Dans un pays où la culture peine encore à s’imposer comme une priorité budgétaire, le Fonds de promotion culturelle (FPC) poursuit son engagement en faveur de la structuration du secteur artistique. Vingt-deux projets congolais ont ainsi été sélectionnés parmi plus de trois cents candidatures pour bénéficier d’un appui financier, lors d’une cérémonie tenue le 8 mai à Kinshasa. Mais au-delà de l’acte symbolique, c’est une vision qu’imprime l’institution : celle d’une politique culturelle repensée, portée avec rigueur par sa directrice générale, Barbara Mutund Kanam. Artiste aguerrie devenue stratège publique, elle engage le FPC dans une dynamique nouvelle, centrée sur l’impact, la durabilité et la lisibilité de l’action culturelle. Désormais, il ne s’agit plus seulement de distribuer des fonds, mais d’affirmer un cap, de clarifier une mission et d’ériger la culture en levier de développement.
Dans un environnement où les artistes congolais peinent souvent à concrétiser leurs ambitions faute de moyens, le Fonds de promotion culturelle s’affirme comme un levier déterminant pour faire émerger une économie de la culture structurée et durable. Jeudi 8 mai 2025, l’établissement public a procédé, à Kinshasa, à la remise officielle d’un appui financier à vingt-deux porteurs de projets culturels et artistiques, sélectionnés à l’issue d’un appel national.
Face à l’engouement suscité, avec plus de trois cents dossiers déposés, seuls vingt-deux ont été retenus pour ce premier cycle de financement. Le FPC a rappelé à cette occasion les principes qui fondent son action : l’établissement ne finance pas les artistes en tant qu’individus, mais soutient des œuvres et des projets culturels jugés structurants. Cette précision vise à dissiper les malentendus persistants quant à la mission de l’institution, centrée sur la valorisation du travail artistique plutôt que sur l’aide directe aux personnes.
Une sélection marquée par la diversité des disciplines
Organisée dans les locaux du FPC, à Kinshasa, la cérémonie de remise de financement a réuni plusieurs bénéficiaires venus de divers horizons artistiques : musique, théâtre, danse, arts visuels, mais aussi édition et événements culturels. Parmi eux, Anado Kabika, directrice nationale du concours Miss Univers RDC, a reçu un financement pour l’organisation au niveau national de cette compétition internationale.
Ce soutien vise à structurer davantage l’événement et à renforcer la représentation congolaise sur la scène mondiale.
La présence de Barbara Mutund Kanam, directrice générale du FPC, a donné à la cérémonie une dimension symbolique. Artiste de renom et désormais gestionnaire publique, elle incarne une nouvelle génération de responsables culturels, capables de conjuguer vision artistique et sens stratégique. Depuis sa nomination, elle imprime une dynamique plus inclusive à l’institution, en cherchant à ancrer les initiatives dans les réalités sociales et économiques du pays.
Un outil de structuration du secteur culturel
Le programme de financement s’inscrit dans une stratégie de moyen terme visant à encourager la professionnalisation des acteurs culturels et à renforcer la chaîne de valeur de la production artistique. Le FPC, rattaché au ministère de la Culture, finance divers volets : création, diffusion, préservation du patrimoine, édition, cinéma, arts plastiques et vivants. Il soutient également les démarches d’autofinancement des artistes, dans une logique de durabilité.
L’an dernier, le fonds avait lancé une initiative spécifique à destination des femmes artistes, intitulée Art au féminin, à travers laquelle dix-neuf projets portés par des créatrices avaient été soutenus. L’objectif affiché est de faire émerger une scène plus représentative, plus autonome et davantage intégrée dans les dynamiques économiques locales.
Des perspectives d’élargissement
Si seuls vingt-deux projets ont pu être financés pour ce trimestre, les responsables du FPC assurent que d’autres phases de soutien sont prévues dans les mois à venir. À mesure que les ressources le permettent, le fonds entend élargir sa couverture géographique et thématique, afin de toucher les artistes en province et dans des disciplines encore peu soutenues.
Pour certains bénéficiaires, ce premier financement représente un tremplin. C’est le cas de Benjamin Kayombo, chanteur de gospel, qui voit dans cette initiative une traduction concrète de la volonté politique de revaloriser la culture. D’autres appellent déjà à une amplification du programme, afin de ne pas laisser sur le bord du chemin les centaines de projets non retenus.
Au-delà du soutien ponctuel, le FPC ambitionne de devenir un véritable levier de transformation pour les industries culturelles et créatives congolaises. Dans un contexte de relance économique post-crise, le secteur culturel apparaît de plus en plus comme un espace stratégique de création de valeur, d’emploi et de rayonnement pour la République démocratique du Congo.
Pitshou Mulumba