De son vrai nom William Blaine Richardson III, Bill Richardson né le 15 novembre 1947 à Pasadena est mort le 1ᵉʳ septembre 2023 à Chatham. C’est à lui qu’on doit la déclaration formidable en termes de puissance économique, mais malheureuse en termes de conséquences au plan sécuritaire et même humanitaire pour la RDC au point de cautionner le concept La malédiction des ressources naturelles.
En effet, le 5 novembre 1997 – alors que se tenait à Paris la Conférence des Amis du Congo, au cours de laquelle les fonds levés avaient péniblement atteint USD 150 millions pendant que la Conférence des Amis d’Irak s’était terminée avec une levée des fonds évaluées à près de USD 33 milliards, Bill Richardson déclarait devant le congrès, selon Patrick Mbeko en page 595 de son ouvrage Stratégie du chaos : “La République Démocratique du Congo revêt une très grande importance pour les intérêts des Etats-Unis en Afrique. (…) La RDC est essentielle pour ce qui est des intérêts américains, parce qu’elle est appelée à devenir le moteur de la croissance en Afrique centrale, en raison de sa situation stratégique. La RDC constitue un pont entre les pays en développement de l’Afrique australe et orientale, et des pays pauvres d’Afrique centrale. (…) La RDC offre des possibilités immenses pour ce qui est de son développement économique et des investissements américains : elle possède 13 % des réserves hydroélectriques du monde, 20 % des réserves de cobalt au monde, 18 % des réserves de diamant à usage industriel au monde, 6% des réserves de cuivre du monde, des sols fertiles pour l’agriculture…et enfin la moitié des forêts tropicales d’Afrique”.
Il s’y connaissait pour avoir été secrétaire d’Etat à l’Énergie et secrétaire d’Etat au Commerce, outre la fonction de gouverneur du Nouveau Mexique.
Les médias africains en général, congolais en particulier, ont presque ignoré l’annonce du décès de ce diplomate.
Pourtant, Bill Richardson avait énormément contribué à la transition difficile du Pouvoir entre le maréchal Mobutu et Mzee Laurent-Désiré Kabila en 1997.
Malheureusement – et sauf cas contraire – son plaidoyer auprès du Congrès de son pays le 5 novembre 1997 avait, vraisemblablement, motivé l’activisme des anti-Congo dans leur schéma de démembrement du géant africain.
En effet, il se constate qu’en dépit des assurances qu’ils donnent quant au respect de la souveraineté de la République Démocratique du Congo garantie par l’intégrité territoriale du pays, les États-Unis ne sont pas conséquents avec eux-mêmes dans le traitement du dossier Congo.
Si, avant, pendant et après Berlin 1855, si pendant et après la colonisation belge entre 1908 et 1960, ou si pendant la Guerre froide, formellement observée du 12 mars 1947 au 26 décembre 1991, ils veillaient réellement sur leur ” intérêt stratégique en Afrique ” en lui assurant de toutes attentions allant jusqu’au maternage, les Américains ont profité de la Perestroïka (comme) pour s’en débarrasser. D’abord avec le Désinvestissement. Ensuite avec l’Insécurité. Enfin avec la Démocratie.
Tenez !
1. Avec le Désinvestissement
Depuis une quarantaine d’années, Washington ne peut pas aligner 5 sociétés américaines qui se soient implantées sur le sol congolais après l’épopée glorieuse du Consortium Inga Shaba, General Motors, Midema, Goodyear, CitiBank etc. autour des décennies 1970-1980. A preuve, pendant les 5 ans de Félix Tshisekedi, des investisseurs se sont signalés avant de disparaître !
2. Avec l’Insécurité
Depuis 1994 – année d’une guerre civile interwandaise Hutu-Tutsi dans laquelle les Congolais – alors Zaïrois – n’y étaient pour rien ni de près, ni de loin, guerre ayant débouché sur le génocide rwandais, Washington agit comme si c’est Kinshasa qui en est la cause. Le cas M23 en est l’illustration.
3. Avec la Démocratie
Au sein de la sous-région des Grands Lacs, pas un seul pays n’atteint la RDC au niveau de la cheville en matière des libertés constituant le fondement de la Démocratie. Curieusement, c’est sur ce pays que Washington dirige tous ses tirs, toute son ire pour non-respect des principes établis.
Aussi, les Congolais – qui connaissent bien l’Histoire de la création de l’Association Internationale Africaine (AIA), de l’Etat Indépendant du Congo (EIC), du Congo-Belge (CB), de la République du Congo (RC), de la République Démocratique du Congo (RDC), de la République du Zaïre (RZ) et encore de la République Démocratique du Congo (RDC) – n’ont pas tort de s’interroger sur la volonté réelle des Etats-Unis par rapport à leur pays visiblement mis en jachères.
Déjà, certains considèrent le Congo comme une sorte de ” 51ème ” État américain puisque les Belges n’auront colonisé l’ex-EIC que par procuration ; d’autres luttent pour son intégrité territoriale en combattant l’ethnotribalisation, d’autres par contre mènent la même lutte mais en se laissant submerger par l’ethnotribalisation quand ils ne l’encouragement pas consciemment ou inconsciemment.
Bref, à leurs yeux, Washington n’aide pas assez son ” intérêt stratégique ” à assumer son leadership si pas en Afrique, tout au moins en Afrique centrale, orientale et australe en raison de son emplacement géographique.
D’où nécessité d’un leadership non pas que visionnaire, mais aussi et surtout pragmatique. Un leadership qui puisse approcher courageusement Washington et lui poser la question qu’il n’obtiendra plus de Bill Richardson : que veut finalement Maison-Blanche ?
Pour rappel, en 2001, reçu pour la première fois par un chef d’Etat américain à Washington (George W. Bush), Joseph Kabila avait déclaré : “Je ramène le Congo sur la table des décideurs”.
Apparemment, les Américains – qui avaient délaissé le Congo bien avant la Perestroïka en 1989, c’est-à-dire 12 ans avant l’avènement du sénateur à vie à la tête du pays, sont sur un autre schéma.
Peut-être celui d’un Peter Pham !
Dans une vidéo actuellement en circulation, Bertrand Bisimwa, président du M23, clarifie la déclaration de Paul Kagame en avril dernier au Bénin !
Il signifie au Gouvernement central que c’est le Congo qui a trouvé les Banyarwanda dans leurs terres. Si le Congo ne veut pas de cette communauté, il n’a qu’à se retirer.
On parie que les États-Unis vont demeurer silencieux. Exactement comme ils l’ont été après la déclaration de Paul Kagame…
Omer Nsongo die Lema