À quelques jours du troisième cycle électoral en République démocratique du Congo, ce grand pays d’Afrique centrale, plusieurs pays dont les représentations diplomatiques sont à Kinshasa, commandent régulièrement des sondages à leurs experts pour suivre les tendances et l’évolution, afin d’orienter leurs recommandations à leurs pays respectifs. Ces élections sont entourées, notamment, du départ de la MONUSCO après 22 ans de présence contestée par la population de l’Est du pays, qui a subi longtemps les affres des attaques terroristes du M23, soutenu par le Rwanda. Depuis peu, la communauté internationale commence ouvertement à condamner cette situation, et de nombreux pays restent préoccupés par le devenir de la RDC.
Le Potentiel a obtenu en exclusivité, de sources consulaires de trois des ambassades importantes en termes d’influence, des renseignements suivants : Félix Tshisekedi caracolerait en tête avec près de 57,1%, désormais suivi par Martin Fayulu, le candidat numéro 21, avec 19,8%, devant Moise Katumbi 17,1%, le candidat numéro 3. Ce dernier semble être rattrapé par les derniers scandales qu’il n’a ni su clarifier ni gérer en termes de communication. Il s’agit notamment de son passeport zambien, qu’il a toujours nié détenir, alors que maladroitement, un cadre de son parti, Christian Mwando Nsimba, a reconnu que son patron de parti aurait reçu un passeport diplomatique zambien de courtoisie. Une autre affaire qui colle au candidat de Ensemble pour la République, c’est celle de ses liens de plus en plus étroits et évidents avec James Kabarebe, Bertrand Bisimwa, le mettant en difficulté pour prendre officiellement position contre le Rwanda et son président.
Ces sondages sont également confortés par l’analyse faite par Thierry Vircoulon, chercheur à l’Institut français des Relations internationales (IFRI), intervenant au journal Afrique de TV5 Monde sur le premier bilan de la campagne électorale en RDC. Ce dernier estime que compte tenu du scrutin à un seul tour, Félix Tshisekedi reste incontestablement le grand favori, comme président sortant. En face de lui, deux challengers se suivent : Katumbi et Fayulu. Et un troisième, Denis Mukwege.
Passeport zambien, M23, … des affaires qui scellent le sort de l’ex-gouverneur du Katanga
La série de preuves irréfutables qui a fuité sur les réseaux sociaux, appuyant le fait que Moïse Katumbi aurait voyagé à plusieurs reprises aux États-Unis avec un passeport zambien, notamment avec une vidéo démonstrative de ses données de voyage sur un site officiel américain, a été un coup dur relayé par le journaliste d’investigation Litsani Choukran, malgré les dénégations constantes de Moïse Katumbi. Quelques jours après, un cadre de son parti, Christian Mwando Nsimba, a maladroitement reconnu que son patron de parti aurait reçu un passeport diplomatique zambien de courtoisie. Trop de contre-vérités, que le concerné n’a jamais démenties. Une autre preuve de sa demande de visa à l’ambassade de Grande-Bretagne en Afrique du Sud est venue renforcer tous les doutes ressentis par la population congolaise sur ce candidat qui ne semble pas dire toute la vérité sur sa vie, ses identités et ses accointances obscures.
Dans la foulée, Moïse Katumbi reste coincé en raison de ses liens de plus en plus étroits et évidents avec James Kabarebe, Bertrand Bisimwa. Il est ainsi contraint de ne jamais prendre officiellement position contre le Rwanda et son président. L’actualité rebondissante dans ce grand pays, au cœur de tous les enjeux stratégiques avec les minerais, a surpris plus d’un lorsque, le vendredi 15 décembre, des journalistes s’affichant du camp de Katumbi (certains ayant postulé pour le compte de son parti Ensemble pour la République) ont annoncé un message important à la nation de Corneille Nangaa, ancien président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), exilé depuis peu. Celui-ci a décidé de prendre les armes en alliance avec le M23 et d’autres mouvements politiques et militaires pour “évacuer Félix Tshisekedi” en créant l’Alliance Fleuve Congo.
Le coup de fil de James Kabarebe qui change tout
Selon des informations précises reçues par notre rédaction, James Kabarebe aurait appelé Corneille Nangaa il y a quelques semaines pour lui demander de prendre position en soutenant le M23, lui promettant ainsi une chance d’être dans la short-list du gouvernement de Moïse Katumbi. Ce qu’il a fait, vendredi 15 décembre, en s’affichant aux yeux du monde entier avec le chef des terroristes soutenus par le Rwanda, le M23. C’était lors d’une conférence de presse tenue à Nairobi, pays membre de l’EAC, que Corneille Nangaa a exprimé toute sa colère et traîné dans la boue le nom du 5ème président de la RDC, en le menaçant ouvertement d’être éliminé, en violation des règles qui régissent l’organisation, déclare l’EAC, qui affirme qu’aucun pays membre ne peut permettre d’être utilisé comme base arrière pour toutes formes de menaces du pays en ordre de ses cotisations par qui que ce soit, ou quelle que soit l’organisation terroriste ou militaire.
Plus que jamais, Moïse Katumbi, qui aurait lui aussi reçu des appels venant du Rwanda, aurait fait une offre à Corneille Nangaa pour joindre les forces afin de reprendre le contrôle en RDC, car il apparaît de plus en plus clair que par les urnes, il sera très difficile de battre Félix Tshisekedi, qui bénéficie toujours du soutien de toute la population congolaise.
L’équation se complique davantage concernant la position très attendue de Moïse Katumbi en raison de ses mauvaises alliances. Ce dernier est sous pression, notamment du gouvernement de la République, pour confirmer qu’il se désolidarise de Corneille Nangaa et de ses aventures visant à nuire au peuple congolais qui a déjà longtemps souffert. Pour sa part, le président sortant a promis de répondre présent contre toutes menaces sur les populations congolaises, d’où qu’elles viennent. Rendez-vous dans quelques jours pour connaître le dénouement de cette belle saga politique.
Avec Le Potentiel