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Kinshasa
30 novembre, 2025 - 17:53:33
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Procès Kabila : La haute cour militaire tranche ce mardi

Ce mardi 30 septembre, la République démocratique du Congo retient son souffle. Pour la première fois depuis son indépendance en 1960, un ancien chef de l’État est sur le point d’entendre la décision de la plus haute juridiction militaire du pays. Joseph Kabila, qui a dirigé la RDC de 2001 à 2019, est poursuivi pour des crimes d’une gravité sans précédent : trahison, complicité présumée avec le M23 soutenu par le Rwanda, crimes de guerre, viols, torture et occupation armée de la ville de Goma. À Kinshasa comme dans l’Est meurtri par deux décennies de conflits, l’attente est fébrile. Plus qu’un verdict, c’est un moment d’histoire : celui où la justice congolaise affirme sa capacité à juger les plus hauts responsables, brisant une tradition d’impunité et ouvrant une nouvelle ère de responsabilité politique et judiciaire.

Ouvert en juillet 2025, le procès de Joseph Kabila se déroule en l’absence de l’ancien président, exilé à l’étranger depuis plus de deux ans avant de se rendre à Goma, chef-lieu du Nord-Kivu sous occupation du Rwanda et de ses supplétifs de l’AFC/M23. La haute cour militaire a pourtant choisi de poursuivre les débats, soulignant l’importance d’établir la vérité judiciaire sur les années de plomb vécues par l’Est du pays. Jamais, dans l’histoire de la RDC, une telle procédure n’avait été engagée contre un ancien chef de l’État, symbole d’une rupture avec l’héritage de l’impunité.

Des accusations d’une rare gravité

Le ministère public, représenté par l’auditeur général Lucien-René Likulia, a dressé un réquisitoire implacable. Parmi les charges : participation à un mouvement insurrectionnel, homicide intentionnel, apologie de crimes de guerre, mais aussi crimes contre la paix et la sécurité de l’humanité. L’accusation se concentre sur les liens présumés entre Joseph Kabila et le mouvement rebelle M23, accusé d’avoir semé la terreur dans l’Est de la RDC. Les procureurs ont requis la peine de mort, assortie de lourdes peines complémentaires pouvant aller jusqu’à 35 ans de prison.

Les victimes réclament réparation

Les provinces touchées par les violences se sont constituées parties civiles, réclamant des compensations évaluées à plus de 30 milliards de dollars. Une somme qui, au-delà de son caractère symbolique, traduit l’ampleur des destructions et des traumatismes humains causés par les conflits. Les débats se sont animés autour de nouvelles demandes de requalification, notamment en espionnage, et de convocations de témoins sur les circuits financiers présumés de l’AFC/M23 liés à Kabila.

Un débat relancé sur l’identité nationale

La question sensible de la nationalité de Joseph Kabila a resurgi au cours des audiences, alimentant les polémiques sur ses origines et ses alliances supposées avec des figures comme Corneille Nangaa, leader politique de l’AFC/M23. Si cette piste n’a pas été tranchée par la Cour, elle a ravivé un débat récurrent sur l’appartenance et la légitimité à gouverner en RDC.

Le 19 septembre, la haute cour militaire s’est déclarée « suffisamment éclairée », plaçant l’affaire en délibéré. Ce mardi, le verdict attendu pourrait constituer un jalon majeur dans la consolidation de l’État de droit congolais. Quelle que soit l’issue, le procès marque déjà une rupture : l’affirmation d’une justice qui ose juger l’ancien chef de l’État, et qui place les victimes et la vérité au cœur de son travail.

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