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Kinshasa
20 avril, 2025 - 11:38:57
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À Kinshasa, la RDC affiche ses ambitions économiques au cœur de la ZLECAf

En accueillant la 16ᵉ réunion des ministres africains du Commerce autour de la ZLECAf, la RDC ne s’est pas contentée d’ouvrir ses portes : elle a affirmé son ambition de devenir un acteur clé de l’intégration continentale. Sous l’impulsion du président Félix Tshisekedi, Kinshasa s’est imposée comme « capitale de la ZLECAf », avec une vision affirmée : faire de l’ouverture économique un levier de puissance. À l’instar des 54 États membres signataires de l’accord, la RDC a déposé sa liste de produits éligibles aux échanges dans le cadre de la ZLECAf. Sur un total de 6 439 produits, seuls 3 % – soit 209 articles – seront exclus du démantèlement tarifaire. Autrement dit, 97 % des produits congolais circuleront librement à travers le continent, sans paiement de droits de douane. Une avancée majeure que le ministre du Commerce extérieur qualifie de pas décisif vers une intégration économique effective. En défendant des règles d’origine strictes, la RDC mise sur la production locale pour renforcer sa base économique. Infrastructures, industrialisation, agriculture : les grands chantiers sont ouverts. Face aux chocs mondiaux, elle entend désormais se positionner comme un pôle de stabilité et d’opportunité en Afrique.

La 16ᵉ réunion du Conseil des ministres en charge du Commerce de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) s’est ouverte officiellement, mardi 15 avril à Kinshasa, sous la présidence du chef de l’État congolais Félix Tshisekedi. Cet événement majeur intervient après une semaine de travaux préparatoires menés du 7 au 13 avril, au terme desquels la capitale congolaise s’est imposée, selon les mots du ministre Julien Paluku, comme « la capitale de la ZLECAf ». Une manière forte d’inscrire la République démocratique du Congo (RDC) dans le processus d’intégration économique du continent.

Dans son allocution, le président Tshisekedi a salué les ambitions de la ZLECAf, présentée comme l’un des piliers de l’Agenda 2063 de l’Union africaine. « La ZLECAf représente une opportunité historique pour construire un marché commun africain, fondé sur la solidarité et la prospérité partagée », a-t-il affirmé, soulignant la nécessité d’unir les forces du continent face aux mutations géopolitiques et aux chocs exogènes de plus en plus fréquents.

Une dynamique d’ouverture économique
À l’instar des 54 États membres signataires de l’accord, la RDC a soumis sa liste de produits éligibles à l’échange dans le cadre de la ZLECAf. Sur un total de 6 439 produits, seuls 3 % – soit 209 articles – seront exclus du démantèlement tarifaire. En d’autres termes, 97 % des produits congolais circuleront librement à travers l’Afrique, sans paiement de droits de douane. Une avancée majeure, que le ministre du Commerce extérieur a qualifiée de pas décisif vers une réelle intégration économique. « C’est un signal fort envoyé aux opérateurs économiques congolais : il faut se préparer à investir le marché continental », a insisté Julien Paluku.

IMG 20250415 WA0010Autre point technique mais fondamental : les règles d’origine des produits. Les pays membres ont convenu qu’un produit ne pourra être considéré comme originaire d’un État africain que si 70 % de ses intrants sont issus localement. Cette norme vise à stimuler la production locale, éviter les reventes de produits importés depuis d’autres continents et garantir que les échanges profitent d’abord aux économies africaines.

Un marché à fort potentiel et des choix stratégiques

Dans un contexte mondial marqué par la montée du protectionnisme, notamment aux États-Unis, la ZLECAf apparaît comme une réponse coordonnée et ambitieuse pour bâtir la résilience économique de l’Afrique. « Si nous les Africains nous nous réunissons, nous sommes un marché de 1,4 milliard de consommateurs. Nous pouvons nous passer d’autres marchés et ne consommer qu’entre nous », a déclaré Julien Paluku, appelant à l’exploitation optimale du potentiel intra-africain.

Mais cette perspective de croissance ne pourra se concrétiser qu’à la condition d’investissements soutenus dans les infrastructures et la transformation industrielle. Le gouvernement congolais en est conscient. Dans la même dynamique, Kinshasa a réitéré sa demande d’abriter le siège du Système panafricain de paiement et de règlement (PAPSS), qui permettra de faciliter les échanges en devises locales sans passer par des monnaies extérieures.

Un signal politique fort de Kinshasa
Au-delà des considérations économiques, la tenue de cette réunion à Kinshasa incarne une volonté politique de repositionner la RDC comme un acteur central du continent. « Il faut désormais considérer la RDC comme un pays fréquentable », a déclaré Julien Paluku, en réponse aux stéréotypes réducteurs souvent associés au pays. Il a également dénoncé les velléités expansionnistes qui minent la stabilité régionale, insistant sur le fait que l’intégration économique africaine est aussi un rempart contre la guerre : « Quand l’Afrique veut s’ouvrir, il y a des États qui veulent prendre des lopins de terre. C’est intolérable qu’au XXIᵉ siècle, on pense élargir son territoire au détriment de la paix. »

Des défis internes à relever

Toutefois, les défis internes restent nombreux. Pour tirer pleinement parti de la ZLECAf, la RDC doit accélérer les réformes structurelles. Le gouvernement a déjà lancé plusieurs chantiers : un plan directeur d’industrialisation, un programme de transformation agricole et un plan national d’infrastructures routières. Mais la route est encore longue. « Sans énergie, sans routes ni chemins de fer, il serait difficile d’évacuer les produits congolais vers d’autres marchés », a reconnu M. Paluku, appelant à poursuivre les efforts avec détermination.
Avec l’adhésion pleine et entière à la ZLECAf, la RDC veut faire mentir les pronostics pessimistes et montrer qu’elle peut devenir un moteur de croissance africaine. La volonté politique est là, les réformes sont en cours, et le cap est donné : faire de l’ouverture économique un levier de développement et de stabilité.

Pitshou Mulumba

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