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3 juillet, 2024 - 02:08:15
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Présidentielle 2023 : atouts et les faiblesses des principaux candidats

De 24 candidats à l’élection présidentielle du 20 décembre 2023 en République démocratique du Congo, 5 d’entre eux se sont déjà lancés dans la campagne électorale. Il s’agit de Félix-Antoine Tshisekedi, président sortant, Moïse Katumbi, l’ancien gouverneur du Katanga, Martin Fayulu, candidat malheureux de la présidentielle de 2018, Adolphe Muzitu, ancien Premier ministre sous Joseph Kabila, et Dr Denis Mukwege, lauréat du Prix Nobel de la Paix. De plus, Delly Sessanga, ancien chef rebelle et ancien allié de l’actuel chef de l’État lors de la présidentielle de 2018, s’est également lancé dans la campagne électorale.

1. Félix-Antoine Tshisekedi

Candidat à sa propre succession, il part favori pour l’élection présidentielle du 20 décembre 2023. Cela est d’autant plus vrai qu’il fait face à une opposition morcelée lors de l’élection à un seul tour. Bien que son bilan quinquennal soit jugé mitigé par certains observateurs et “chaotique” par ses opposants, les pronostics jouent en sa faveur.

En effet, en tant que fin stratège, il a réussi à “déboulonner” l’ancien régime de Joseph Kabila, dont les proches collaborateurs, ses anciens alliés, ont abusé de sa bonne foi pendant près de deux ans. Contre toute attente, il a réalisé en si peu de temps des avancées significatives qui plaident en faveur de son second mandat. Parmi ses réalisations figurent son programme phare de gratuité de l’enseignement au niveau primaire, la gratuité de la maternité qui a débuté à Kinshasa et s’étendra progressivement dans d’autres provinces, le Programme de développement local de 145 territoires, la construction d’infrastructures scolaires, routières, sportives, etc. Il a également entrepris la réforme de l’armée, fragilisée à dessein par l’ancien régime, et a replacé la République démocratique du Congo dans le concert des nations.

En prévision des élections générales de 20 décembre 2023, Félix-Antoine Tshisekedi bénéficie du soutien indéfectible de grands leaders de formations politiques à travers le pays.

Dans le Grand Équateur, il est soutenu, notamment, par Jean-Pierre Bemba, Lucien Bussa, et Guy Loando. Dans l’ex-province Orientale, il compte sur Éve Bazayaba, Geneviève Inagossy, et Carole Agito. Dans le Grand Kivu, sa machine électorale est constituée de Vital Kamerrhe, Bahati Lukwebo, et Mbusa Nyamuisi, tandis que dans le Grand Katanga, son équipe d’attaque est conduite par Jean-Michel Sama Lukonde. Dans le Grand Bandundu, Christophe Mboso, Godefroid Mayobo, et Willy Makiashi, les leaders de deux ailes du Parti Lumumbiste Unifié (PALU), sont également à la manœuvre. De plus, son aura, celle de son défunt père, Étienne Tshisekedi, et l’ancrage de son parti politique, l’UDPS, dans le Grand Kasaï, lui apportent un soutien solide dans cette partie du pays.

Malgré ces atouts, le président Félix-Antoine Tshisekedi n’a pas pu concrétiser sa promesse de rétablir la paix dans l’est de la République démocratique du Congo. Ses opposants, dont Moïse Katumbi, en profitent pour critiquer son quinquennat. De plus, ses mauvais collaborateurs impliqués dans la corruption sont considérés comme les tares de son régime. Il est donc normal que ses opposants l’accusent de corruption et de détournement de fonds publics. Un autre point faible est le manque d’efficacité de la cellule de communication de la Présidence, qui n’a pas su communiquer suffisamment sur les grandes réalisations de Félix-Antoine Tshisekedi et semble réagir tardivement aux critiques de ses opposants.

2. Moïse Katumbi
Ancien gouverneur du Katanga, Moïse Katumbi mise sur son bilan à la tête de cette province riche en cuivre de 2007 à 2015, mettant en avant la construction d’écoles, de routes et le développement de l’agriculture. Cependant, ce bilan a récemment été remis en cause par le chef de l’État Félix-Antoine Tshisekedi, dont il fut un allié et dont il a décidé de se séparer presque à la fin de son quinquennat.
En tant qu’homme d’affaires fortuné, Moïse Katumbi compte également sur ses gros moyens financiers qui lui ont permis, selon certaines indiscrétions, de rallier certains candidats à la présidence de la République, tels que Matata Mponyo, ancien Premier ministre sous Joseph Kabila, poursuivi par la justice dans l’affaire des fonds destinés au grand projet agropastoral de Bukalonzo, Franck Diongo, ancien allié de Félix-Antoine Tshisekedi, et Seth Kinkuni.

Présenté autrefois par le cardinal Fridolin Ambongo, archevêque de Kinshasa, comme un acteur politique modèle pour l’église catholique, ce candidat de 58 ans profite également de la célébrité qu’il s’est forgée à partir de son prestigieux club de football, le tout-puissant Mazembe, pour tenter de séduire certains électeurs à travers le pays.

Originaire du Katanga et swahiliphone, Moïse Katumbi compte sur l’électorat de sa province et celui du Grand Kivu. Né d’un père italien, il aura du mal à inspirer confiance aux Congolais partisans de la Congolité, un concept qui fait déjà débat le jour des scrutins.

