Quand une crise longtemps perçue comme lointaine s’invite dans les foyers américains par le biais de CNN, le signal politique est fort. Vendredi 26 septembre, Patrick Muyaya, ministre congolais de la Communication et porte-parole du gouvernement, a livré une plaidoirie directe sur l’agression dont la République démocratique du Congo accuse le Rwanda. Devant des millions de téléspectateurs, il a dénoncé un « génocide des Congolais », rappelant l’ampleur des violences qui ensanglantent l’Est depuis des décennies. S’il a salué l’implication de Donald Trump dans la recherche d’une solution, le ministre a souligné que la paix ne se décrète pas : elle se construit sur le terrain, avec la volonté sincère des parties. En mettant en avant le rôle stratégique de la RDC pour la stabilité régionale et mondiale, mais aussi son potentiel énergétique et minier, Patrick Muyaya a cherché à installer une conviction : la guerre du Congo n’est plus seulement une tragédie africaine, c’est une question internationale qui engage aussi l’Amérique.
Vendredi 26 septembre, l’agression de la République démocratique du Congo par le Rwanda a franchi un nouveau cap dans la visibilité internationale. Invité de la chaîne américaine CNN, le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya, a choisi un terrain stratégique : celui de l’opinion publique américaine. À New York, où il séjourne dans le cadre de la 80ᵉ Assemblée générale des Nations unies, il a plaidé la cause de son pays face aux violences qui ravagent l’Est.
« Nous faisons notre part, mais je ne suis pas sûr que le Rwanda agit comme il devrait », a-t-il martelé, dénonçant la persistance des attaques du M23, qualifié de supplétif de Kigali. Pour lui, le chemin de la paix exige plus qu’une signature : « La paix viendra parce qu’il faut l’incarner sur le terrain, pas seulement l’écrire sur le papier. »
Le ministre a par ailleurs salué l’implication du président Donald Trump dans le processus, tout en appelant à un engagement plus ferme. L’administration américaine est déjà partie prenante de discussions menées en parallèle à celles de Doha, où, selon lui, « le Rwanda ne joue pas son rôle ».
Au-delà du conflit, Patrick Muyaya a tenu à élargir le cadre, rappelant l’importance géostratégique et économique de la RDC : « Notre pays est immense, il y a de la place pour tous, la Chine, les États-Unis. Mais le partenariat stratégique avec Washington s’inscrit dans la durée : il concerne l’énergie, l’environnement, les infrastructures. » Le ministre a cité en exemple le projet du corridor de Lobito, financé par les États-Unis, comme symbole d’une coopération concrète.
Cette intervention, rare sur une grande chaîne américaine, a été perçue comme un tournant par la diaspora congolaise. « Le déploiement de Muyaya sur CNN va déranger la stratégie rwandaise », a commenté un Congolais établi à New York. Pour Kinshasa, c’est un pas supplémentaire dans la bataille diplomatique visant à replacer la tragédie congolaise au cœur de l’agenda mondial.
Pitshou Mulumba