Le silence coupable, ou plutôt le refus des Nations Unies de sanctionner l’État rwandais pour son agression avérée contre le Congo, a atteint des proportions inouïes. Pourtant, cette institution internationale a été créée pour maintenir la paix, promouvoir la justice et assurer la sécurité internationale face aux menaces pesant sur le bien-être de la population mondiale.
En effet, face à l’agression rwandaise en République Démocratique du Congo, les Nations Unies ont la capacité d’exercer leur mission de maintien de la paix et de la sécurité, non seulement par des mécanismes pacifiques tels que la négociation, la médiation ou la conciliation, mais également par des moyens coercitifs, comme le recours à la force militaire et à la justice internationale, en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies. Trop de sang a coulé en République Démocratique du Congo à cause de cette agression rwandaise : plus d’un million de Congolais ont perdu la vie, et cela sans que les criminels soient punis, sans sanctions, et sans que justice internationale ne soit rendue.
Sous l’égide des Nations Unies, la RDC a organisé différents dialogues depuis le début de la guerre en 1996. Malheureusement, ces dialogues ont conduit à l’infiltration de l’armée congolaise et à la déstabilisation des institutions congolaises, au grand désarroi des Congolais.
Peut-on encore continuer à négocier dans ces conditions ?
Il est évident que les agressions répétées du Rwanda violent le principe sacro-saint de l’intangibilité des frontières. Par ailleurs, les militaires rwandais se rendent coupables de crimes internationaux sans jamais être poursuivis.
Face à ces faits avérés, les Nations Unies se contentent de produire des rapports attestant l’implication du micro-État rwandais dans les crimes commis en République Démocratique du Congo et dans le pillage des ressources naturelles congolaises, sans jamais aller au-delà.
Peut-on alors envisager l’abstention des Nations Unies à sanctionner l’État rwandais comme un complot ourdi contre la RDC ?
Tout porte à répondre par l’affirmative, d’autant plus que les Nations Unies refusent d’appliquer l’article 13 du Statut de Rome pour saisir la Cour Pénale Internationale (CPI) contre le président Paul Kagame, en passant par le Conseil de sécurité. Cette disposition aurait été pourtant pertinente, étant donné que l’État rwandais n’est pas signataire du Statut de la CPI.
Paradoxalement, cette prérogative a été utilisée contre le président Vladimir Poutine et le Premier ministre Benjamin Netanyahou, dont les pays ne sont pas non plus signataires du Statut de Rome.
Les Nations Unies ne peuvent pas se contenter de publier des rapports. Avec un organe sanctionnateur tel que le Conseil de sécurité, elles doivent répondre aux revendications des victimes congolaises en imposant des sanctions économiques, un embargo, l’usage de moyens militaires, et surtout l’émission d’un mandat d’arrêt contre le président. Paul Kagamé.
Le congolais a assez de simples condamnations venant des membres du Conseil de sécurité (États-Unis, France, etc.), qu’il perçoit comme des manœuvres de détournement de peuple et des promesses vaines.
L’heure n’est plus aux condamnations, mais aux sanctions sévères. Le peuple congolais est désormais convaincu que les Nations Unies jouent un double jeu, vu leur abstention de sanctionner l’État rwandais. Cependant, il faut le dire et le répéter : le salut du Congo viendra des Congolais eux-mêmes.
Pour mettre fin à cette agression rwandaise, nous préconisons les mesures suivantes :
• La mise en place d’une armée citoyenne, républicaine, dissuasive et d’une industrie militaire : cela implique un budget permettant donc de recruter cent mille militaires par an pendant une décennie.
• L’établissement de réseaux diplomatiques efficaces et tournés vers le développement, afin de transformer les convoitises étrangères en opportunités de progrès.
• La création d’un service de renseignement fiable, performant et bien équipé, capable d’anticiper et de neutraliser les menaces.
Le peuple congolais, en prenant en main son destin, prouvera qu’il est capable de surmonter les défis auxquels il est confronté.
Bettens Ntumba
Chercheur en droit international.