Alors que l’intelligence artificielle bouleverse les repères traditionnels de l’information, le journalisme congolais est sommé de se réinventer sans renier son éthique. En ouvrant la deuxième édition des Rencontres Congolaises de Recherches sur le Journalisme, jeudi 8 mai à Kinshasa, le ministre Patrick Muyaya a lancé un appel clair : la technologie ne doit pas dominer l’humain, mais le servir. Entre méfiance et curiosité, cette réflexion collective dessine les contours d’une presse lucide, armée pour les mutations de son temps.
Le ministre de la Communication et des Médias, Patrick Muyaya, a ouvert, jeudi 8 mai, la deuxième édition des Rencontres congolaises de recherches sur le journalisme, organisée à l’Institut national des arts. Un rendez-vous académique qui interroge l’avenir de l’information face à l’essor de l’intelligence artificielle.
Vingt ans après les premières tentatives de structuration d’une réflexion universitaire sur la presse congolaise, le journalisme se retrouve aujourd’hui confronté à une nouvelle frontière : celle de l’intelligence artificielle (IA). C’est ce défi que la deuxième édition des Rencontres Congolaises de Recherches sur le Journalisme (RCRJ) s’est attachée à explorer, du 8 au 10 mai, dans les murs rénovés de l’Institut national des arts (INA), à Kinshasa.
Le thème choisi cette année — « Le journalisme face à l’intelligence artificielle : entre méfiance et révérence » — témoigne d’une volonté de conjuguer vigilance éthique et exploration prospective. Ouverte par le ministre de la Communication et des Médias, Patrick Muyaya Katembwe, la rencontre a réuni universitaires, professionnels des médias, étudiants et partenaires institutionnels autour d’un sujet désormais incontournable.
Un colloque placé sous le signe de la vigilance
Dans un discours dense et sans concession, Patrick Muyaya a salué le rôle pionnier du Larsicom, le laboratoire organisateur, dans la structuration d’une pensée critique congolaise sur les mutations médiatiques. Le ministre a insisté sur la nécessité pour les journalistes de conserver la maîtrise des contenus et de ne pas céder aux illusions de l’automatisation :
« Il y a une part d’émotion, une part de recul, une part de contextualisation qui reste du ressort humain. L’IA peut produire, mais seul le journaliste peut encore raconter avec justesse. »
Ce regard critique n’a pas empêché le ministre d’appeler à un usage stratégique de l’intelligence artificielle, notamment dans un contexte de guerre informationnelle où la RDC a vu émerger de nouveaux fronts numériques. « Nous avons vu les dégâts que l’intelligence artificielle peut causer lorsqu’elle est manipulée par des puissances hostiles. Il nous revient d’en faire un outil de souveraineté », a-t-il ajouté.
L’INA, théâtre d’une réflexion renouvelée
Dans son mot introductif, le directeur général de l’INA, Félicien Tshimungu Kandolo, a exprimé sa fierté d’accueillir ce rendez-vous scientifique dans les nouvelles installations de l’institut, inaugurées en décembre 2024. « Ces infrastructures sont le fruit de l’engagement du président Félix Tshisekedi en faveur d’un système éducatif inclusif et tourné vers l’avenir », a-t-il déclaré. Il a également annoncé la création prochaine d’une filière en communication culturelle, conçue pour former des professionnels capables de s’adapter aux mutations technologiques du secteur.
Le professeur Pierre Nsana, président du Larsicom, a quant à lui salué le soutien institutionnel reçu, tout en appelant à une réflexion exigeante : « Ce colloque se veut une fête du savoir, mais une fête où l’on pense, où l’on interroge, où l’on écoute… et où l’on rit aussi, parfois, au cœur même des complexités de l’IA. »
Un espace d’échanges et de transmission
Durant trois jours, les panels animés par des chercheurs et praticiens tels que le professeur Madimba Kadima Nzuji, Félix Malu ou encore Axel Gontcho, vont tenter de répondre à une série de questions désormais centrales : Quelle place pour la déontologie journalistique à l’ère des générateurs automatiques de texte ? Comment intégrer l’IA dans les formations en journalisme sans dévoyer les fondamentaux du métier ? Et surtout, comment garantir une information contextualisée, crédible et éthique dans un environnement numérique mondialisé ?
À travers ces échanges, le colloque entend poser les bases d’un dialogue durable entre recherche académique, pratique professionnelle et gouvernance publique. Il s’achèvera le samedi 10 mai dans la soirée, toujours dans l’enceinte de l’INA.
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