L’heure du procès des auteurs du coup d’État manqué du 19 mai dernier à Kinshasa a sonné. L’audience publique du Tribunal militaire de Kinshasa/Gombe, siégeant en matière répressive au premier degré, est fixée ce vendredi 7 juin en foraine à la prison militaire de Ndolo, située dans la commune de Barumbu. Cette affaire oppose l’auditeur militaire de garnison (Ministère Public) à 53 prévenus. Les charges retenues contre eux sont : attentat, terrorisme, détention illégale d’armes et de munitions de guerre, tentative d’assassinat, association de malfaiteurs, meurtre, et financement du terrorisme.
Il s’agit d’un moment très attendu, tant par l’opinion nationale qu’internationale, pour identifier les responsables de la tentative de déstabilisation des institutions de la République par un coup de force à Kinshasa, le dimanche de Pentecôte, le 19 mai dernier. La question de savoir comment ces hommes armés ont pu accéder si facilement au Palais de la Nation, au cœur du pouvoir, doit trouver une réponse. De nombreuses autres interrogations subsistent également, notamment sur la véritable cible de cette attaque. Pourquoi le domicile de Vital Kamerhe a-t-il été attaqué ? Y a-t-il eu une défaillance des services de renseignements ? Quels étaient les objectifs de ces hommes, cinq mois après la réélection du président Félix Tshisekedi à la tête de ce pays ? Qui sont leurs complices ?
Pour rappel, Kinshasa, capitale de la République Démocratique du Congo, a failli sombrer dans l’horreur la nuit du 18 au 19 mai, lorsqu’un commando dirigé par Christian Malanga a investi le Palais de la Nation et la résidence du député national Vital Kamerhe. L’armée a finalement étouffé la tentative de putsch et capturé les assaillants. Bien que le calme soit revenu dès la matinée de dimanche, de nombreuses questions subsistent, notamment sur l’identité et les motivations réelles de ces hommes armés. Le porte-parole de l’armée avait affirmé qu’il s’agissait d’une tentative de coup d’État.
À l’heure du bilan, le général Sylvain Ekenge a déclaré que les auteurs de ce « coup d’État étouffé dans l’œuf » étaient une cinquantaine, dont plusieurs Américains – Malanga, son fils et « deux Blancs » – et un Congolais « naturalisé britannique ». Environ 40 ont été arrêtés et au moins quatre des assaillants ont été tués, dont Christian Malanga, un « Congolais naturalisé américain » selon les autorités. Sur des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux, les assaillants posaient devant un drapeau du Zaïre, ancien nom de la RDC sous Mobutu Sese Seko, le président renversé en 1997. Christian Malanga, ancien militaire de 41 ans, désormais homme d’affaires et politique, était également connu pour être le fondateur d’un petit parti de la diaspora prônant l’avènement d’un nouveau Zaïre.
Pour faire la lumière sur les contours de cette affaire scabreuse, l’auditorat général des FARDC a procédé, à la prison militaire de Ndolo, aux auditions des présumés auteurs du coup de force manqué. Selon des sources judiciaires, la juridiction militaire a également interrogé des militaires de la Garde républicaine, soupçonnés d’avoir participé à l’exécution extrajudiciaire de certains « putschistes » arrêtés après cette tentative de déstabilisation des institutions. Les auditions étant terminées, c’est maintenant au Tribunal militaire de passer à l’action pour élucider cette affaire. Des vérités sont donc attendues.
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