Dans une République démocratique du Congo meurtrie par une guerre persistante à l’Est, une autre bataille, plus discrète mais tout aussi cruciale, se joue sur les fronts économiques. Loin des lignes de front, le gouvernement affirme maintenir le cap : stabilité du franc congolais, confiance des marchés, baisse ciblée des prix… Lors du Briefing presse du 14 avril, Daniel Mukoko Samba, vice-Premier ministre en charge de l’Économie, a livré un message empreint d’un optimisme mesuré. Malgré les dépenses militaires galopantes et une pression budgétaire inédite, la RDC, dit-il, résiste. La guerre n’a pas encore eu raison des équilibres macroéconomiques, martèle-t-il. Un pari risqué, mais assumé : tenir le pays à flot en préservant le pouvoir d’achat, en stimulant la production locale, en maintenant la confiance des opérateurs économiques. À l’épreuve du feu, l’économie congolaise joue sa survie — et avec elle, peut-être, celle d’un État encore fragile.
Alors que le fracas des armes continue de résonner dans l’Est de la République démocratique du Congo, le gouvernement congolais tente de préserver, envers et contre tout, les fondements économiques du pays. Invité lundi 14 avril au traditionnel Briefing presse co-animé avec le ministre de la Communication, Patrick Muyaya, le vice-Premier ministre et ministre de l’Économie nationale, Daniel Mukoko Samba, a affiché un ton résolument rassurant : le cadre macroéconomique de la RDC demeure stable malgré un contexte de guerre et de pression budgétaire accrue.
Une stabilité monétaire sous haute surveillance
Au cœur de cette stabilité, le franc congolais, dont le maintien à flot est, selon Daniel Mukoko, le fruit d’une action constante de la Banque centrale du Congo (BCC). « La Banque centrale fait un effort extraordinaire pour soutenir le franc congolais et maintenir la stabilité du taux de change », a-t-il déclaré, saluant des interventions régulières sur le marché des changes.
Une stratégie défensive, mais coûteuse, alors même que les dépenses publiques explosent, dopées par les besoins militaires et humanitaires. « Le gouvernement n’a pas lésiné sur les moyens pour financer la guerre », a-t-il reconnu. Un aveu de réalisme, dans une économie où la paix est devenue une variable clé de la planification budgétaire.
Le pari de l’équilibre, sans inflation
Face à l’écart parfois béant entre recettes et dépenses mensuelles, le ministre a tenu à rassurer : « Le financement additionnel se fait de manière saine, sans inflation ni désordre sur le marché des devises », renvoyant notamment à l’usage encadré du marché des Bons et Obligations du Trésor. Une manière de dire que le pays, tout en empruntant, garde un œil vigilant sur la rigueur macroéconomique.
Cette confiance dans les fondamentaux se reflète, selon Daniel Mukoko, dans les signaux émis par les milieux d’affaires, tant sur les marchés que dans les secteurs productifs. Il affirme : « Il y a une confiance dans le chef des institutions de la République qui ont en charge de gérer l’économie nationale ».
Une ambition agricole contre l’inflation alimentaire
Le ministre n’a pas seulement défendu les équilibres existants : il a esquissé une stratégie de transformation économique, centrée sur la sécurité alimentaire. Maïs, manioc, soja, huile de palme et riz : ces cinq produits de base sont au cœur d’un programme gouvernemental ambitieux, qui vise à réduire leurs prix de manière significative d’ici quatre à cinq ans.
Des bases agricoles volontaristes ont été mises en place, avec des investissements massifs dans des unités de transformation locales. Le pari est audacieux : créer une chaîne de valeur locale, capable de stabiliser les marchés, tout en valorisant les potentialités du sol congolais.
Carburants : baisse des prix, hausse de la consommation
Autre secteur scruté : les produits pétroliers, où Mukoko a annoncé une réduction moyenne de 30 % des prix. Une mesure rendue possible, selon lui, par une gestion plus rigoureuse des stocks et une trésorerie renforcée des sociétés pétrolières. « Il y a suffisamment de stocks. Les sociétés peuvent importer régulièrement. D’ailleurs, la consommation a tout simplement explosé », a-t-il affirmé.
Dans un pays confronté à une guerre qui grève les ressources, mais où l’économie tente de ne pas sombrer, les propos de Daniel Mukoko Samba tranchent par leur optimisme méthodique, presque stoïque. Si le discours sur la résilience économique peut paraître déconnecté de la réalité des territoires meurtris à l’Est, il reflète une volonté politique affirmée : tenir bon, économiquement, pour rester debout, politiquement.
Reste que cet équilibre est précaire. Et qu’un conflit qui s’enlise pourrait, à terme, rendre ce volontarisme insuffisant. En RDC, la guerre n’est pas qu’un défi militaire : elle est, de plus en plus, une bataille pour la survie économique.
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