La visite de la CENCO et de l’ECC auprès du M23/AFC à Goma suscite une vague d’interrogations. Pourquoi ces leaders religieux ont-ils choisi d’entrer en dialogue avec un groupe armé reconnu comme l’instrument de l’agression rwandaise contre la RDC ? S’agit-il d’une initiative sincère pour la paix ou d’une dangereuse légitimation d’un mouvement criminel ? Cette démarche, loin d’être anodine, risque de renforcer l’argument fallacieux du Rwanda selon lequel la guerre dans l’Est de la RDC serait un conflit interne entre Congolais. Faut-il y voir un geste isolé des Églises ou une mission menée avec l’aval tacite des autorités congolaises ? Les services de renseignement étaient-ils informés ? Dans un contexte où la souveraineté nationale est menacée, ces questions demeurent cruciales.
La visite de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) et de l’Eglise du Christ au Congo (ECC) auprès des terroristes de l’Alliance Fleuve Congo (AFC) et du M23 à Goma, le mercredi 12 février, soulève une tempête de questions.
Pourquoi ces figures de l’Eglise ont-elles choisi d’aller à la rencontre d’un groupe armé reconnu comme instrument de l’agression rwandaise contre la RDC ? S’agit-il d’une démarche sincère de pacification ou d’une dangereuse légitimation d’un mouvement criminel ? En réalité, cet acte risque de brouiller les lignes du conflit en réconfortant l’argument fallacieux du Rwanda, qui tente de présenter son entreprise criminelle comme une simple guerre entre Congolais.
Il est évident que la RDC n’est pas aux prises avec un problème interne, mais bien avec une agression orchestrée par le régime de Kigali. Le Rwanda ne se soucie guère du massacre des Congolais et ne recule devant aucune manipulation pour camoufler ses ambitions hégémoniques et prédatrices. En s’asseyant à la même table que les pantins de Paul Kagame, la CENCO et l’ECC ne font-elles pas le jeu de ce dernier ?
Les responsables religieux justifient leur initiative par le besoin d’inclure tous les acteurs sociopolitiques dans les consultations menées dans le cadre du “Pacte social pour la paix et le vivre ensemble en RDC”. Un noble engagement, certes, mais qui prend une tournure équivoque lorsqu’il ouvre la porte à des discussions directes avec ceux qui ont du sang sur les mains. Cette approche ne remet-elle pas en cause la stratégie de l’Etat congolais, qui lutte pour restaurer la stabilité dans l’Est du pays sans faire de concessions à ces criminels ?
Le parti au pouvoir, l’UDPS, ainsi que d’autres acteurs politiques, s’opposent fermement à cette démarche, redoutant qu’elle ne confère une forme de légitimité aux revendications du M23. Ils craignent, à juste titre, que cette initiative ne fragilise les efforts diplomatiques et militaires en cours pour pacifier la région.
Une autre question brûlante s’impose : la CENCO et l’ECC ont-elles entrepris cette mission en toute indépendance ou avec l’aval tacite des plus hautes autorités du pays ? Peut-on imaginer qu’elles aient effectué un tel déplacement sans en informer les services de renseignement ? Ou bien faut-il comprendre que cette initiative s’inscrit, à un certain niveau, dans une stratégie plus large, que le pouvoir préfère ne pas endosser officiellement ?
Si cette démarche a reçu un feu vert implicite, alors la population congolaise est en droit de s’interroger sur les orientations prises par ses dirigeants face à l’agression rwandaise. Si, au contraire, il s’agit d’une initiative strictement ecclésiale, elle pose la question des limites du rôle des confessions religieuses dans une situation de guerre.
Dans tous les cas, la visite des princes de l’Eglise à Goma expose la RDC à un risque d’interprétation dangereuse de son conflit, brouillant le message essentiel : ce n’est pas un simple problème congolais, mais une agression étrangère qui vise à démembrer la nation. Il serait regrettable que l’histoire retienne cette visite comme une erreur stratégique ayant affaibli la position du pays sur la scène internationale.
L’heure est grave. Face à la souffrance des populations de l’Est, toute initiative doit être pesée avec prudence. La paix ne se bâtit pas sur des illusions ni sur des compromis avec ceux qui tuent et violent sous couvert d’une fausse légitimité politique. La RDC doit rester ferme et unie face à son véritable ennemi. La paix ne peut être une monnaie d’échange face à l’imposture et au crime.
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