 conjointement par la RDC, l’Ouganda et le Rwanda dans le massif des Virunga indiquait une population de gorilles de 480 individus (contre 380 lors du précédent recensement en 2003). À ce groupe s’ajoutent environ 300 gorilles des montagnes de la forêt de Bwindi. Si Kigali soutient verser à la RDC 50 % des recettes qu’il perçoit lors de la visite des gorilles congolais par des touristes, cet argent ne figure nulle part dans le budget de l’État. Pis, l’Office national du tourisme (ONT) n’est même plus repris dans le budget général de l’État.

Ces dix dernières années, tous les cadres budgétaires à moyen terme notent que la politique du gouvernement dans le secteur du tourisme repose sur le renforcement des capacités institutionnelles et la promotion du tourisme à travers l’amélioration de la gouvernance administrative et technique, le renforcement des cadres légaux et réglementaires, ainsi que celui de la collaboration intersectorielle, la promotion et le développement du tourisme, le renforcement des capacités du secteur du tourisme, la construction des infrastructures d’accueil et l’aménagement des sites touristiques.

Mais tout cela n’est que du blabla. Les seuls parcs ou réserves animalières véritablement opérationnels et rentables sont privés : celui du sénateur à vie Joseph Kabila à Kingakati, dans la banlieue kinoise, et ceux de Moïse Katumbi et Claude Muyambo, à la sortie de Lubumbashi. Ces opérateurs économiques paient-ils leurs recettes?

FPT, un compte spécial pour dépouiller le ministre

Certains experts estiment que le nouveau ministre du Tourisme devrait évaluer l’opportunité du compte spécial dénommé Fonds de promotion du tourisme (FPT) qui a dépouillé le ministère et le Secrétariat général de juteux actes générateurs de recettes, dont la redevance sur les billets d’avion du réseau international, qui avait rapporté plus de 17 milliards de FC l’an dernier, et le FPT en espère plus de 20 milliards cette année, soit plus du quintuple de toutes les prévisions de recettes du ministère du Tourisme. Les autres redevances juteuses portent sur les billets d’avion du réseau domestique, les agences de voyage, les nuitées, les repas et boissons, etc. Dans le secteur du tourisme, le DG du FPT pèse financièrement bien plus lourd que son “Excellence le ministre”, qui a pourtant un plus grand nombre de personnels à gérer et à satisfaire les besoins. “Il s’impose de corriger cette désinvolture”, soutient un directeur au Secrétariat général.

Actuellement, les seuls actes générateurs de recettes qui rapportent encore du menu fretin au ministère du Tourisme sont les taxes sur l’autorisation d’exercer une activité de production, de traitement, d’extraction, de recherche, d’exploitation professionnelle et d’agrément, la taxe sur la licence d’exploitation pour hôtel (à partir de deux étoiles), la taxe sur la licence d’exploitation pour restaurant (à partir de deux fourchettes), la taxe sur la licence d’exploitation pour agence de voyage ou similaire (catégorie A et B), la taxe sur le permis d’exploitation d’un site touristique appartenant à l’État. Il y a aussi des actes relevant de droits administratifs tels que la taxe d’agrément d’une association touristique, la taxe d’agrément d’un hôtel, la taxe d’agrément d’un restaurant, la taxe d’agrément d’une agence de voyage, la taxe d’homologation pour hôtel (à partir de 2 étoiles), restaurant (à partir de 2 fourchettes) et agence de voyage et similaire (catégorie A et B), ainsi que les rares amendes transactionnelles. Mais globalement, les recettes non fiscales du tourisme n’excèdent guère 1,5 million de dollars. Attendons de voir Didier Mpambia à l’œuvre.

Pold LEVI (CP)

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