En tant que président de Ensemble pour la République, une grande formation politique née de la fusion d’autres partis politiques, Moïse Katumbi est critiqué par certains internautes pour son manque d’éloquence et semble ne pas avoir un leadership fort. Perro Luaha, un des journalistes proches de cet ancien collaborateur de Joseph Kabila, lui avait remonté les bretelles dans ce sens. D’ailleurs, certains estiment que Moïse Katumbi avait laissé à son proche collaborateur Mwando Nsimba le soin de présenter à la presse son programme de société, notamment en raison de son manque de leadership fort.

Malgré sa participation dans la gestion du pays sous Félix-Antoine Tshisekedi, Moïse Katumbi est devenu très critique envers ce régime, notamment concernant l’insécurité dans l’est de la RDC. Il évite cependant de désigner nommément le Rwanda, pays agresseur de la RDC, qu’il compte diriger s’il remporte l’élection présidentielle de 20 décembre 2023. Jugé très proche du régime de Paul Kagame, Moise Katumbi est qualifié de candidat des étrangers, qui ne tiennent que par la balkanisation du pays d’Emery Patrice Lumumba. Ce premier Premier ministre avait déjà dénoncé en son temps ce plan machiavélique des Occidentaux, qui sont accusés de se servir de l’homme fort de Kigali pour mener une guerre par procuration dans l’est de la RDC, notamment pour piller ses richesses.

3. Martin Fayulu
Ancien cadre d’une grande compagnie pétrolière, Martin Fayulu s’était forgé sa célébrité, notamment lorsqu’il était soutenu par une grande frange de l’opposition lors de la présidentielle de 2018. Malgré sa défaite, en fin stratège, il avait profité de cette opportunité pour implanter son parti politique, Engagement pour la citoyenneté et le développement (Écidé), dans plusieurs régions du pays.

Pendant la campagne électorale, celui qui se considère comme l’unique représentant valable de Lamuka, la plateforme de l’opposition créée lors des élections générales de 2018, est perçu comme un perturbateur entre Félix-Antoine Tshisekedi et Moïse Katumbi. Il ne permettra ni à l’un ni à l’autre de faire un carton dans certaines parties du pays où son parti politique et sa plateforme ont de l’ancrage, notamment dans le Grand Bandundu, dont il est originaire, et dans l’ex-Kisangani.

Martin Fayulu est vivement critiqué, notamment pour ses tergiversations. Comme en 2018, il s’est prononcé sur sa candidature à la présidentielle de 2023, après l’avoir boycottée. D’ailleurs, sa formation politique en fait les frais, n’ayant aligné aucun candidat aux élections législatives, provinciales et municipales en raison de cette décision qualifiée d'”irréfléchie” par certains.

Selon certains recoupements, cette situation a créé un malaise au sein de l’Écidé. Il convient de noter, par ailleurs, qu’en raison de ses positions figées, Martin Fayulu est également reproché d’être plus un homme politique qu’un diplomate.

4. Denis Mukwege

Ce médecin, responsable de l’hôpital de Mpanzi au Sud-Kivu, est plus connu pour le Prix Nobel de la paix qui lui a été décerné pour sa prise en charge des victimes des violences sexuelles et pour son combat pour réclamer justice pour les femmes victimes des violences sexuelles perpétrées par des groupes armés sévissant dans la partie est de la RDC.

Connu également pour ses virulentes critiques contre le régime en place, Denis Mukwege ne dispose pourtant d’aucune base politique. Comme Martin Fayulu, il a décidé de se prononcer tardivement sur sa candidature. Présenté lui aussi comme un candidat des étrangers, le Prix Nobel Mukwege est plus connu en dehors qu’à l’intérieur des frontières de son pays. Il ne peut compter que sur l’électorat du Sud-Kivu, dont il est originaire, et, si la chance lui sourit, un peu sur le Grand Kivu, qui pourrait se reconnaître en lui en tant que “réparateur des femmes” et “swahiliphone”.

5. Adolphe Muzito

Ancien ministre du Budget et ancien Premier ministre sous Joseph Kabila (2008-2012), il est un leader politique que certains observateurs apprécient beaucoup, notamment pour son “élégance”. Contrairement à ses pairs de l’opposition, qui estiment que le régime de Tshisekedi n’a rien fait de bon durant son mandat de cinq ans, le président du Nouvel Élan reconnaît que le gouvernement de Félix-Antoine Tshisekedi a relevé le niveau du Budget national.

Généralement, il propose avec élégance des pistes de solution lorsqu’il émet ses critiques sur la gestion du pays et la situation sécuritaire dans l’est de la RDC. Malheureusement, pour cet ancien membre du Parti lumumbiste unifié (PALU), sa jeune formation politique, mieux implantée dans le Grand Bandundu, n’a pas d’ancrage dans le pays pour lui permettre de faire de l’ombre au candidat n°20.

6. Delly Sessanga

Avocat et député national, le président de Ensemble des volontaires pour le développement de la République démocratique du Congo (Envol) est surtout connu pour ses interventions pertinentes lors des plénières à l’assemblée nationale. Allié de Félix-Antoine Tshisekedi lors de la présidentielle de 2018, cet élu de Luiza lui a tourné le dos, notamment en raison de “l’amateurisme”, de la “corruption” et du “détournement de fonds” qu’il reproche à l’actuel régime.

À l’instar de M. Adolphe Muzito, cet ancien chef rebelle de RCD/Goma, ne dispose pas d’un parti politique qui lui permette de rêver d’être élu président de la République à l’issue des élections du 20 décembre 2023. En outre, malgré son éloquence, il n’a pas un poids politique suffisant pour faire face au candidat de l’Union Sacrée de la Nation.

La Rédaction

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