À l’heure où la République démocratique du Congo tente de restaurer l’autorité de l’État et de moraliser la gestion des deniers publics, le verdict attendu dans le procès de l’ancien Premier ministre Matata Ponyo revêt une portée hautement symbolique. Au-delà des responsabilités individuelles, c’est toute une culture d’impunité enracinée au sommet de l’appareil d’État qui se trouve placée sous le regard de la justice. Le projet de Bukanga Lonzo, devenu emblème du gaspillage et des illusions de grandeur, cristallise les errements d’une gouvernance où promesses agricoles et fortunes détournées ont trop longtemps fait bon ménage.
Le verdict du procès de l’ancien Premier ministre congolais Augustin Matata Ponyo, poursuivi pour détournement de fonds dans le cadre du projet agro-industriel de Bukanga Lonzo, sera rendu ce mardi à 13 heures (12 heures GMT), selon l’extrait de rôle publié par la Cour constitutionnelle.
Aux côtés de M. Matata comparaissent l’homme d’affaires sud-africain Stephanus Grobler et l’ancien gouverneur de la Banque centrale du Congo, Déogratias Mutombo. Les trois prévenus sont accusés d’avoir orchestré, entre 2011 et 2014, le détournement de plus de 200 millions de dollars destinés à ce projet phare censé garantir l’autosuffisance alimentaire dans le sud-ouest du pays.
Selon l’accusation, les fonds publics auraient transité à travers un réseau opaque de sociétés écrans sud-africaines et de comptes bancaires privés, en violation des règles de passation des marchés et sans résultats tangibles sur le terrain. Le ministère public a requis de lourdes peines de prison ainsi que des sanctions financières contre les trois hommes. Ce procès est le premier à impliquer un ancien chef de gouvernement devant la Cour constitutionnelle depuis la réforme judiciaire de 2023.
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