La conférence-débat tenue à l’Université de Kinshasa sur le thème « L’ordre constitutionnel face aux mutations de la société : du populisme au discours académique » a réuni des experts éminents, notamment les professeurs Félicien Tshibangu Kalala, Christian Kabange, Grace Muwawa et Camille Ngoma, sous la modération éclairée du professeur Patrice Ntumba, tous membres d’un groupe multidisciplinaire associant universitaires et praticiens du droit engagé sur des questions sensibles et structurantes, à l’instar de la révision ou du changement de la Constitution, au cours de laquelle ils ont exposé, avec une rigueur académique remarquable, les failles de la Constitution de 2006 tout en plaidant en faveur d’une réforme substantielle qui tienne compte des réalités locales ainsi que des enjeux mondiaux, avant de conclure sur l’urgence de concevoir une Constitution évolutive, apte à concilier les aspirations citoyennes et les défis posés par les transformations sociopolitiques à l’échelle globale, comme en a témoigné un débat interactif et enrichissant avec un auditoire composé majoritairement d’étudiants et de chercheurs.
« L’ordre constitutionnel face aux mutations de la société : du populisme au discours académique ». C’est autour de ce thème de actualité brûlante en République démocratique du Congo qu’une conférence-débat s’est tenue, mercredi 4 décembre à l’Université de Kinshasa (UNIKIN). Organisée par un collectif académique et intellectuel, cette rencontre a réuni des intervenants de renom : les professeurs Félicien Tshibangu Kalala, Christian-lr Kabange, Grace Muwawa et Camille Ngoma. Sous la modération experte du professeur Patrice Ntumba, l’événement s’inscrivait dans le cadre des activités du Think Tank, un groupe multidisciplinaire associant universitaires et praticiens du droit. Cette structure se penche sur des questions sensibles et structurantes, telles que la révision ou le changement de la Constitution congolaise.
Dès l’entame des échanges, le professeur Félicien Tshibangu Kalala a établi un constat sans détour : la Constitution de la République démocratique du Congo du 18 février 2006 constitue une « greffe importée », éloignée des réalités culturelles et sociopolitiques locales. Il a plaidé pour une adaptation substantielle de ce texte fondateur afin de répondre aux défis de l’heure. « L’ordre constitutionnel repose sur la création d’une Constitution, qui structure les règles et principes fondamentaux d’une société. Mais celle-ci doit évoluer avec le temps, à mesure que les réalités sociopolitiques et économiques se transforment », a-t-il souligné.
Parmi les exemples, il a mentionné l’évolution des droits liés à la parité entre les sexes et l’impact de la ratification d’accords internationaux comme celui de l’OHADA (Organisation pour l’Harmonisation en Afrique du Droit des Affaires). Ces dynamiques exigent une relecture et une mise à jour constante de la Constitution pour qu’elle reste pertinente et adaptée aux engagements internationaux et aux valeurs contemporaines.
Le professeur Tshibangu Kalala a également livré une analyse approfondie de l’article 217 de la Constitution, mettant en lumière le principe de juxtaposition des souverainetés. Cette réflexion originale a ouvert la voie à un débat sur les interactions entre souveraineté nationale, régionale et internationale, particulièrement dans un contexte marqué par la mondialisation. « Les défis contemporains imposent de repenser certains aspects de la souveraineté pour permettre des coopérations internationales sans compromettre les fondements nationaux », a-t-il ajouté.
Poursuivant cette dynamique analytique, le professeur Grace Muwawa s’est penché sur les dispositions constitutionnelles susceptibles d’être révisées ou modifiées, en particulier l’article 220. Selon lui, cet article, bien que central dans la préservation de certaines matières dites « verrouillées », n’est pas lui-même insusceptible de révision. « L’architecture constitutionnelle n’est pas figée ; elle doit pouvoir évoluer avec discernement, tout en restant fidèle à ses principes directeurs », a-t-il argumenté.
La conférence s’est achevée sur un débat interactif avec un auditoire composé majoritairement d’étudiants et de chercheurs. Les échanges ont permis d’éclairer les participants sur les enjeux scientifiques et techniques liés à la révision constitutionnelle, dépassant largement les considérations politiciennes. Ce dialogue constructif a réaffirmé la nécessité d’une démarche inclusive et participative dans tout processus visant à adapter ou repenser le cadre constitutionnel de la République démocratique du Congo.
Pitshou Mulumba