Les mots peinent à traduire l’horreur qui s’est abattue sur Goma, chef-lieu du Nord-Kivu, assiégée par les Forces armées rwandaises (RDF) et leurs supplétifs du M23. Une ville meurtrie, où la mort et la désolation ont pris possession des rues, des maisons et des hôpitaux. En quatre jours seulement, la barbarie a fauché 773 vies, tandis que 2 880 blessés luttent pour leur survie dans des structures de soins submergées par l’ampleur de la catastrophe.
Ce bilan tragique a été présenté samedi 1er février 2025 par le ministre de la Santé publique, Roger Samuel Kamba, lors d’un briefing spécial en direct sur la télévision nationale (RTNC). À ses côtés, Patrick Muyaya, ministre de la Communication et Médias et porte-parole du gouvernement, a dénoncé une guerre d’extermination qui, sous l’œil impassible de la communauté internationale, s’intensifie à l’Est de la République démocratique du Congo.
Une catastrophe humanitaire sans précédent
« Si l’on doit parler du bilan de ce carnage, il faut savoir que la première conséquence de toute barbarie, c’est la santé », a déclaré le ministre de la Santé publique. Déjà éprouvé par une crise sanitaire endémique, Goma bascule dans un chaos absolu. « Le nombre de malades explose. Les capacités chirurgicales sont débordées. L’eau et l’électricité sont coupées, tandis que le personnel médical travaille sous un stress inimaginable », a-t-il ajouté.
La Croix-Rouge signale la présence de cadavres en état de putréfaction, témoins muets de la tragédie. Depuis mars 2024, le cumul des blessés s’élève à 5 949, dont des enfants, des nourrissons et même des patientes en maternité, prises pour cibles par des assaillants sans foi ni loi.
Face à cette catastrophe, une campagne de collecte de sang a été lancée pour sauver des vies, notamment celles des soldats et résistants Wazalendo engagés dans la défense du territoire. « Nous avons besoin de 5 000 poches de sang, mais nous n’avons pour l’instant récolté que la moitié », a déploré le ministre Roger Samuel Kamba, appelant à un élan de solidarité nationale.
Une humiliation insoutenable pour la population
Comme si la douleur du massacre ne suffisait pas, la population de Goma a été contrainte de nettoyer elle-même le sang de ses proches assassinés. Une humiliation supplémentaire dénoncée par le ministre Patrick Muyaya : « Il n’y a pas de paroxysme plus cruel. » Une scène insoutenable qui rappelle les pires atrocités documentées du Rwanda en RDC.
Face à cette tragédie, le gouvernement de la République, sous l’impulsion du président Félix Tshisekedi, a pris des mesures d’urgence pour renforcer l’effort de guerre. L’une des décisions majeures est la réduction du train de vie des institutions et de leurs animateurs. Ainsi, plusieurs avantages des membres du gouvernement Suminwa seront supprimés et redirigés vers le financement des FARDC et des initiatives civilo-militaires visant à bouter hors du pays les envahisseurs.
La lutte pour la vérité et la souveraineté
Dans ce contexte de guerre et de manipulation orchestrée par Kigali, Patrick Muyaya a promis des points d’information réguliers sur la situation dans l’Est du pays. L’objectif est clair : contrer la désinformation rwandaise qu’il qualifie de « poison rwandais ». Car au-delà du combat armé, c’est aussi une bataille médiatique et diplomatique que la RDC doit mener pour rétablir la vérité et mobiliser la communauté internationale.
Goma saigne. Goma pleure. Mais Goma résiste. Car l’histoire retiendra que face à l’horreur, le peuple congolais ne s’est jamais résigné. Aujourd’hui plus que jamais, l’heure est à l’unité nationale et à la mobilisation pour éradiquer cette menace qui pèse sur la souveraineté et l’intégrité territoriale de la République démocratique du Congo.