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Kinshasa
15 novembre, 2025 - 00:51:11
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Congo Airways au bord du crash : salaires impayés et licence menacée

Rien ne va plus dans le ciel congolais. Dix mois après la nomination d’un nouveau directeur général, Congo Airways traverse une zone de turbulences sans précédent. Dans une lettre adressée à la ministre du Portefeuille, Julie Mbuyi Shiku, les agents de la compagnie dénoncent une mauvaise gestion généralisée, dix mois d’arriérés de salaires, et un scandale financier autour d’un prétendu contrat de dry lease d’un Airbus A320, dont les fonds, plus de 255 000 dollars, auraient disparu dans une société fantôme. L’entreprise, autrefois symbole de la souveraineté aérienne nationale, est aujourd’hui paralysée, plombée par des dettes, des procédures judiciaires et un management accusé d’improvisation et d’opacité. Pendant que le personnel cumule les frustrations et que le Certificat de Transporteur Aérien arrive à expiration, un audit d’urgence est désormais réclamé pour sauver ce qui reste du pavillon national congolais.

Créée pour incarner le renouveau du transport aérien congolais, Congo Airways n’a jamais semblé voler aussi bas. Dans une correspondance datée du 30 octobre 2025, le collectif des agents alerte la ministre du Portefeuille sur une situation financière et sociale devenue intenable. Dix mois sans salaire pour les employés, deux ans pour les sous-traitants, et une direction accusée d’« aveuglement managérial ».

Le cœur du scandale réside dans une opération de dry lease : un contrat d’acquisition d’avion sans équipage ni maintenance, censée renforcer la flotte nationale. En réalité, les 255 000 dollars versés à la société américaine International Air Leases n’ont jamais abouti à la livraison d’un appareil. L’entreprise bénéficiaire, selon les enquêtes, n’existait pas à l’adresse indiquée. Une plainte a été déposée au Parquet pour escroquerie et association de malfaiteurs, dans un dossier où les agents évoquent la responsabilité croisée du Directeur général et de sa collaboratrice directe.

Salaires impayés

Sur le plan social, la colère monte. Les agents dénoncent des pratiques qu’ils jugent abusives : obligation de présence au poste sous peine de sanctions, malgré l’absence de rémunération. Ils rappellent que le Code du travail impose à l’employeur d’assurer le transport ou le remboursement des frais de déplacement, une disposition ignorée, selon eux, depuis plusieurs mois.

En outre, une autre transaction d’un million de dollars aurait été conclue de gré à gré, en violation de la loi sur les marchés publics, accentuant le sentiment de gestion arbitraire. Le collectif accuse le directeur général d’« avoir transformé la compagnie en instrument personnel, sans plan ni résultats ».

Une licence d’exploitation en sursis

Au-delà des tensions internes, l’avenir même de Congo Airways est menacé. Faute d’appareils opérationnels et de liquidités, la compagnie pourrait perdre son Certificat de Transporteur Aérien (CTA), indispensable pour continuer à voler. Une éventualité qui signerait la disparition du pavillon national et priverait la RDC d’un outil stratégique de souveraineté et de mobilité régionale.

Les agents en appellent à la ministre Julie Mbuyi Shiku pour ordonner un audit administratif et financier immédiat, afin de clarifier les responsabilités et d’éviter un naufrage complet.

Symbole d’une gouvernance en panne

L’affaire Congo Airways dépasse le seul cadre d’une entreprise publique. Elle révèle la crise systémique de gouvernance qui mine encore le portefeuille de l’État congolais, malgré les réformes de modernisation engagées depuis 2021. À l’image d’autres sociétés stratégiques, la compagnie nationale se débat entre ambitions politiques, gestion opaque et défaillance de contrôle.

Symbole d’un rêve d’indépendance et de prestige national, Congo Airways n’est plus qu’une ombre d’elle-même, une compagnie clouée au sol, victime d’un pilotage sans cap. À Kinshasa, l’heure est venue pour les autorités d’agir avant que le dernier avion du pavillon congolais ne reste définitivement au hangar.

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