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Kinshasa
23 novembre, 2024 - 09:08:03
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A bâtons rompus avec Ferdinand Lufete

Dans une interview accordée à Infos27, Ferdinand Lufete, président de l’Alliance pour le Développement et la République (ADR)/France, a fait un décryptage de la situation sécuritaire prévalant dans l’Est de la République démocratique du Congo. Il s’est insurgé contre le soutien actif dont bénéficie le mouvement terroriste M23 de la part du Rwanda qui commet des crimes et pille des ressources minières du Congo. Cela, avec la bénédiction de grandes puissances et des multinationales dont il sert les intérêts dans la région des Grands Lacs africains. Etant donné que le président de la République a, lors de son second mandat, fait le rétablissement de la paix dans l’Est de la RDC, son cheval de bataille, cet acteur politique estime que les Congolais doivent rester « confiants en l’avenir ». Pour lui, la situation de l’Est de la RDC « n’est pas une fatalité ». « Elle est réversible, c’est dire qu’il est possible d’y mettre fin ». Quoi de plus normal qu’il invite les Congolais, et à leur tête le président Félix Tshisekedi, de désigner les coupables – à la fois à l’intérieur et à l’extérieur du pays – et d’envisager par tous les moyens de mettre les groupes armés hors d’état de nuire. Pour ce faire, le président de l’ADR)/France estime que la RDC a besoin de se doter d’une armée forte, dissuasive, républicaine et patriote. A l’en croire, c’est tout simplement une question de volonté politique. Par ailleurs, Ferdinand Lufete a déclaré qu’il est indéniable que les Congolais finiront par se révolter contre cette guerre injuste qui lui est imposée par le Rwanda, et aussi contre ceux qui soutiennent de façon sournoise les criminels.

Un mois après sa prestation de serment pour un second mandat présidentiel, Félix Tshisekedi est brutalement rattrapé par l’une de ses promesses électorales, à savoir rétablir la paix dans l’Est du pays. D’aucuns disent qu’il est encore loin. Qu’en pensez-vous ?

Ce jour-là, nous l’avons tous suivi avec un grand intérêt. Le président Félix Tshisekedi a juré solennellement, devant les juges de la Cour constitutionnelle, de défendre la Constitution et les lois de la République, de maintenir l’indépendance et l’intégrité territoriale. Ce que je veux dire, restons confiants en l’avenir. Ce qui fait la force du Mouvement du 23mars (M23), ce groupe rebelle qui sème le chaos dans l’Est du pays, c’est l’appui dont il bénéficie de la part des Forces rwandaises de défense (FRD) qui intervient directement sur le sol congolais. Des preuves existent. Sinon, posons-nous la question suivante : qui arme le M23 ? Les propos du Secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, estimant que le M23 est une « armée moderne » répondent bien à la question et en dit long sur le soutien actif du Rwanda à ce groupe rebelle. Et le Rwanda, qui commet des crimes et pille des ressources minières du Congo, est au service des grandes puissances et des multinationales dans la région des Grands Lacs africains. La RDC, et cela se sait, est l’objet d’un complot international. Néanmoins, le M23 et les FRD ne sont pas invincibles. Ceux qui disent que le président Félix Tshisekedi est loin de rétablir la paix dans l’Est souhaitent tout simplement qu’il négocie avec Paul Kagame. Négocier, mais à quel prix ? Sous Joseph Kabila, le M23 était vaincu sans dialogue. Pourquoi pas aujourd’hui ? Les Congolais vaincront le M23 et le Rwanda autant que la population kinoise avait vaincu le Rassemblement congolais pour la démocratie (RCD) et le Rwanda en 1998. À preuve, ça fait deux ans que le M23 et les FRD ne savent pas prendre Goma.

Selon vous, que peut faire le président Félix Tshisekedi pour mettre un terme à cette agression ?

Cette situation n’est pas une fatalité. Elle est réversible, c’est dire qu’il est possible d’y mettre fin. Dès l’abord, les Congolais, et à leur tête le président Félix Tshisekedi, doivent désigner les coupables – à la fois à l’intérieur et à l’extérieur du pays – et envisager par tous les moyens de mettre les groupes armés hors d’état de nuire. Pour ce faire, la RDC a besoin de se munir d’une armée forte, dissuasive, républicaine et patriote. C’est tout simplement une question de volonté politique. Ensuite, il va falloir convaincre la communauté internationale que la paix est indispensable pour la stabilité et la sécurité dans la région des Grands Lacs africains, et qu’aucune démocratie ni aucun développement durable ne sont envisageables tant que l’obsession de la déstabilisation de la RDC perdure. Seulement, ceux qui font des affaires en période de guerre et d’instabilité ne rêvent que d’une perpétuation du conflit en RDC.

Et si on revitalisait l’Accord-cadre d’Addis-Abeba. Qu’en pensez-vous ?

Les efforts considérables fournis par l’ancien Coordonnateur du Mécanisme National de Suivi (MNS) de cet accord, fondateur de l’Alliance pour le Développement et la République (ADR), François Muamba, sont dignes de louanges. Il est dommage que les engagements pris en faveur de la paix, la sécurité et la coopération dans la région des Grands Lacs africains soient loin d’être tenus. Je reste sceptique quant à la volonté de ce beau monde qui organise des rencontres pour réfléchir sur la revitalisation de cet accord. C’est une stratégie de diversion orchestrée par les maîtres du monde : elle consiste à détourner l’attention des Congolais censés affronter et gérer les menaces et les défis qui se posent au pays. Les Congolais ne sont pas dupes !

Pourquoi ne réagissent-ils donc pas avec vigueur ?

Il est indéniable que les Congolais finiront par se révolter contre cette injustice. Ce jour arrivera où cette population, que d’aucuns qualifient de naïve, se lèvera contre cette souffrance et cette guerre injuste qui lui est imposée par le Rwanda, et aussi contre ceux qui soutiennent de façon sournoise les criminels qui, depuis trente ans, ne cessent de verser le sang des populations innocentes dans la partie Est de la RDC. Les mouvements de protestation en ligne, dans les rues de Kinshasa et dans la diaspora observés ces derniers temps exigent une plus grande attention internationale face à cette violence, avant qu’il ne soit trop tard.

Quel regard portez-vous sur le silence de la communauté internationale face à l’aggravation du conflit dans l’Est ?

La communauté internationale, qui doit avoir d’autres visées, ne semble guère s’intéresser à cette réalité. Motus et bouche cousue ! Parler de Paul Kagame, comme principal responsable des atrocités perpétrées contre le peuple congolais dans l’Est du pays, est manifestement tabou. Ce qui est préoccupant, c’est qu’elle n’a jamais condamné l’invasion de la RDC par le Rwanda, en dépit du fait que cela constitue une violation caractérisée de charte des Nations unies et de la charte de l’Union africaine (UA). Elle a pourtant condamné la Russie pour avoir envahi l’Ukraine. C’est du double standard.

Propos recueillis par Robert Kongo, correspondant en France

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