À Kinshasa, capitale de la République démocratique du Congo, le secteur du transport en commun fait face à des tensions croissantes liées à la mise en œuvre de la nouvelle grille tarifaire instaurée par le gouvernement provincial. Si aucun mouvement de grève officiel n’est annoncé par l’Association des Chauffeurs du Congo (ACCO), la situation sur le terrain révèle une grève qui ne dit pas son nom. Ce qui est en contradiction avec les propos de Bienvenue Kakule, président provincial de l’ACCO, qui a tenu à dissiper les rumeurs de grève généralisée, ce lundi 13 janvier dans la capitale. « Aucun mouvement de grève n’est actuellement envisagé dans le secteur du transport en commun pour protester contre la nouvelle grille tarifaire fixée par le gouvernement provincial », a-t-il affirmé.
M. Kakule a ajouté que l’ACCO avait entamé des actions de sensibilisation auprès des chauffeurs et receveurs, distribuant plus de 200 tracts détaillant la grille tarifaire. « Ce matin, nous avons envoyé sur le terrain des chefs de parkings pour s’assurer de l’application de cette mesure. Cependant, nous avons été informés que des individus en tenues civiles non identifiées ont arrêté plusieurs receveurs sous prétexte qu’ils ne veulent pas respecter cette nouvelle tarification », a-t-il déploré.
Une paralysie de fait sur le terrain
Malgré ces assurances, la réalité est toute autre pour les usagers. Une paralysie quasi-totale du réseau de transport en commun a été respectée sur plusieurs axes majeurs de la ville. Les reporters d’Infos27, déployés à Kingasani Ya Suka, au rond-point Victoire, Rond-point Ngaba et à Binza-Pompage, ont constaté des arrêts de bus bondés et une absence notable de véhicules en circulation.
« Nous n’avons trouvé aucun moyen de transport depuis ce matin. Certains chauffeurs disent qu’ils préfèrent rester chez eux plutôt que de travailler avec ces nouvelles règles », confie un habitant de Kingasani.
Les chauffeurs face à un dilemme économique
Les chauffeurs de taxi et de bus dénoncent une grille tarifaire qui, selon eux, ne tient pas compte de leurs coûts de fonctionnement en constante augmentation. « Nous ne pouvons pas baisser les prix alors que les pièces détachées et le carburant sont toujours aussi chers », se plaint un chauffeur entourant à Binza-Pompage.
Les inspecteurs des transports, quant à eux, ont été déployés sur le terrain pour veiller au respect des mesures. Mais leur présence semble avoir exacerbé les tensions, certains chauffeurs craignant des sanctions immédiates en cas de non-conformité.
Pour le gouvernement provincial, cette nouvelle tarification vise à alléger le fardeau financier des usagers, souvent frappés de plein fouet par la crise économique. Cependant, sans un consensus clair entre autorités, chauffeurs et usagers, la mesure semble s’enliser dans des incompréhensions et un rejet massif.
Pour l’heure, Kinshasa, cette mégapole en constante effervescence, tourne au ralenti, prisonnière d’un modèle de transport en crise.
Infos27