Longtemps murmurée dans les couloirs du pouvoir à Kinshasa et au sein de l’opinion publique, la collusion supposée entre l’ancien président Joseph Kabila et l’entreprise de déstabilisation à l’est de la République démocratique du Congo prend aujourd’hui l’allure d’une évidence criante. Les pièces du puzzle, patiemment dispersées, commencent à s’assembler. Et les faits, têtus comme toujours, finissent par parler d’eux-mêmes.
Annoncé de retour au pays par la ville de Goma — cette cité martyre, toujours sous l’emprise du M23, supplétif du Rwanda — Joseph Kabila, fils de Laurent-Désiré Kabila, auteur du célèbre serment « Ne jamais trahir le Congo », ne choisit ni la voie neutre, ni le moment insignifiant. Il revient, croit-on, sous escorte, dans une zone contrôlée par ceux-là mêmes qui ensanglantent le Nord-Kivu et défient l’intégrité nationale. Pire, selon les services migratoires, sa sortie du territoire n’aurait pas même été régulière. Son retour s’opère donc dans une forme de clandestinité, à la faveur d’un corridor ennemi.
Et dans ce théâtre dramatique, le rôle joué par l’Alliance Fleuve Congo (AFC), bras politique du groupe terroriste M23, ne cesse d’inquiéter. « L’AFC, c’est lui », souffle-t-on désormais sans détour dans les rangs du pouvoir. Félix Tshisekedi l’a dit, le gouvernement le répète, et Patrick Muyaya, son porte-parole, l’a rappelé à Lubumbashi : cette guerre n’est pas une simple affaire de sécurité, elle est aussi un révélateur d’alliances obscures et de responsabilités que l’Histoire ne manquera pas de juger.
Car dans une ville meurtrie, sous le joug de forces hostiles, une telle apparition ne peut être interprétée comme fortuite. Elle porte en elle un message, une charge symbolique, un défi politique. « Il faut regarder dans la symbolique des actes posés », a prévenu Patrick Muyaya, appelant à une vigilance nationale. À Goma, ce ne sont pas seulement les armes qui parlent. Ce sont les gestes, les présences, les silences, les allégeances.
Trente ans de guerre n’ont pas suffi. Trois décennies d’efforts, de morts, de compromis, de deuils. Et toujours, la même question : à qui profite le chaos ? Si chaque président a dû affronter cette hydre orientale, faut-il encore que l’un d’eux, hier commandant suprême, réapparaisse dans le camp de ceux qui menacent l’unité nationale ?
La réponse s’impose avec gravité : ce retour-là, ne sera pas neutre. Il est un acte politique. Et peut-être, le début d’un éclaircissement nécessaire. Le moment est venu de dire les choses. Les Congolais méritent la vérité. Toute la vérité.
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