« Le président Kabila n’est pas en contradiction avec ce que les rebelles font. Ses objectifs sont ceux de l’AFC/M23. » En prononçant cette phrase explosive depuis Washington, Kikaya Bin Karubi, émissaire et conseiller de longue date de Joseph Kabila, a tout dit. Finie l’ambiguïté, balayés les faux-semblants. L’ancien chef de l’État partage bien la vision d’un mouvement armé soutenu par le Rwanda et responsable de crimes de guerre dans l’Est de la RDC. Une collusion que le président Félix Tshisekedi avait dénoncée dès le départ, au prix du scepticisme, voire des moqueries. Aujourd’hui, le temps lui donne cruellement raison. Mais comment expliquer une telle convergence d’objectifs ? Pourquoi Kabila, qui avait combattu le M23 hier, parle désormais leur langage ? Était-il leur mentor caché depuis le début ? Et surtout, ce ralliement politique à une entreprise armée signifie-t-il une adhésion à ses méthodes criminelles ? Kinshasa avait vu juste. Le danger ne vient pas seulement de Kigali ou des collines du Rutshuru. Il s’infiltre aussi dans les salons feutrés de Kingakati. Jusqu’où ira cette trahison ? Et que reste-t-il à faire pour protéger la République de ceux qui, après l’avoir dirigée, semblent aujourd’hui vouloir la livrer ?
Il ne s’agit plus d’un soupçon. Ni d’une coïncidence politique. Ni même d’un malentendu. Ce qui n’était encore, pour certains, qu’une hypothèse gênante prend aujourd’hui la forme d’un aveu froid et sans fard. Dans une déclaration ahurissante faite depuis Washington, Kikaya Bin Karubi, proche conseiller de Joseph Kabila, a révélé l’inavouable : « Le président Kabila n’est pas en contradiction avec ce que les rebelles font. Ses objectifs sont ceux de l’AFC/M23 : mettre fin à la dictature et à la tyrannie. »
Par cette confession, la ligne rouge est franchie. Il ne s’agit plus d’un débat d’opinions ou d’une divergence d’analyses sur la crise dans l’Est de la République démocratique du Congo. Il s’agit, désormais, d’une collusion politique explicite entre un ancien président de la République et un mouvement armé soutenu par un pays étranger – le Rwanda – et responsable de massacres à répétition contre les populations civiles congolaises.
Une vérité longtemps dénoncée
Dès les premières heures de la résurgence du M23 sous la bannière de l’AFC, le président Félix Tshisekedi n’avait pas mâché ses mots : « L’AFC/M23, c’est Kabila. » En son temps, cette affirmation avait été jugée exagérée, infondée, voire calomnieuse. Les contempteurs du pouvoir en place y voyaient une stratégie pour museler l’opposition. Mais le temps, comme toujours, fait son œuvre. Et il donne aujourd’hui raison au chef de l’État.
Car enfin, que faut-il de plus clair ? Lorsque l’un des plus fidèles collaborateurs de Joseph Kabila affirme sans sourciller que les objectifs de l’ancien président coïncident avec ceux du M23, que faut-il comprendre d’autre sinon que cette rébellion est pilotée, soutenue et légitimée par le clan de Kingakati ?
Un silence coupable devenu aveu
L’on pourrait s’attendre, face à de telles accusations, à une mise au point rapide de la part de l’ancien chef de l’État. Il n’en est rien. Joseph Kabila, comme à son habitude, se mure dans un silence inquiétant. Mais cette fois, il ne s’agit pas d’un simple repli. Ce mutisme sonne comme une validation tacite. Et les déclarations de Kikaya bin Karubi ne sont pas un accident. Elles s’inscrivent dans une stratégie assumée de positionnement politique international, cherchant à présenter la RDC comme une dictature et à justifier, par ce biais, les violences armées qui ensanglantent le Kivu.
Il faut rappeler qu’en dix-huit ans de règne, Kabila n’a jamais répondu aux revendications du M23. Il les a combattus, radiés de l’armée, puis signataires d’accords restés lettre morte. Comment expliquer aujourd’hui que ce soit le même homme qui partage désormais les « objectifs » de ceux qu’il affirmait avoir défaits ? Faut-il croire que la guerre du M23 contre la RDC n’a été qu’un théâtre monté pour des desseins restés obscurs ? Ou doit-on conclure que Kabila s’est toujours tenu derrière cette rébellion, en la manipulant selon les circonstances ?
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