Si Donald Trump a désengagé les États-Unis de l’accord de Paris sur le réchauffement climatique pour des raisons de réindustrialisation, donc économiques, Félix Tshisekedi se verrait dans l’urgente obligation de sortir également la RDC de cet accord et surtout de lever le moratoire , en application depuis 2002, sur l’exploitation industrielle à grande échelle du massif forestier de la RDC. Contrairement à Trump, Tshisekedi a la délicate responsabilité de maintenir l’intégrité territoriale de la RDC face à la menace de plus en plus claire de la balkanisation de l’est congolais.
Début février, à l’ONU, au Conseil de sécurité, la communauté internationale a étalé sur la place publique, sa complicité sinon sa passivité face au blitzkrieg mené dans les Kivu par le Führer de Kigali, Paul Kagame. Fort probable, avec le chaos environnemental causé par l’ex-président brésilien Jair Bolsonaro, le massif forestier du Congo est devenu le premier poumon de l’humanité et le plus grand bouclier du monde face à l’effet de serre par rapport à l’Amazonie. Hélas, la communauté internationale, faute d’en contribuer, devrait devoir subir les dégâts collatéraux de l’effort de guerre que collecte le gouvernement congolais.
Le devenir de l’humanité en jeu
Dans tous les forums internationaux sur le climat, Félix Tshisekedi l’a dit et redit, ” avec ses 155 millions d’hectares de forêts qui couvrent l’équivalent de 67 % du territoire national, mon pays représente à lui seul près de 10 % des forêts tropicales du monde, près de 38 % des forêts africaines et environ 60 % de celles du bassin du Congo”. Et d’ajouter , “le massif forestier de la RDC séquestre également près de 24,5 gigatonnes de gaz à effet de serre quotidiennement, dont les 3/4 sont concentrés sur 43 % de la superficie du pays.
A cet énorme massif forestier, s’ajoutent de vastes étendues de tourbières, couvrant environ 101. 500 km² du territoire national. “Son atout principal demeure sa capacité d’absorption de carbone qui se chiffre à près de 1,5 milliard de tonnes de dioxyde de carbone par an, soit 4 % des émissions mondiales. Ses tourbières constituent un stock naturel de plus de 30 gigatonnes de dioxyde de carbone, l’équivalent de plus de deux ans d’émissions mondiales de gaz à effet de serre », avait rappelé, fin août 2023, Félix Tshisekedi à la communauté internationale, à Belém, au Brésil.
De Washington à Pékin, en passant par Moscou, Paris et Londres, l’on doit devoir comprendre que Kinshasa est dans l’obligation de sacrifier sa politique climatique sur l’autel de sa survie en tant qu’État indépendant, sujet et non objet ou enjeu des relations internationales.
Des milliards de dollars ignorés dans la forêt
Selon la Banque centrale du Congo, ce n’est qu’en 2023, depuis ces cinq dernières années, que la RDC a frôlé les 200.000 m3 de grume dans sa production. Elle n’était en réalité que de 192.049 m3.
D’ailleurs, un récent rapport ITIE RDC FORESTIER , note que, malgré les potentialités de la RDC dans le domaine forestier, sa production industrielle du bois d’œuvre n’a jamais dépassé 400.000 m3 par an. Jamais, ces cinq dernières années, les recettes du secteur forestier n’ont franchi les 100 millions $US. Les meilleures réalisations datent de 2021, quand les exportations totales ( bois grumes, sciés, d’œuvres, etc.,) étaient de 64 millions $US.
Alors qu’au Congo d’en face, juste 342.000 Km² contre 2.345.409 km2 à la RDC, les produits à base de bois ont représenté environ 2,3 pour cent de la valeur des exportations et importations mondiales. Ces cinq dernières années, la production de bois rond industriel s’est située dans une moyenne de 2 milliards de m3! En 2020, du fait de l’épidémie mondiale de COVID, la production avait connu une légère baisse et s’est chiffrée à 1,98 milliard de m3 en 2020. Pour autant, elle représente cinq fois plus la production en RDC qui est près de huit fois plus vaste que le pays de Sassou Nguesso.
Au lieu de soumettre à jeun, l’administration publique, le gouvernement Suminwa a une bonne opportunité de se doter des moyens pour sa politique de guerre. Et ce n’est pas la clientèle qui paie comptant qui fait défaut: la Chine en tête, suivie du Vietnam et de l’Inde sont les principaux acheteurs du bois congolais, pour sa qualité. Viennent ensuite l’Arabie Saoudite, le Liban et les Émirats.
Pold Levi (CP)