Le Président Félix Tshisekedi a rencontré mercredi son homologue ougandais Yoweri Museveni à Entebbe, pour une séance de travail axée sur la situation sécuritaire dans l’Est de la République démocratique du Congo, où sévit notamment le terrorisme des ADF. Cette rencontre, tenue deux semaines après des discussions entre hauts responsables militaires des deux pays à Kinshasa, vise à renforcer les efforts conjoints de stabilisation de cette région troublée. Outre les questions de sécurité, les deux chefs d’État ont abordé des dossiers stratégiques, tels que l’exploitation pétrolière et les infrastructures, renforçant ainsi le partenariat bilatéral entre la RDC et l’Ouganda dans une optique de paix et de développement régional. Pour de nombreux observateurs, l’approche de Kinshasa envers son voisin ougandais, dont les liens avec le Rwanda suscitent des doutes quant à sa sincérité, s’inscrit dans une stratégie prudente visant à éviter la multiplication de fronts coûteux. En effet, alors que la RDC fait face à des menaces sécuritaires multiples, notamment de la part des ADF (Allied Democratic Forces), la nécessité de gérer efficacement ses relations diplomatiques est primordiale. Cette dynamique peut être perçue comme une danse délicate, où le gouvernement congolais cherche à maintenir un équilibre entre la nécessité de coopérer avec un partenaire potentiellement “ennemi” et le besoin de sécuriser ses propres intérêts nationaux. La métaphore du “dîner à des couverts longs avec le diable identifié” souligne cette réalité. Cela dit, les intérêts nationaux devraient toujours primer sur toute autre considération. Kinshasa a l’opportunité d’inverser la tendance dans les relations au sein de la sous-région en engageant des dialogues constructifs avec d’autres voisins qui, jusqu’à présent, affichent une volonté de coopération rationnelle et bénéfique. L’Ouganda en fait partie, notamment à travers sa coopération militaire avec la RDC dans la lutte contre les ADF. Ces opérations conjointes démontrent que la coopération ne doit pas être entravée par des soupçons ou des rivalités historiques, mais plutôt fondée sur des objectifs communs de sécurité.
Le Président Félix Tshisekedi, accueilli au début de l’après-midi, mercredi 30 octobre, à Entebbe par son homologue ougandais Yoweri Museveni, a entamé une séance de travail en tête-à-tête au State House, centrée sur la crise sécuritaire persistante dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC). Cette rencontre bilatérale fait suite à une réunion qui s’est tenue récemment à Kinshasa entre des officiers supérieurs des Forces armées de la RDC (FARDC) et de l’armée ougandaise (UPDF), visant à évaluer les actions militaires conjointes contre les rebelles des ADF (Allied Democratic Forces), responsables de violences meurtrières dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri.
Au terme de trois heures d’échanges qualifiés de « très enrichissants et prometteurs », le Président Tshisekedi a exprimé un sentiment d’optimisme quant aux engagements pris par les deux pays pour la stabilisation de cette zone en proie aux violences armées. « Les discussions très enrichissantes et très prometteuses que nous avons eues ont tourné essentiellement autour du processus de paix, cette paix que nous voulons pour notre région », a déclaré le Président congolais, insistant sur la nécessité d’une coopération renforcée pour aboutir à des résultats concrets. Il a également manifesté son espoir que les engagements de cette séance se concrétisent rapidement, en misant sur la « sagesse » de son homologue ougandais pour transformer les paroles en actions.
Pour sa part, le Président Yoweri Museveni a ajouté que cette réunion a permis d’aborder des « questions sécuritaires bilatérales entre l’Ouganda et la RDC, ainsi que sur la sécurité dans la sous-région ». Au-delà des préoccupations sécuritaires, les deux chefs d’État ont aussi évoqué des sujets économiques stratégiques, notamment l’exploitation du pétrole sur le Lac Albert, dont les ressources suscitent de grands espoirs pour les économies des deux pays, et les infrastructures routières transfrontalières, qui représentent un atout essentiel pour l’intégration régionale et le développement économique de la sous-région.
Dans la foulée des discussions, le Président ougandais Yoweri Museveni a réaffirmé son engagement à poursuivre la construction des routes Kasindi-Beni-Butembo, ainsi que celle, potentiellement future, reliant Bunagana à Rutshuru et Goma. Ces infrastructures sont jugées essentielles pour faciliter les échanges commerciaux entre la République démocratique du Congo (RDC) et l’Ouganda, tout en contribuant à la stabilisation de la région. En réaction à cette annonce, le Président congolais Félix Tshisekedi a exprimé son soutien à cette initiative, soulignant qu’elle s’inscrit dans les priorités stratégiques de leur coopération bilatérale. « C’est l’une des motivations de notre adhésion à l’EAC », a-t-il précisé, évoquant l’importance de ces projets routiers pour l’intégration régionale et le développement économique. Toutefois, il a également souligné que les progrès dans ce domaine avaient été entravés par l’agression dont son pays est actuellement victime de la part du Rwanda.
Il est évident que la République démocratique du Congo cherche à tirer parti de cette dynamique afin de renforcer ses relations avec d’autres États de la région. En adoptant une approche à la fois ouverte et coopérative, tout en demeurant vigilant quant aux intentions de ses partenaires, Kinshasa peut œuvrer à la construction d’un avenir plus stable pour la région, où les intérêts économiques et la sécurité nationale convergent. Cela requiert une vision claire, une diplomatie habile et une détermination à établir des ponts, même avec ceux qui, par le passé, ont pu apparaître comme des partenaires ambigus.
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