Commissaire supérieure principale de l’unité de protection des hautes personnalités et des institutions en République démocratique du Congo, Nicole Ntumba Tshimanga est bien plus qu’un simple officier de police ; elle incarne l’image d’une profession en pleine mutation, où le mérite et la compétence sont les seuls critères de reconnaissance. Au sein de la Police nationale congolaise (PNC), elle se distingue par une carrière exemplaire, bâtie sur des valeurs d’excellence et de dévouement au service de la nation. Dans un milieu encore majoritairement masculin, elle fait fi des stéréotypes en manifestant son expertise et son professionnalisme au cœur de son action. Nicole Ntumba est ainsi devenue une source d’inspiration, de l’égalité et du leadership au féminin. Titulaire d’une licence en gestion commerciale et financière et formée au journalisme, elle combine des compétences multiples qui, au fil de ses 15 années de carrière, l’ont armée pour relever les défis propres à ce corps. Cette double expertise a renforcé sa capacité à traiter les questions de sécurité avec rigueur et pragmatisme. Elle met en œuvre quotidiennement un sens aigu de la responsabilité, qui lui a valorisé le respect de ses pairs et l’admiration de nombreux jeunes aspirants. Interrogée par Infos27 sur son parcours, Nicole Ntumba a souligné l’importance cruciale de l’éducation dans la formation des futurs policiers. Pour elle, la famille joue un rôle fondamental dans l’inculcation des valeurs de discipline, de respect et d’intégrité, essentielles pour exercer cette fonction avec honneur. Elle appelle ainsi les parents à orienter leurs enfants vers une éducation de qualité, et surtout, à les sensibiliser aux valeurs morales dès leur plus jeune âge. « Les éléments de la police, nous les recrutons dans nos familles. Et la famille, comme élément de base d’une société, doit déjà donner de bonnes orientations aux enfants, une bonne éducation, une bonne instruction, ensuite nous les envoyer dans la police, et nous aurons des policiers de qualité », a-t-elle affirmé avec une conviction qui traduit son profond attachement aux fondements éthiques de son métier.
Dans un contexte où l’égalité hommes-femmes reste un enjeu crucial au sein des forces de sécurité, Nicole Ntumba appelle également les femmes à rejoindre la police, soulignant que son parcours personnel démontre que le mérite et la compétence peuvent transcender les distinctions de genre. Elle se pose en modèle pour celles qui hésiteraient encore, prouvant par son exemple qu’être femme ne constitue nullement un obstacle pour atteindre les plus hauts niveaux de responsabilité et d’excellence dans la Police nationale congolaise. Ce message puissant fait écho à sa propre expérience : elle a gravi les échelons sans jamais laisser les préjugés entrer son chemin.
Durant ses 15 années de carrière au sein de la Police nationale congolaise, Nicole Ntumba Tshimanga a démontré une évolution remarquable dans son parcours professionnel, occupant notamment la fonction de chef de service chargé des relations publiques, de la presse et du protocole à l’Inspection générale de la police pendant dix ans. Ce rôle lui a permis d’acquérir une expertise précieuse, en renforçant ses capacités et sa résilience tout en multipliant les missions à l’intérieur du pays. Ces expériences lui ont non seulement permis de se forger un caractère aguerri, mais aussi d’affiner ses compétences en matière de communication et de gestion des crises.
Son passage du journalisme à la carrière policière est un témoignage marquant des chemins inattendus que peut prendre la vie professionnelle. Tout a commencé en mars 2009, lorsque la police a lancé un vaste recrutement, mettant l’accent sur l’intégration des femmes congolaises. À l’époque, Nicole était journaliste, et lorsqu’elle proposait le sujet de ce recrutement à sa rédaction, elle ne se doutait pas que cette couverture médiatique allait changer le cours de son existence. En se rendant sur le terrain pour réaliser son reportage, elle a eu l’occasion de rencontrer l’inspecteur général de la police, Mudekereza, qui, après une interview, l’a encouragée à tenter sa chance en lui suggérant de soumettre sa candidature.
Bien qu’elle n’ait jamais envisagé une carrière dans la police, Nicole a accepté de manière hésitante de faire parvenir son curriculum vitae. À sa grande surprise, elle a été convoquée au concours de recrutement. À ce moment-là, elle a commencé à réaliser la gravité de la situation. « En ce moment, je me dis que ça devient sérieux », confie-t-elle. Initialement, elle a répondu à l’invitation par « pure formalité », mais elle a dû faire face à un test de recrutement exigeant, organisé sous l’égide de la MONUSCO et de la police européenne, qui a révélé ses capacités dans des domaines variés, notamment la culture générale.
Son succès lors de ce concours l’a propulsée vers une carrière qu’elle n’avait jamais envisagée.
Nicole Ntumba éprouve un véritable amour pour son métier, bien que ce sentiment soit parfois en décalage avec les préoccupations de son entourage. Elle se rappelle une mission à Goma, en période de tensions liées au M23, où sa mère, l’apercevant à la télévision, l’a appelée en pleurant, craignant pour sa sécurité. Cette réaction met en lumière les stéréotypes qui entourent la profession policière, en particulier pour les femmes qui s’engagent dans un milieu dominé par les hommes.
La commissaire Ntumba admet que travailler dans un environnement majoritairement masculin présente des défis considérables. Elle choisit de diriger ses subalternes avec bienveillance, adoptant une approche maternelle, tout en sachant qu’elle doit parfois s’imposer pour maintenir l’autorité. Son rôle exige qu’elle rédige régulièrement des rapports pour ses supérieurs hiérarchiques et qu’elle effectue des missions à travers diverses provinces de la République démocratique du Congo. Dans ce contexte, elle souligne que, lors des missions, « je ne suis plus une femme. Dans la police, il n’y a pas de considération de sexe… On devient tous égaux et le plus important est de bien faire son travail. »
En ce qui concerne sa vie de famille, Nicole reconnaît la difficulté de concilier ses responsabilités professionnelles avec sa vie personnelle, surtout en raison d’horaires souvent irréguliers. Cependant, elle insiste sur le fait que les ambitions professionnelles ne devraient pas nuire à l’harmonie familiale. Malgré les défis, Nicole admet que son rôle de commandement a pu influencer son comportement, la rendant parfois plus dure, même dans le cadre familial. Néanmoins, elle s’efforce de trouver un équilibre et de faire preuve de souplesse dans ses relations personnelles.
Pitshou Mulumba