L’Afrique atlantique s’invite au centre du jeu stratégique mondial. En célébrant à Praia la montée en puissance d’un espace longtemps cantonné aux marges, le Maroc défend une vision ambitieuse : faire de la façade occidentale du continent non plus un point de passage, mais un moteur d’intégration, d’innovation et de souveraineté partagée. À l’heure où les convoitises s’aiguisent sur les océans, le roi Mohammed VI et son ministre des affaires étrangères, Nasser Bourita, appellent les États riverains à reprendre leur destin commun en main — avec confiance, cohérence et lucidité.
Réunis à Praia, la capitale du Cap-Vert, les ministres des affaires étrangères du Processus des États africains atlantiques (PEAA) ont tenu, jeudi 8 mai, leur cinquième réunion ministérielle, consacrée à l’approfondissement de la coopération entre les 23 pays riverains de l’Atlantique africain. Lors de son allocution, Nasser Bourita, chef de la diplomatie marocaine, a rappelé avec emphase la vision de Rabat : faire de l’Afrique atlantique non pas une périphérie marginale du système mondial, mais un « cœur géostratégique » et une « interface dynamique entre continents ».
Pour le ministre, l’espace atlantique africain constitue aujourd’hui une « réalité stratégique endogène », fondée sur des choix politiques volontaristes et sur une conviction partagée : « notre avenir sera plus sûr, plus prospère, et plus durable si nous le construisons ensemble ».
À l’origine du PEAA, lancé à l’initiative du roi Mohammed VI en 2022, ce cadre de dialogue et de coopération regroupe des États d’Afrique de l’Ouest et du Centre disposant d’un accès à l’océan Atlantique. M. Bourita a salué un « partenariat afro-africain inédit », à la fois « pragmatique dans son approche » et « ambitieux dans ses finalités », rompant avec les logiques d’assistance pour privilégier celles de la coresponsabilité.
« Le Partenariat africain atlantique est non seulement un instrument stratégique, a-t-il déclaré, mais il est aussi un processus politique, économique et humain ». À travers ce mécanisme, il s’agit pour les États concernés de reprendre la main sur leur destin maritime, sécuritaire, énergétique et commercial, dans un contexte international marqué par les recompositions géopolitiques et les rivalités sur les ressources océaniques.
Dans la foulée, Nasser Bourita a insisté sur la nécessité d’une Afrique « qui ne subit plus les vents de l’histoire, mais qui choisit sa direction ». Il a également mis en avant l’importance de la résilience et de l’innovation comme leviers d’intégration régionale et de développement durable dans l’espace atlantique.
La réunion de Praia a permis d’adopter plusieurs orientations communes, en particulier dans les domaines de la sécurité maritime, de l’économie bleue, de la transition énergétique et de la connectivité logistique. Les ministres ont souligné l’importance de renforcer les mécanismes de coordination et d’institutionnalisation du PEAA, afin d’en faire un acteur reconnu dans la gouvernance mondiale des mers.
Alors que les enjeux atlantiques africains suscitent un intérêt croissant de la part d’acteurs extérieurs, Rabat entend positionner le PEAA comme un levier de diplomatie continentale proactive, autonome et solidaire. Un cap stratégique que M. Bourita a résumé par une formule limpide : « L’Afrique atlantique ne se résume plus à sa géographie. Elle est une matrice d’avenir. »
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