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Kinshasa
10 octobre, 2025 - 15:44:49
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Kinshasa assume sa cohérence : « Pas d’intégration régionale sans paix », tranche Patrick Muyaya

Dans un contexte régional encore marqué par les tensions à l’Est, Kinshasa a refusé de céder à la précipitation diplomatique. Alors que plusieurs partenaires espéraient voir la République démocratique du Congo parapher, à Washington, le document fondateur du cadre d’intégration économique régionale, le gouvernement congolais a choisi de temporiser. Pour Patrick Muyaya, ministre de la Communication et Porte-parole du Gouvernement, ce refus n’a rien d’un désengagement, mais relève d’une « cohérence stratégique » : sans paix, pas d’économie. « Le Président Tshisekedi a toujours été clair : on ne bâtit pas l’intégration sur des ruines. La paix, la stabilité et la souveraineté nationale sont les conditions préalables à tout cadre économique durable », a-t-il martelé lors d’un briefing spécial à Kinshasa. Une position que le gouvernement présente comme une démonstration de lucidité et de responsabilité, face à des réalités sécuritaires qui demeurent explosives dans l’Est du pays.

Patrick Muyaya, ministre de la Communication et Médias et Porte-parole du Gouvernement, a livré un exposé sans détour sur la posture de la République démocratique du Congo dans le processus dit de Washington. Thème du jour : « Cohérence stratégique de la RDC : la paix comme préalable à l’intégration économique régionale ».

Le ministre a tenu à lever toute ambiguïté : « Nous n’avons pas signé parce que les conditions de paix ne sont pas réunies sur le terrain. C’est une position cohérente, fondée sur la vision du Chef de l’État. »
Il répondait ainsi aux nombreuses spéculations entourant le refus de Kinshasa d’apposer sa signature au document devant consacrer la naissance du cadre d’intégration économique régionale, pourtant attendu par plusieurs chancelleries.

La paix comme socle de la diplomatie congolaise

Patrick Muyaya a d’abord rappelé la portée du message du Président Félix Tshisekedi à la dernière Assemblée générale des Nations unies : « Cette année, la RDC n’est pas venue à New York pour parler seulement, mais pour agir. Elle a été élue membre non permanent du Conseil de sécurité. Le Chef de l’État a insisté sur la reconnaissance du génocide perpétré sur le sol congolais. »

Selon le Porte-parole du gouvernement, cette élection traduit « la reconnaissance internationale d’un pays qui défend une approche de paix durable avant toute intégration économique ». « Le Président a toujours dit qu’on ne parlera d’économie que lorsque la paix sera restaurée. Une paix définitive, durable et fondée sur la souveraineté nationale », a-t-il insisté.

Washington : un accord de principe, pas d’aveuglement politique

Revenant sur le contenu de l’accord de Washington signé le 27 juin dernier, le ministre a détaillé les mécanismes de sécurité déjà en place.

« Le mécanisme conjoint de coordination de la sécurité et le comité conjoint de surveillance fonctionnent déjà. Ils visent à garantir le retrait des troupes rwandaises, la levée des mesures dites de défense et la cessation du soutien au M23. Ces éléments constituent pour nous des conditions non négociables », a martelé Muyaya.

Le ministre a précisé que l’ordre opérationnel adopté à Washington prévoit une mise en œuvre par phases : « L’objectif est clair : obtenir le retrait des troupes étrangères et la restauration complète de notre souveraineté. C’est seulement à cette étape que nous pourrons envisager, sereinement, un cadre économique régional. »

Une position de cohérence, pas d’isolement

Kinshasa, selon son Porte-parole, ne se met pas en marge de l’effort collectif. « Le travail des experts congolais a été salué. Nous sommes engagés, mais de manière responsable. Cela aurait été mal compris par notre population que nous signions un cadre économique alors que notre souveraineté n’est pas encore restaurée », a-t-il expliqué.

Patrick Muyaya a rappelé qu’au chapitre 6 de l’accord, la création du cadre d’intégration économique régional est conditionnée par la stabilité politique et la paix. « Dans tous les textes, la paix vient toujours en premier. Elle n’est pas un slogan, mais une exigence logique. Ce que nous vivons sur le terrain depuis juin ne correspond pas à l’esprit de cet accord », a-t-il ajouté.

« La cohérence, pas la complaisance »

Dans une formule qui résume la ligne gouvernementale, le ministre a lancé : « La cohérence n’est pas la complaisance. Nous ne refusons pas l’intégration, nous refusons l’illusion. »

Il a rappelé que de nouvelles réunions sont prévues « dans la troisième semaine d’octobre », et qu’elles devraient permettre « de vérifier si les engagements pris sur la sécurité ont été respectés par toutes les parties, notamment le Rwanda ».

« Si l’ordre opérationnel s’applique comme prévu, a-t-il conclu, nous verrons enfin les conditions de paix se matérialiser. Alors, oui, nous pourrons parler d’économie, d’échanges et de développement. Mais pour l’instant, notre priorité, c’est la paix. »

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