92.25 F
Kinshasa
17 mai, 2025 - 16:56:13
Image default
La uneFlash InfosInternational

L’Ukraine signe un accord avec les États-Unis pour l’accès à ses ressources

Cent jours à la Maison Blanche, « nous ne faisons que commencer », a promis Donald Trump dans un discours, en vantant sur un ton triomphaliste et agressif l’entame de son nouveau mandat. En effet, au terme de cette période, l’Ukraine et les États-Unis ont signé, mercredi 30 avril 2025, un accord portant sur l’exploitation des ressources naturelles ukrainiennes. En échange, l’Ukraine va bénéficier d’un « fonds d’investissement pour investir dans la reconstruction » de ce pays ravagé par la guerre, depuis l’invasion russe de 2022. Un accord scellé après des tractations musclées de plusieurs mois. Le même accord minier est en gestation avec la République Démocratique du Congo (RDC).

L’Ukraine et les États-Unis ont conclu, mercredi dernier à Washington, un accord économique entre les deux pays, donnant aux Américains un accès privilégié aux ressources naturelles ukrainiennes : minerais, terres rares, gaz et pétrole, et mettant en place un fonds d’investissement dans la reconstruction du territoire ukrainien, ravagé par la guerre.

« Je suis heureux d’annoncer la signature, aujourd’hui, de l’accord historique de partenariat économique » avec l’Ukraine, s’est réjoui le ministre américain des Finances, Scott Bessent, dans un message vidéo.  « Avec les États-Unis, nous créons ce fonds qui attirera des investissements mondiaux dans notre pays », s’est félicitée pour sa part la ministre ukrainienne de l’Économie, Loulia Svyrydenko.

L’accord avec Washington financera des « projets d’extraction de minerais, de pétrole et de gaz », a précisé la ministre ukrainienne de l’Économie sur Facebook. Mais l’Ukraine « conserve l’entière propriété et le contrôle de ces ressources » y compris le sous-sol, et ce sera « l’État ukrainien  qui détermine où et quoi extraire », a-t-elle dit.

Pourtant, la quantité de richesses minières que renferme le sol ukrainien reste peu claire, la plupart de ces ressources étant inexploitées, difficiles à extraire ou de facto sous contrôle russe, car se trouvant dans des territoires occupés par l’armée russe.

Tensions entre Kiev et Washington

Le projet d’accord a été, depuis des semaines, au cœur de tensions entre Kiev et Washington, dont le soutien est crucial pour l’Ukraine.

Une précédente mouture de ce texte aurait dû être signée lors de la visite du président ukrainien, Volodymyr Zelensky, à la Maison Blanche fin février, mais son altercation inédite avec son homologue américain, sous les cameras, avait précipité son départ et annulé la signature de l’accord.

Une nouvelle version, proposée par Washington, en mars, avait été jugée très défavorable par des députés ukrainiens et des médias.

Au fil des négociations, ce document a pu être transformé en une version plus acceptable pour Kiev, selon des responsables ukrainiens. Un document qualifié d’une « extorsion » de Donald Trump par un démocrate américain du Congrès, Gregory Meeks.

L’accord, il faut le dire, ne semble pas comporter de garanties de sécurité américaines face à la Russie. Cet engagement était pourtant demandé par le président ukrainien, Volodymyr Zelensky. Mais selon Washington, les garanties seraient avant tout indirectes, du fait de la protection américaine de ses propres infrastructures installées à l’avenir sur le sol ukrainien.

« Très bonne chose »

Les États-Unis ont fourni, sous l’ancienne administration de Joe Biden, des dizaines de milliards de dollars d’aide à l’Ukraine, après l’invasion de ce pays par la Russie, en février 2022.

Le président américain, Donald Trump, avait réitéré, mercredi dernier, avant la signature, que les États-Unis souhaitaient, « pour nos efforts » vis-à-vis de l’Ukraine, avoir quelque chose en retour. « Et nous avons dit : les terres rares. Ils ont de très bonnes terres rares ». « Nous avons conclu un accord qui garantit notre argent et nous permet de commencer à creuser et à faire ce que nous avons à faire », avait poursuivi le président américain, soulignant que « c’est aussi une bonne chose pour eux parce qu’il y’aura une présence américaine » en Ukraine.

Et lors de l’entrevue avec Volodymyr Zelensky au Vatican, en marge des funérailles du pape François, « je lui disais que c’était une très bonne chose » si cet accord était signé, « parce que la Russie est bien plus grande, bien plus forte », a-t-il raconté sur la chaine NewsNation.

« Bel  accord » 

« C’est vraiment un bel accord international équitable entre les gouvernements américain et ukrainien concernant des investissements communs dans le développement et la reconstruction de l’Ukraine », s’était félicité à la télévision nationale le Premier ministre ukrainien, Denys Chmygal, avant l’annonce de la signature du texte.

De plus, le document amendé ne reconnait pas comme une dette, vis-à-vis  des États-Unis, l’aide militaire et financière américaine. « Aucune dette, aucune aide » accordée avant la signature « ne fait partie de cet accord », a-t-il expliqué.

Cet accord qui entend montrer à la Russie que « l’administration Trump est engagée à un processus de paix centré sur une Ukraine libre, souveraine et prospère sur le long terme » doit encore être ratifié par le Parlement ukrainien après sa signature.

Dans ce dossier, il ne fait pas de doute que Trump a évincé l’Union européenne (UE). L’Américain obtient un accord ferme quand l’UE pariait sur les bonnes intentions… Elle n’a donc plus que ses yeux pour pleurer ou pour constater qu’elle a été exclue des négociations qui se sont déroulées directement entre Kiev et Washington. Zelensky a parfaitement joué son jeu. Pour un homme qui n’avait aucune formation pour faire de la politique, force est de reconnaitre qu’il a très bien joué sa partie depuis 2022.

Qu’en est-il de la RDC ?

L’administration Trump s’intéresse également à la République Démocratique du Congo (RDC). Elle vise un meilleur accès à des métaux indispensables à la transition énergétique, comme le cobalt et le cuivre dont regorge le sous-sol congolais, et qui sont actuellement exploités principalement par la Chine et ses sociétés minières.

Les questions que tout le monde se pose, c’est évidemment : l’administration Trump est-elle vraiment prête à conclure un deal avec Kinshasa ? Cet éventuel accord d’exploitation des ressources minières en RDC,  en contrepartie de la sécurisation de l’Est du pays, contribuera-t-il réellement à l’instauration d’une paix dans cette partie du territoire national en proie à de violents affrontements, opposant différents groupes armés et les Forces armées de la République Démocratique du Congo (FARDC), depuis près de 30 ans ? Accord économique ou accord de paix ? Dans un environnement géopolitique tendu, l’État congolais est-il prêt à brader les précieuses ressources minérales du pays ? Offre-t-il un environnement fiable et transparent pour qu’une telle entreprise soit menée à bien ? Cela nous sera confirmé ou infirmé plus tard.

Robert Kongo, correspondant en France

ça peut vous intéresser

Laisser un Commentaire

Infos27.CD utilise des cookies pour améliorer votre expérience utilisateur. Nous supposerons que vous êtes d'accord avec cela, mais vous pouvez vous désinscrire si vous le souhaitez. Accepter En Savoir Plus